Les représentations genrées dans les dessins animés Disney

Aujourd’hui, je m’éloigne un peu des livres pour enfant pour vous parler des dessins animés de Disney (ou plutôt pour vous donner des ressources qui vous en parlent).

En effet, la toujours chouette émission de radio Ecoute, il y a un éléphant dans le jardin (que j’avais déjà cité ici) a proposé le 2 avril un entretien avec Simon Massei (qu’on peut réécouter, il n’y a qu’à cliquer sur le lien), à propos de son mémoire « L’esquisse du genre. Les longs métrages Disney et leur réception par le jeune public au prisme des rapports sociaux de sexe« .

 

Il y analyse 9 films : Blanche-Neige et les Sept Nains (1937), Cendrillon (1950), La Belle au bois dormant (1959), Aladdin (1992), Pocahontas (1995), Mulan (1998), Atlantide, l’empire perdu (2001), Raiponce (2010) et Rebelle (2012).

Il peut ainsi montrer l’évolution mais aussi les stéréotypes sexistes qui demeurent entre les premiers Disney et les longs-métrages plus récents.

 

Il s’intéresse dans une seconde partie à leur réception par les enfants.

« On souhaiterait insister sur la liberté dont l’enfant fait preuve dans sa relation aux différents supports culturels. Les modèles féminins et masculins proposés par les séries pour adolescents, les albums illustrés ou les dessins animés sont décodés par l’enfant à partir de sa propre expérience, et notamment à partir de ce qu’il a observé dans le cadre d’autres instances de socialisation plus formelles. Cette logique « d’arbitrage » tient au fait que des patterns moraux et comportementaux contradictoires sont en permanence proposés à l’enfant qui, pour férer la dissonance cognitive, doit effectuer des choix. Comme Ann Swidler l’écrit dans Culture in actionla culture ne doit plus être considérée comme un ensemble cohérent mais comme une boîte à outils (tool kit) proposant des répertoires parfois contradictoires à l’enfant dont il se sert en fonction de ses besoins. »

Dans ses entretiens avec 17 enfants, il montre que les enfants ne sont pas entièrement dupes, et qu’ils soulignent souvent la variété des comportements dans la vie réelle :

 » Les enquêtés ont reconnu de grandes différences de caractère et de comportement entre les personnages de dessins animés et les individus réels. L’écart se situe selon eux dans l’invariabilité et l’aspect stéréotypé des manières d’être des princes et des princesses tranchant avec la variété de tempéraments et de pratiques (notamment de pratiques de séduction) qui se rencontrent dans la réalité. »

 

Je ne peux que vous encourager à aller jeter un coup d’oeil au mémoire et à écouter l’émission. Pour une autre analyse des représentations genrées dans les dessins animés, on peut aussi lire les analyses du blog le cinéma est politique. Voici les analyses de quelques uns des films cités dans le mémoire : AladdinPocahontasAtlantide, l’empire perduRaiponce et Rebelle. J’y ajoute le dernier sorti, la reine des neiges, un article sur les pères et les mères, un article sur les méchantes et un article sur les méchants.

Bonne lecture !

 

Edit du 3 avril 2015 :

Mi-kids mi-raisin analyse les stéréotypes de plusieurs dessins animés.

Il est également intéressant de se pencher sur la morphologie des héroïnes de dessin animées. On trouve un article d’analyse ici, un article où les héroïnes sont redessinées avec des morphologies « normales » et enfin un article en anglais qui souligne que les hommes sont surdimentionnés par rapport aux femmes.

 

Edit du 30 janvier 2016 :

Deux linguistes ont étudié la prise de paroles des hommes et des femmes dans des dessins animés disney avec des princesses. Une conclusion : ce sont les hommes qui ont l’essentiel de la parole. Plusieurs articles sur le sujet : les nouvelles news (abonné), slateActualittél’express.