Romans

Les femmes scientifiques dans la littérature jeunesse

Après les femmes artistes, j’avais envie de vous parler de femmes scientifiques.

Si on tape « dessin de scientifique » sur google, on trouvera quasiment uniquement des hommes. Encore plus si c’est un « professeur ».

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Alors apportons un peu de diversité dans les représentations. Proposons des femmes scientifiques dans les livres pour enfants, découvrons d’autres femmes que Marie Curie, toujours donnée en exemple, et souvent la seule femme dans des livres sur les sciences. Il y en a souvent quelques unes dans les livres de portraits de femmes, mais je vais me pencher ici sur les livres spécifiquement centrés sur les scientifiques. 

 

Les recueils :

inventrices et leurs inventionsInventrices-Inventions-1

  Les inventrices et leurs inventions d’Aitzibier Lopez et Luciano Lozano (éditions des éléphants, 2019).

Dans ce livre au format album accessible dès 5-6 ans, on trouve des portraits d’inventrices qui « ont révolutionné notre quotidien, en inventant une multitude d’objets devenus indispensables : couches jetables, lave-vaisselle, mais aussi essuie-glaces ou périscope… ». En se concentrant sur les inventions du quotidien, le choix des femmes qu’on y découvre est différent de la plupart des autres livres sur la question, cela apporte une variété bienvenue !

 

Capture d’écran 2021-05-31 à 10.21.53femmes de science poulpe fiction

Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin (Poulpe Fiction, 2021)

La collection 100% bio de chez Poulpe fiction a pour projet de proposer des biographies dynamiques et facilement lisibles par les (pré)ados. Le 7e tome est consacré aux femmes scientifiques. « Excédée par les propos de Clément, son frère qui affirme que les femmes ne sont pas faites pour les sciences, Louise relate avec humour la vie de 25 grandes scientifiques : Marie Curie, Jocelyn Bell, Emilie du Châtelet, Rosalind Franklin ou encore Jane Goodall. » Le ton est moderne et accrocheur. A partir de 10 ans environ.  

 

femmes de scienceFemmes de science, à la rencontre de 14 chercheuses d’hier et d’aujourd’hui d’Annabelle Kremer-Lecointre (La Martinière Jeunesse, 2021)

Ce documentaire à destination des ados présente sous forme d’interview (souvent fictives) le parcours de femmes scientifiques. Il est richement illustré et plusieurs pages mettent en contexte les découvertes et la vie de ces chercheuses. Son intérêt principal est de présenter des figures historiques mais aussi des portraits de chercheuses françaises contemporaines.  A partir de 12-13 ans. 

 

women in science

mary anning women in science

Women in science, 50 fearless pioneers who change the world de Rachel Ignotofsky (Ten Speed, 2016)

Ce livre n’a malheureusement pas été traduit en français. D’habitude, je ne publie pas de livres en anglais, parce que je le lis très mal, et que j’ai déjà du mal à suivre la production éditoriale française, mais j’en ai entendu beaucoup de bien, en particulier de la part de Sophie en qui j’ai toute confiance sur le sujet. 

 

Enfin, ce n’est pas un livre mais une ressource intéressante pour les plus grand·es, lycéen·nes et étudiantes, le site de l’association femmes et sciences qui a pour objectif de « promouvoir et de valoriser les carrières scientifiques et techniques auprès des jeunes filles et des jeunes femmes, de promouvoir et de valoriser les femmes dans les carrières scientifiques et techniques » est très riche et propose entre autres une brochure avec « 40 femmes scientifiques remarquables du XVIIIe siècle à nos jours »

 

Marie Curie :

Comme Frida Kahlo pour les artistes, Marie Curie est LA femme scientifique qu’on trouve systématiquement mise en avant, parfois au détriment des autres. Elle est dans tous les livres sur les portraits de scientifiques ou presque, souvent la seule femme ou quasiment.

Extrait de Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin

Extrait de Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin

On trouve 44 notices à son nom en littérature jeunesse dans Electre, logiciel professionnel des libraires et bibliothécaires. Quand on peine souvent à trouver un ou deux livres sur d’autres femmes. Je vous propose donc une sélection par âge approximatif. 

Marie curie petite & grande

Marie Curie d’Isabel Sanchez Vegara et Frau Isa, collection petite & grande (Kimane, 2018). Cette collection, qui présente de nombreux portraits de femmes (on retrouvera Ada Lovelace un peu plus bas) se présente comme un album, accessible aux enfants dès 3-4 ans. Une grande douceur dans les illustrations pour une première approche. 

 

marie curie odyssées

Le génial podcast pour enfants « les odyssées » consacre pas moins de trois épisodes à Marie Curie ! C’est vivant, prenant et très chouette à écouter en famille. « Voici l’odyssée d’une des femmes les plus épatantes qu’ait connue l’histoire, si bien qu’elle a changé le monde grâce à ses incroyables découvertes scientifiques ! Tenez-vous prêts à pénétrer dans le laboratoire de Marie Curie où nous allons assister à de folles expériences. Marie ne veut qu’une chose : réaliser son rêve, devenir une femme de sciences ! »

Marie Curie Bayard

L’incroyable destin de Marie Curie, qui découvrit la radioactivité de Pascale Hédelin et Capucine (Bayard Jeunesse, 2018)

Cette collection propose des portraits de scientifiques dans un format « roman première lecture » à partir de 8 ans. On y trouve également quelques pages documentaires sur le contexte de l’époque et les découvertes scientifiques et leurs conséquences. 

Marie Curie grandes vies GallimardMarie Curie d’Isabel Thomas et Anke Weckmann, collection « les grandes vies » (Gallimard jeunesse, 2018)

Un documentaire petit format aux illustrations mignonnes, mais aux explications quand même assez pointues et complètes. J’y ai découvert beaucoup de choses quand je l’ai lu avec les enfants. A partir de 8-9 ans. 

 

marie curie belinLe journal de Marie Curie de Gertrude Dordor et Daphnée Collignon (Belin Jeunesse, 2020). Chez un éditeur pédagogique et scolaire, la vie de Marie Curie sous la forme d’un journal de bord, de son enfance en Pologne jusqu’à ses prix Nobel et son engagement pendant la Première Guerre mondiale. Un roman illustré indiqué à partir de 9 ans. 

 

 

Marie curie ceux qui ont dit non

Marie Curie, non au découragement d’Elisabeth Motsch, collection « ceux qui ont dit non » (Actes Sud Junior, 2016). 

Dans la chouette collection « ceux qui ont dit non » dont je parlais ici, un court roman biographique qui est centré sur sa lutte pour se faire une place dans le milieu scientifique, malgré les cabales et le dénigrement constant des milieux traditionnels. A partir de 12 ans environ. 

 

marie et bronia

Marie et Bronia de Natacha Henry (Albin Michel Jeunesse, 2017). Existe aussi au format poche (le livre de poche jeunesse, 2019) et en livre audio (Audiolib, 2019). « En Pologne, suite à la mort de leur mère, Marie Curie et sa soeur Bronia décident de tout faire pour aller à l’université afin de réaliser leurs rêves, devenir chimiste et médecin. Mais les femmes n’y étant pas admises, elles font alors un pacte : Bronia part la première faire des études de médecine à Paris et, une fois installée, fait venir Marie pour que celle-ci suive des études à son tour. » Ce roman ado, donc, accorde beaucoup de places aux années de formation et souligne l’importance du soutien familial de Marie Curie, son père et le lien avec sa soeur Bronia. La seconde prend autant de place que la première et c’est intéressant de découvrir cette femme médecin, engagée et militante. Cependant, j’ai trouvé qu’il accordait un peu trop d’importance aux histoires d’amour par rapport aux recherches scientifiques des deux femmes. A partir de 12-13 ans. 

Vous pouvez aussi retrouver la vie de Marie Curie en BD, chez Faton (Marie Curie, la scientifique aux deux prix Nobel de Céka et Yigaël) ou chez Bayard (Marie Curie en BD d’Agnieska Biskup et Sonia Leong), une petite biographie dans la collection quelle histoire qui a été adaptée en courte vidéo disponible sur youtube, un petit roman policier qui met en scène deux enfants qui viennent en aide à Marie Curie (Menaces sur le trésor de Marie Curie d’Emmanuelle Kecir-Lepetit, Le Pommier, 2017), une biographie romancée pour ados de Xavier-Laurent Petit (Marie Curie, elle a découvert l’énergie nucléaire, école des loisirs, 2016). Et enfin, elle prend une place importante dans le film d’animation Dilili à Paris de Michel Ocelot (2018), parmi d’autres femmes ayant réellement existé, où elle vient en aide à l’héroïne. 

 

Les portraits d’autres femmes scientifiques :

Marie Curie prend une place énorme. Elle a tendance à être l’arbre qui cache la forêt, donc il me tenait à coeur de mettre en avant d’autres scientifiques, dont beaucoup que j’ai découvertes moi-même grâce à ces ouvrages à destination de la jeunesse. 

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Ces affiches sont téléchargeables gratuitement sur le site d’Elise Gravel et la première existe aussi en version à colorier

 

Je vous les présente par ordre chronologique approximatif. 

Hypathie d’Alexandrie (entre 355 et 270-415), philosophe, astronome et mathématicienne

hypatiaHypatia d’Arnulf Zitelmann, (école des loisirs, 1991)

Roman biographique de la philosophe et mathématicienne de l’Antiquité tardive. A partir de 12 ans environ.

 

Emilie du Châtelet (1706-1749), femme de lettres, mathématicienne et physicienne

passions d'emilieLes passions d’Emilie, la marquise du châtelet, une femme d’exception d’Elisabeth Badinter et Jacqueline Duhême (Gallimard jeunesse, 2006, épuisé)

Un album à partir de 6 ans. 

J’ai hésité à le mettre parce qu’il est épuisé, mais je n’ai rien trouvé d’autre sur Emilie du Châtelet et j’avais envie qu’elle figure dans cette liste. Vous le trouverez sans doute en bibliothèque. 

Sophie Germain (1776-1831), mathématicienne

rien n'arrête sophie

Rien n’arrête Sophie, l’histoire de l’inébranlable mathématicienne Sophie Germain de Cheryl Bardoe et Barbara McClintock (éditions des éléphants, 2018)

Un album biographique accessible dès 4 ou 5 ans, qui montre autant dans le texte que dans l’illustration que le langage mathématique peut être un poème, qui souligne le courage et l’obstination de Sophie Germain pour s’imposer dans un monde d’hommes et qui présente de manière simple et accessible ses découvertes. Sophie en parle ici. Etonnant que cette biographie d’une scientifique française soit une traduction d’un livre américain !

sophie germain la femme cachée des mathématiquesSophie Germain, la femme caché des mathématiques de Sylvie Dodeller et Julien Billaudeau (école des loisirs, 2020) 

Un roman biographique à partir de 12 ans. 

L’écriture de ce roman a provoqué chez Sylvie Dodeller des interrogations sur la place des femmes dans la science, et a créé un podcast, « Sophie Germain project« , une émission qui parle de la place des femmes dans les sciences. Pourquoi y a t-il si peu de filles dans les filières scientifiques comme les maths, la physique ou l’informatique ? Qu’est-ce qui les freine ? Comment les inciter à y aller ? Qu’est-ce que l’effet Matilda ? Pourquoi des scientifiques comme Sophie Germain, Ada Lovelace ou Lise Meitner ont-elles été oubliées, invisibilisées ? Des chercheur.e.s en histoire des sciences, histoire de l’éducation, sociologues et spécialistes du genre répondent à toutes ces questions et à bien d’autres au micro de Sylvie Dodeller.

Ada Lovelace (1815-1852), pionnière de la science informatique

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Ada Lovelace de Maria Isabel Sanchez Vegara et Zafouko Yamamoto dans la collection Petite & Grande (Kimane, 2020)

Un album accessible dès 4 ans. 

 

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Opération Lovelace d’Emmanuelle Kécir-Lepetit (Le Pommier, 2018)

Dans la collection « les savantissimes », des petits romans à partir de 9 ans qui mettent en scène des enfants qui viennent en aide à des grands scientifiques. On me souffle cependant à l’oreille qu’ils sont souvent plus didactiques que romanesques… 

Voilà le résumé de celui-ci : Hiver 2025 : un virus géant a attaqué les systèmes informatiques occidentaux. Plus rien ne fonctionne. Au Pentagone, des experts internationaux tentent de trouver une solution, le Professeur Holmes est consulté. Selon lui il n’y a qu’une solution : revenir en arrière et réparer le mal à la source en empêchant l’invention de l’informatique, cause de tous leurs soucis. Un programme secret du département de défense américain, baptisé « Lovelace », permettrait de voyager dans le temps et de se transporter en 1943 à l’université de Philadelphie, où a été construit le premier ordinateur. Nancy, une jeune fille de 12 ans, après avoir franchi un tunnel spatio-temporel, se retrouve propulsée à Londres, début juillet 1843. Le programme s’est trompé de 100 ans… Elle rencontre Oliver, un autre enfant, mais surtout Ada Lovelace, pionnière du langage informatique et Charles Babbage inventeur de la machine à différence. Entre passé et futur, les aventures seront nombreuses et les deux enfants découvriront la vie et les recherches d’Ada Lovelace, mathématicienne et première programmeuse informatique, discipline apparue au milieu du 20ème siècle…

A noter qu’un titre lui avait déjà été consacré dès 1998, Ada de Lovelace et la programmation informatique de Jean-Paul Soyer (Sorbier, 1998, épuisé)

Sophie Kovaleskaia (1850-1891), mathématicienne

Un épisode du podcast « Sophie Germain Project » dont j’ai parlé un peu plus haut lui est consacré : « la mathématicienne Sophie Kovaleskaia, portrait d’une aventurière« , accessible aux ados. 

Joan Procter (1897-1931), herpétologue

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Joan Procter, la femme qui aimait les reptiles de Patricia Valdez et Felicita Sala (Cambourakis, 2018)

Un très bel album qui raconte la vie de cette spécialiste des reptiles, qui s’est en particulier occupée des dragons de Komodo du zoo de Londres. C’est cet album qui a donné envie à mon fils, passionné par les reptiles, de devenir herpétologue. 

 

Anita Conti (1899-1997), océanographe

Dans la collection « l’incroyable destin » qui a déjà publié les biographies de Marie Curie, Katherine Johnson et Dian Fossey va paraître en septembre 2021 l’incroyable destin d’Anita Conti de Fleur Daugey et Laura Pérez. 

Katherine Johnson (1918-2000), physicienne, mathématicienne et ingénieure spatiale :

Katherine Johnson nasaL’incroyable destin de Katherine Johnson, mathématicienne de génie à la Nasa de Pascale Hédelin et Javi Rey (Bayard, 2020)

Un petit roman avec des pages documentaires, à partir de 8-9 ans. 

 

 

combien de pas jusqu'à la lune

Combien de pas jusqu’à la lune de Carole Trébor (Albin Michel Jeunesse, 2019)

Un roman pour ados très chouette (malgré quelques longueurs) qui insiste surtout sur son enfance et ses années de formation, sa passion pour les mathématiques partagée avec son père et qui reste un lien entre eux, les discriminations et le racisme auquel elle doit faire face. A partir de 12-13 ans. 

 

figures de l'ombreLe film de Theodore Melfi, les figures de l’ombre (2016) met en avant trois scientifiques noires ayant travaillé pour la Nasa, Katherine Johnson, mais aussi Dorothy Vaughan (qui devient responsable du département de calculs informatiques de la NASA) et Mary Jackson (première Afro-Américaine ingénieure en aéronautique). Ce film a joué un rôle important dans la mise en avant de ces femmes qui avaient été invisibilisées. Si ce n’est pas à proprement parler un film pour les enfants, il peut parfaitement être vu avec des ados.  

 

Rachel Carson (1907-1964), biologiste marine et militante écologiste

rachel carsonRachel Carson, non à la destruction de la nature d’Isabelle Collombat, dans la collection ceux qui ont dit non (Actes Sud Junior, 2021). Ce court roman parle de sa carrière scientifique, mais aussi de son engagement écologiste, dénonçant l’empoisonnement de la planète par l’industrie chimique, les pesticides et tout ce qui se déverse dans la nature. C’est le second roman de cette collection consacré à une scientifique, après celui sur Marie Curie présenté un peu plus haut. Pour ados à partir de 12 ans. 

 

Dian Fossey (née en 1932), primatologue

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Dian Fossey d’Isabel Sanchez-Vegara et Alessandra De Cristofaro dans la collection Petite & Grande (Kimane, 2018)

Dès 4 ans. 

 

 

dian fossey bayardL’incroyable destin de Dian Fossey, une vie à étudier les gorilles de Jean-Baptiste de Panafieu et Claire de Gastold (Bayard Jeunesse, 2019).

A partir de 8-9 ans. Dans la même collection, on trouve également Marie Curie et Katherine Johnson. Cela fait donc 1/3 de femmes dans la collection, ce qui est plus que ce que l’on trouve en général…

 

dian fossey a dos d'ane

Dian Fossey, l’ange gardien des gorilles de Brigitte Hache et Hypathie Aswang (A dos d’âne, 2020)

A partir de 8 ans. Une partie récit et un dossier documentaire.

Cet éditeur propose de nombreuses biographies, de personnes engagées, de scientifiques, d’artistes, etc. Mais leurs livres sont malheureusement rapidement épuisés, ce qui explique que je ne les ai pas plus cité dans mes articles. 

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Une bande dessinée accessible dès 7 ans qui présente le travail et les observations des grands singes de Jane Goodall (chimpanzés), Diane Fossey (gorilles) et Biruté Galdikas (orang-outang). 

 

Jane Goodall (née en 1934), éthologue, spécialiste des chimpanzés

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La petite fille aux singes, l’enfance incroyable de Jane Goodall de Patrick McDonnell (De la marinière jeunesse, 2013)

Cet album accessible dès 4 ans, met en scène l’enfance de Jane Goodall, passionnée par la nature, l’observation des petites bêtes de son jardin, sa passion pour l’Afrique, dès l’enfance. L’album s’achève sur une photographie de Jane Goodall adulte, qui a réalisé son rêve d’enfance. On y trouve des dessins d’enfance de Jane, quand elle était à la tête de la « Société des Alligators », des gravures naturalistes et le dessin très doux de Patrick MacDonnell. Un album très émouvant, un coup de coeur pour moi. 

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Jane Goodall de Noémie Arnaud (Quelle histoire, 2020)

Dans cette collection de biographies, à partir de 6 ans, un portrait de Jane Goodall. A petit prix (5 euros). Ils en ont fait une vidéo visible ici

 

 

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Le super podcast les Odyssées consacre deux épisodes à Jane Goodall. C’est par ces épisodes que nous avons découvert ce podcast, et mes enfants se sont passionnés pour cette histoire. A partir de 5-6 ans.

 

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Une bande dessinée accessible dès 7 ans qui présente le travail et les observations des grands singes de Jane Goodall, Diane Fossey et Biruté Galdikas. 

 

 

 

ma vie avec les chimpanzés

Ma vie avec les chimpanzés de Jane Goodall (école des loisirs, 1e édition 1989,  réédité en juin 2021)

Jane Goodall a elle-même écrit une autobiographie pour les ados à partir de 11 ans où elle raconte son parcours depuis les petits boulots de Bournemouth jusqu’à la réserve de Gombe et sa rencontre avec les chimpanzés.

 

 

 

Un film documentaire, Jane, a été réalisé en 2018 par le National Geographic, à partir d’images d’archives. Je ne sais pas si le film entier est adapté aux enfants, mais en tout cas on peut regarder avec eux quelques extraits visibles sur Youtube, ici ou par exemple. 

Un titre consacré à Jane Goodall existe également dans la collection Petite & Grande aux éditions la courte échelle (Jane Goodall de Maria Isabel Sanchez Vegara et Beatrice Cerocchi, Courte échelle, 2019). Ce sont des éditions canadiennes. En attendant que le titre soit peut être repris chez Kimane, il semble qu’il est distribué en France. 

 

Biruté Galdikas (née en 1946), primatologue

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Dans ce livre déjà cité plus haut pour Dian Fossey et Jane Goodall, on découvre les recherches de Biruté Galdikas sur les orang-outangs. 

 

Les fictions autour des filles et de la science :

J’avais envie de vous parler ici de livres qui ne mettent pas en scène des scientifiques ayant réellement existé, mais qui utilisent la fiction pour présenter des procédés scientifiques, pour parler de la place des femmes en science. 

comment fabriquer grand frèreComment fabriquer son grand frère ? un livre d’anatomie et de bricolage d’Anais Vaugelade (école des loisirs, 2016)

Dans cet album très grand format, Zuza, héroïne récurrente d’Anais Vaugelade, a décidé de se fabriquer un grand frère. C’est donc le prétexte d’un documentaire sur le corps humain et ce qui le compose, mais aussi, je trouve, une bonne première approche de la méthode scientifique : Zuza expérimente, rate, recommence, fait des recherches pour comprendre pourquoi elle s’est trompée. Et la science est également présenté comme un travail d’équipe puisqu’elle est aidée du crocodile et de ses jouets. 

L’éditeur le conseille à partir de 7 ans mais mon fils s’est passionné pour ce livre dès 3 ans 1/2 (et a joué à la rotule et à la cupule pendant des semaines). 

effet matildaL’effet Matilda d’Ellie Irving (Castelmore, 2017). Existe aussi en version adaptée aux dyslexiques (Castelmore, 2018). A partir de 10 ans. 

Matilda, douze ans, adore les sciences ! Ses héros sont Léonard de Vinci et Marie Curie, et elle passe son temps à imaginer et à fabriquer des inventions géniales. Elle est donc stupéfaite d’apprendre que sa grand-mère était une astrophysicienne, et qu’elle a autrefois découvert une planète ! Mais son odieux chef le professeur Smocks s’est attribué cette extraordinaire trouvaille… Pour Matilda, il est hors de question de le laisser s’en tirer et gagner un prix Nobel. Elle fera éclater la vérité ! Elle n’a que deux jours pour embarquer Mamie Joss dans un voyage loufoque et épique jusqu’en Suède… 

Avec ce jeu de mot, ce roman évoque un souci très réel en sciences, l’effet matilda, qui désigne désigne le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins (on en parle souvent pour les scientifiques Rosalind Franklin ou Lise Meitner). La grand-mère de Matilda est inspirée de Jocelyn Bell, connue pour sa découverte du premier pulsar, pour laquelle c’est son directeur de thèse Antony Hewish qui obtient le prix Nobel.

Une chouette présentation de ce roman par Lucie Kosmala ici

Je tiens cependant à indiquer que Castelmore appartient aux éditions Bragelonne dont le directeur de publication et le cofondateur, Stephane Marsan, est accusé de « remarques et de gestes inappropriés, à connotation sexuelle, dans un cadre professionnel« . Plusieurs autrices ont demandé une enquête interne, sans suite à ce jour, à ma connaissance.  

calpurniaCalpurnia de Jacqueline Kelly (école des loisirs, 2013). 

Calpurnia Tate a onze ans. Dans la chaleur de l’été, elle s’interroge sur le comportement des animaux autour d’elle. Elle étudie les sauterelles, les lucioles, les fourmis, les opossums.
Aidée de son grand-père, un naturaliste fantasque et imprévisible, elle note dans son carnet d’observation tout ce qu’elle voit et se pose mille questions. Pourquoi, par exemple, les chiens ont-ils des sourcils ? Comment se fait-il que les grandes sauterelles soient jaunes, et les petites, vertes ? Et à quoi sert une bibliothèque si on n’y prête pas de livres ?
On est dans le comté de Caldwell, au Texas, en 1899. Tout en développant son esprit scientifique, Calpurnia partage avec son grand-père les enthousiasmes et les doutes quant à ses découvertes, elle affirme sa personnalité au milieu de ses six frères et se confronte aux difficultés d’être une jeune fille à l’aube du XXe siècle. Apprendre la cuisine, la couture et les bonnes manières, comme il se doit, ou se laisser porter par sa curiosité insatiable ? Et si la science pouvait ouvrir un chemin vers la liberté ?

Un roman ado (à partir de 11-12 ans) qui a reçu le prix sorcière en 2014 et dont je n’ai entendu que du bien. L’autrice l’a également déclinée en série pour les plus jeunes (Calpurnia, apprentie vétérinaire), à partir de 8 ans. Et le roman a également été adapté en BD, chez Rue de Sèvre, par Daphné Collignon. 

 

Et en sciences humaines ? 

Jusque là on a parlé de sciences dites dures. Mais trouve-t-on des livres sur les chercheuses en sciences humaines ? Alors là, c’est le désert quasi absolu. A moins que des références m’aient échappées.

J’ai trouvé deux livres de la collection « les petits Platons » (collection qui fait découvrir les grand·es philosophies aux enfants à partir de 9 ans) sur des femmes philosophes. La première, c’est la politologue et philosophe Hannah Arendt (1906-1975)

petit théâtre de Hannah Arendt

Le petit théâtre de Hannah Arendt, raconté par Marion Muller-Colard et illustré par Clémence Pollet (les petits Platons, 2014)

En 1975 alors qu’elle travaille à La vie de l’esprit, Hannah Arendt reçoit la visite de la petite fille qu’elle a été. La petite Hannah la suppliant de lui raconter une histoire, elles investissent toutes les deux une scène de théâtre et convoquent Aristote pour écouter son enseignement sur l’espace public et la Cité.

Un autre livre est consacré à Hannah Arendt aux éditions A dois d’âne, mais il est épuisé : Hannah Arendt transforme le monde de Yan Marchand et Anastassia Elias (A dos d’âne, 2017)

La seconde, c’est la philosophe et théologienne Edith Stein (1891-1944)

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Le secret d’Edith Stein raconté par Marguerite Léna et Bénédicte Bouillot et illustré par Anne-Lise Boutin (Les petits Platons, 2016)

Edith Stein explore un mystérieux château qui n’est autre que son propre pays intérieur. Une invitation à découvrir la pensée de la phénoménologue à destination des enfants.

 

Si je n’ai pas trouvé de livres consacrés à des femmes chercheuses en sciences humaines, certaines d’entre elles ont elles-mêmes publié pour la jeunesse. Malheureusement les livres que j’ai repéré sont souvent épuisés…

histoire des femmesMichelle Perrot (née en 1928) , historienne, a répondu aux questions de deux collégiennes dans il était une fois… l’histoire des femmes : Michelle Perrot répond aux questions d’Heloïse et Oriane (Lunes, 2001). 

Voici donc une discussion entre deux jeunes adolescentes et Michelle Perrot, professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université Paris VIII, réputée pour ses ouvrages et son combat en faveur de l’histoire des femmes. Ici, Michelle Perrot, en grande pédagogue, se prête volontiers aux questions des deux jeunes filles, à leurs interrogations actuelles sur le sport, les métiers ou encore les top-models. L’universitaire apporte des réponses simples et surtout resitue ce long combat et la place des femmes dans notre société actuelle.

héritier différence des sexesFrançoise Héritier (1933-2017) , anthropologue, au publié chez Bayard Jeunesse en 2010 un livre intitulé la différence des sexes destiné aux ados. Ce titre est désormais épuisé, mais il a été réédité en 2019, cette fois dans une collection pour adultes, avec le résumé suivant : C’est en fait un condensé de son oeuvre, accessible à tous, que Françoise Héritier nous offre ici. Les différences objectives entre les sexes entraînent-elles des différences d’aptitudes, des différences dans le domaine juridique, professionnel, et la domination d’un sexe sur l’autre ? Ses différences sont-elles naturelles ou culturelles ? Une leçon limpide sur l’égalité entre hommes et femmes, loin d’être acquise dans le monde et même dans nos sociétés. Je le mets quand même ici, puisqu’il a été conçu pour les ados à l’origine. Mais il démontre quelque chose dont je suis persuadée depuis longtemps : les documentaires pour enfants et ados sont aussi une excellente porte d’entrée pour les adultes qui veulent aborder un domaine qu’ils ne connaissent pas bien. 

pourquoi les richesMonique Pinçon-Charlot (née en 1946), sociologue, a écrit avec son mari Michel, pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvre ?, un documentaire pour les enfants à partir de 9-10 ans illustré par Etienne Lécroart et publié aux éditions La ville brûle (1e édition 2014, réédité dans une version enrichie en 2018) : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social. Cette opération de dévoilement permettra aux jeunes (et aux moins jeunes) lecteurs de dépasser le stade du ressenti pour accéder à la compréhension des déterminismes sociaux qui entrent en jeu : les riches, les pauvres oui, c’est injuste… mais pas seulement ! Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? s’attaque aux mécanismes de la domination sociale. Qu’est-ce qu’une classe sociale ? À quoi reconnaît-on les riches ? Que font-ils avec leur argent et pourquoi ne le partagent-ils pas avec ceux qui manquent de tout ? A-t-on besoin des riches ? 20 questions pour rendre compte d’une réalité sociale complexe sont croquées ici avec finesse et humour par l’illustrateur Étienne Lécroart. 

 

Voilà qui vous donne un peu de lecture ! N’hésitez pas à donner en commentaire des titres que j’aurais oublié ou pas trouvé, j’ai essayé d’être exhaustive, mais ce n’est pas simple !

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Les femmes dans l’histoire de l’art (et la littérature jeunesse)

Vous connaissez sans doute cette image qui concerne les collections du Met de New York.

guerrilla girls

Eh bien on peut faire à peu près la même constatation dans les rayons art en littérature jeunesse (on y trouvera sans doute moins de femmes nues, mais c’est une autre question). J’ai d’ailleurs fait le constat dans la bibliothèque où je travaille. Quand je suis arrivée, TOUTES les monographies sur les artistes concernaient des hommes. 

Autre exemple, dans le centre Pompidou, musée national d’art moderne de la collectioncentre pompidou 1eres découvertes « mes premières découvertes », TOUTES les oeuvres reproduites avaient été créées par des hommes. Les seules femmes présentes sont celles qui ont créé une des toiles de Klein en se roulant dans la peinture. Et je cite celui-là parce qu’une amie l’avait remarqué, mais c’est le cas dans beaucoup de titres de ce genre, d’imagiers d’art ou de collections de découvertes. Les femmes artistes, créatrices, sont trop souvent absentes ou invisibilisées. 

Alors voilà de quoi diversifier un peu vos rayons art, en profitant d’un certain renouveau éditorial sur la question : la plupart des documentaires cités ont moins de cinq ans. 

Mais avant de parler de documentaires sur l’art, je voulais parler de deux albums que j’aime beaucoup, de Claire Cantais, Victoire s’entête (atelier du poisson soluble, 2006) et Votez Victorine (atelier du poisson soluble 2016).

Dans ces albums, Claire Cantais (l’illustratrice du ‘premier manifeste antisexiste’, Ni poupées, ni super-héros ! ) mêle oeuvres d’arts des collections du Louvre pour le premier, du musée d’Orsay pour le second et collages de papiers pour proposer des fictions. Si les oeuvres sont (très) majoritairement des oeuvres d’hommes, les histoires mettent en scène des héroïnes qui sortent de l’ordinaire.

Dans le premier, qui reprend la structure d’un conte, Victoire n’a pas de tête. Son père offre sa main à l’homme qui trouvera la tête qui lui convient. Tous les hommes qui arrivent lui proposent non pas des têtes qui lui conviennent à elle, mais des têtes qui leur ressemblent à eux. Jusqu’à ce qu’arrive un homme qui se demande ce dont elle a réellement besoin…

Dans le second, Victorine vit la vie ennuyeuse des jeunes filles de bonne famille. Jusqu’au jour où ses cousins lui font une vilaine farce et la laissent seule et nue dans la nature. Ca va être le début d’aventures rocambolesques qui vont la conduire jusqu’aux plus hautes fonctions de l’État !

Un gros coup de coeur pour ces deux albums !

Mais revenons aux documentaires. Ces dernières années, plusieurs livres et projets ont été consacrées aux femmes artistes. (je me concentre sur la jeunesse, mais on retrouve le même phénomène dans les livres pour adultes).

Femmes peintres : elles ont marqué l’histoire de l’art de Sandrine Andrews (Palette, 2018) s’adresse aux enfants à partir de 9 ans. Voilà son résumé par l’éditeur :

Parmi les artistes clés de l’histoire de l’art, peu de femmes sont citées. Elles sont pourtant bien présentes sur la scène artistique, et ce dès le XVe siècle ! Leur influence et leur rayonnement restent encore trop peu mentionnés. Mais à qui doit-on le premier portrait de femme noire comme allégorie de la liberté ? Qui est la véritable pionnière de l’art abstrait ? Cet ouvrage dresse le portrait de douze peintres, injustement oubliées ou peu reconnues. Les artistes à découvrir : Artemisia Gentileschi, Élisabeth-Louise Vigée Le Brun, Marie-Guillemine Benoist, Rosa Bonheur, Berthe Morisot, Paula Modersohn-Becker, Hilma af Klint, Séraphine de Senlis, Frida Kahlo, Sophie Taeuber-Arp, Sonia Delaunay et Marlene Dumas

Chez le même éditeur, Femmes artistes de Mélanie Gentil (Palette, 2017) s’adresse à des plus grands, ados et adultes. Voilà le résumé :

Si les femmes sont extrêmement présentes dans l’art occidental en tant que personnages figurés, force est de constater qu’elles le sont beaucoup moins en tant qu’artistes. L’image sociale de la femme peintre, sculptrice ou photographe fut longtemps déconsidérée. Pour faire tomber ces obstacles, il a fallu des combats politiques et esthétiques, marqués par un féminisme à la fois courageux et créatif. Découvrez dans cet ouvrage des personnalités singulières et très fortes dans l’adversité comme Sonia Delaunay, Frida Kahlo, Niki de Saint Phalle ou plus récemment Shadi Ghadirian.

La chouette revue d’art Dada a consacré son numéro de novembre 2020 aux artistes femmes (mais notons que le magazine n’a consacré que 4 monographies à des femmes artistes en dehors de ce numéro, sur 126 numéros).

Et les femmes artistes, on n’en parle pas que dans les livres !

Petites histoires de grandes artistes, ce sont des vidéos d’animation ludiques et éducatives, à partir de 7 ans; « L’objectif de chaque épisode ? Faire découvrir en 3 min la vie et l’œuvre d’une artiste femme du XXe siècle. Imaginé par la scénariste Sophie Caron, chaque récit transmet l’originalité d’une démarche, son importance au sein d’un courant artistique, certains épisodes biographiques déterminants ainsi que les difficultés que l’artiste aura pu rencontrer dans l’exercice de sa pratique. » Le ton est (peut être un peu trop) didactique. On y croise des figures connues (Camille Claudel) mais aussi des artistes que j’ai personnellement découvertes comme Tarsila do Amaral. Elles sont produites par AWARE, association qui a pour objectif de « réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire ».

Enfin, même s’il s’adresse à un public adulte, je voulais quand même citer le MOOC « elles font l’art » du centre Pompidou sur les femmes artistes de 1900 à nos jours, avec des illustrations de Pénélope Bagieu. Il est peut être accessible aux ados ?

Je parlais de l’invisibilisation des femmes artistes, ce n’est pas tout à fait vrai. L’une d’entre elle se détache, est visible. C’est Frida Kahlo.

Les deux Frida

L’artiste mexicaine est une des rares à être régulièrement évoquée dans la littérature jeunesse depuis de nombreuses années (dans la lignée du film de 2003 ?). Elle est aussi dans quasiment tous les livres de “portraits de femmes”. Et ce n’est pas le cas seulement dans les livres. Il y a un marketing énorme autour de cette artiste qui touche aussi les enfants : Barbie Frida Kahlo, carnets, vêtements pour enfants… et même masques depuis le début de la pandémie. Cette exploitation marketing gomme l’engagement politique de cette femme, son handicap, et même très souvent son art, puisqu’on ne montre presque jamais ses tableaux mais toujours un portrait un peu fantasmé. Cette surreprésentation a un fort effet « arbre qui cache la forêt » : il y a une artiste connue, mais si vous voyez on parle des femmes artistes on a un livre sur Frida Kahlo dans notre collection… (on retrouve d’ailleurs cela avec les femmes scientifiques et la figure de Marie Curie)

Ca n’empêche pas que la production de livres autour de cette artiste soit très intéressante. Je vous propose donc une sélection (contrairement aux autres parties de l’article, je n’ai pas cherché à être exhaustive). D’abord, des albums, qui se sont inspirées de la vie et/ou de l’oeuvre de Frida Kahlo pour en proposer une lecture personnelle.

A la recherche de Frida Kahlo, de Catherine Ingram et Laura Callaghan (éditions du centre Pompidou, 2020). Un livre jeu à partir de 5-6 ans, un cherche et trouve dans l’esprit de où est Charlie ? 

Frida Kahlo et ses animaux de Monica Brown et John Parra (Versant Sud, 2019). Album biographique à partir de 4 ans. Ce livre raconte l’histoire de Frida Kahlo et celle de deux singes, d’un perroquet, de trois chiens, de deux dindes, d’un aigle, d’un chat noir et d’un faon.

Des pinceaux pour Frida de Véronique Massenot et Elise Mansot (l’élan vert, 2021), de la collection « Pont des Arts » qui a pour but de faire découvrir l’art par la fiction.

Petite Frida d’Anthony Browne (Kaléidoscope, 2019). Album à partir de 6 ans Une fillette solitaire… Une amitié magique… Voici l’histoire vraie d’une rencontre : celle de Frida Kahlo avec l’amie imaginaire qui l’a accompagnée et inspirée toute sa vie. À travers d’étonnants tableaux, Anthony Browne dresse un portrait très personnel de la petite Frida, avant qu’elle devienne l’une des artistes les plus célèbres au monde.

Frida de Sebastien Pérez et Benjamin Lacombe (Albin Michel Jeunesse, 2016). Album à partir de 9 ans. L’une des plus grandes figures de l’art mexicain du XXe siècle inspire Benjamin Lacombe et Sébastien Perez pour leur nouvelle collaboration.  Pour lui rendre hommage, Benjamin Lacombe propose une immersion inédite dans le processus créatif de l’artiste. Une succession de pages découpées et un texte poétique nous entraînent dans les profondeurs de l’âme de Frida Kahlo. À la manière d’un recueil de pensées, le livre explore les thématiques qui sont chères à Frida : l’amour, la mort, la terre, les animaux… 

Et une petite sélection parmi les documentaires qui lui sont consacrés :

Comment parler de Frida Kahlo aux enfants ? de Sandrine Andrews  (le baron perché, 2013) est malheureusement épuisé, mais vous le trouverez peut être encore en bibliothèque et j’aime beaucoup cette collection qui s’adresse aux parents pour accompagner leurs enfants.

Frida Kahlo de Sarah Barthère et Aurélie Grand (Milan Jeunesse, 2020), documentaire à partir de 5 ans, dans la collection “art” des documentaires Milan.

Frida Kahlo, une peinture de combat de Magdalena Holzhey (Palette, 2005), un documentaire à partir de 8 ans

Frida Kahlo : non à la fatalité d’Elsa Solal (Actes Sud Junior, 2020). Biographie romancée suivie de quelques pages documentaires, dans une collection, “ceux qui ont dit non”, qui propose des figures engagées. A partir de 12 ans

On trouve également un livre sur elle dans la collection Petite et grande de chez Kimane, dans la collection “les grandes vies” de chez Gallimard Jeunesse, dans la collection « Quelle histoire ». Ainsi qu’un numéro de la revue Dada.

Enfin, il me semble important de citer le film Frida de Julie Taymor avec Selma Hayek et Alfred Molina (2003), qui a beaucoup fait, je pense, pour la popularité de l’artiste, et qui peut être regardé par des adolescent·e·s. Voilà la bande annonce :

Frida Kahlo prend “beaucoup de place”, mais on peut trouver des ressources sur d’autres artistes. Je n’ai réuni ici que des monographies. J’ai essayé d’être complète, mais c’est difficile, donc n’hésitez pas à rajouter en commentaire les titres qui m’auraient échappé. (je les présente ici par ordre alphabétique d’artiste).

rosa bonheur buffalo billRosa Bonheur :rosa bonheur audacieuse

Rosa bonheur, l’audacieuse de Natacha Henry (Albin Michel Jeunesse, 2020), un roman pour ado à partir de 13 ans dont voilà le résumé : Rosa, 14 ans, veut vivre de sa passion : la peinture animalière. Le mariage ne rentre pas dans ses plans, d’autant que c’est pour Nathalie, la fille d’amis de son père, que son cœur bat. Mais dans le Paris du XIXe siècle, les femmes ne sont pas libres. Certaines formations, comme les Beaux-Arts, leur sont interdites. Certains lieux sont dangereux si elles s’y rendent seules. Quant à vivre libre? Ce serait le scandale assuré ! Malgré son jeune âge, Rosa compte bien imposer ses choix. Aidée de son père et de Nathalie, elle prend des cours de peinture et se rend au Louvre pour s’inspirer des plus célèbres tableaux de l’Histoire ! Rosa n’accepte aucun compromis. Entrer dans le monde de l’art, pour elle, c’est s’affranchir de la loi des hommes. 

 

Maman de Louise Bourgeois

Louise Bourgeois :

 Une berceuse en chiffon : la vie tissée de Louise Bourgeois d’Amy Novesky et Isabelle berceuse en chiffonArsenault (La Pastèque, 2016). « Tout comme l’araignée qui tisse sa toile et la répare, la mère de Louise était tisserande et réparait des tapisseries. Pendant son enfance, Louise a fait son apprentissage auprès d’elle, avant de devenir elle-même artiste tapissière. Louise a travaillé le tissu tout au long de sa carrière, et cet album biographique est une illustration de l’expérience qui lui a inspiré ses œuvres les plus célèbres, celle de l’enfant tissant aux côtés d’une mère aimante et attentionnée. Par son récit poétique et superbement nuancé, le livre déploie sous nos yeux la relation entre la mère et la fille, et jette un jour lumineux sur le tissage des souvenirs en chacun de nous. » Un très bel album, avec les illustrations magnifiques d’Isabelle Arsenault. 

louise bourgeois Kimane

Louise Bourgeois de Maria Isabel Sanchez Vegara et Helena Pérez Garcia, collection Petite & grande (Kimane, 2020). La collection Petite & Grande présente des bibliographies en album de femmes célèbres et inspirantes : artistes, scientifiques, militantes..

camille claudel sculptureCamille Claudel : 

Le cas de Camille Claudel est un peu à part. Plusieurs livres pour enfants lui sont consacrés, mais ils parlent beaucoup plus de son histoire d’amour avec Rodin que de son travail de sculptrice. C’est flagrant quand on compare les résumés des ouvrages qui leur sont consacrés. Pour Camille Claudel, on parle d’amour, de folie, on la présente comme une muse influente. Pour Rodin, on parle de génie, de talent, de travail. 

camille claudel

Heureusement, L’incroyable destin de Camille Claudel : la rage de sculpter de Bénédicte Solle-Bazaille et Daphné Collignon (Bayard Jeunesse, 2019) semble éviter ce biais. Déjà, la couverture la montre en train de travailler… C’est un petit roman biographique à partir de 8 ans, complété par quelques pages documentaires. 

On trouve également un numéro de la revue Dada (avril 2017) consacré à son travail. 

kusama oeuvreYayoi Kusama :yayoi kusama phaidon

Yayoi Kusama : l’artiste qui mettait des pois partout (et s’en fichait) de Fausto Gilberti (Phaidon, 2020). A partir de 4 ans. Comme à chaque fois chez Phaidon, le titre est également disponible en anglais

dora maar dadadora maar main coquillageDora Maar : 

La revue Dada consacre son numéro de juin 2019 à la photographe surréaliste. On n’évite pas complètement la caricature, avec un article intitulé « belle et rebelle », mais la revue met en avant son travail et ne se contente pas de la présenter comme la muse de Picasso. 

violettes berthe morisotberthe morisot tableauBerthe Morisot :

    Des violettes pour Berthe Morisot de Christine Flament (école des loisirs, 2011). Les livres de la collection Archimède regroupent une histoire et quelques pages documentaires. Ici, une petite fille livre des fleurs chez Berthe Morisot. Le livre est un peu vieillot mais c’est le seul titre sur cette artiste. A partir de 8 ans. 

    niki-de-saint-phalleNiki de Saint-Phalle :niki-saint-phalle-palette

    séraphine de senlis tableauSéraphine de Senlis :séraphine affiche film

    Je n’ai pas trouvé de livre jeunesse sur cette artiste, mais je voulais parler du film Séraphine de Martin Provost (2008), avec Yolande Moreau dans le rôle titre. C’est par ce film que j’ai découvert cette artiste. J’en garde cependant le souvenir d’un film assez dur, à réserver, donc, aux grands ados. 

    vigée le brunn tableauElisabeth Vigée Le Brun :

    Je n’ai pas trouvé de livre jeunesse sur cette artiste, mais je tenais à citer « la vie extraordinaire de la peintre Elisabeth Vigée Le Brun« , un épisode du podcast « les odyssées » de France inter, en coproduction avec le musée du Louvre. Laure Grandbesançon a un vrai talent pour rendre ses histoires vivantes et addictives, et tous les épisodes du podcast sont un vrai plaisir. A partir de 5-6 ans. 

      Voilà !

      J’ai tenté d’être exhaustive, mais bien sûr j’ai sans doute du rater quelques titres, n’hésitez pas à compléter en commentaire !

      Edit du 27 mai : je viens de tomber sur cet article de télérama avec six biographies de femmes artistes pour inspirer les enfants et les ados.

      Parler d’égalité filles/garçons avec des CM2

      J’ai eu l’occasion récemment d’intervenir dans deux classes de CM2 pour parler d’égalité filles garçons. Et j’ai eu envie de vous parler un peu de mon intervention, même si c’était une première expérience et qu’elle est largement perfectible.

      J’avais demandé qu’une instit demande aux élèves de sa classe, de me dessiner « une fille et un garçon », sans plus de consigne que ça. Le but c’était de partir de leurs représentations (et j’en ai tiré plein d’enseignements).

      On a démarré de deux façons différentes. Dans la première classe, je leur ai proposé d’écrire dans deux colonnes ce qui d’après eux était « pour les garçons » ou « pour les filles ». Quelques uns ont lu ce qu’ils avaient noté. Cela concernait essentiellement les tenues vestimentaires et les métiers. Ensuite, j’ai demandé : « est-ce que vous pensez que les filles peuvent faire tout ce qui est dans la colonnes « pour les garçons » et inversement ? On m’a dit oui pour presque tout. Sauf pour « porter une robe » pour les garçons et certains métiers physiques pour les filles (maçon, bucheron, forgeron).

      Dans la seconde classe, je leur ai proposé certains dessins et leur ai demandé : est-ce qu’on reconnait tout de suite qui sont les filles et qui sont les garçons. Est-ce qu’on le voit du premier coup d’œil ? Comment ?

      Le rose, les cheveux longs, les robes pour les filles, les couleurs plus sombres, les cheveux courts, la barbe pour les garçons.

       

      J’ai ensuite demandé s’ils pensaient que ces différences étaient naturelles. Et s’ils pouvaient me donner des exemples de différences naturelles entre les hommes et les femmes. Dans une des classes, un des élèves m’a répondu que les garçons avaient les cheveux courts et les filles les cheveux longs. On a donné des contre exemples.

      Et on en est venus aux différences biologiques entre les hommes et les femmes. Quelles sont elles ? Dans la première classe une fille m’a immédiatement donné l’exemple des règles, et tout a été dit naturellement. Cependant, s’ils connaissaient le mot « pénis », le mot « vulve » leur était inconnu. Dans la seconde classe, il y a eu d’abord une grosse réserve pour parler du corps. Quand j’ai demandé ce qu’avaient les femmes que les hommes n’avaient pas, une gamine a montré sa poitrine sans oser prononcer le mot « seins ». Alors que je parlais de ça, un gamin ricanait, et son copain le reprenait en disant « mais c’est pas drôle !! ». Je suis alors intervenue en disant que parfois on riait pour cacher sa gène et que ça ne me posait pas de problème que quelqu’un rie tant que ce n’était pas de la moquerie. Un garçon a dit le mot pénis. Quand j’ai demandé s’ils savaient comment s’appelait le sexe de la femme, le premier mot qui a été dit, c’est « la fleur ». Puis une des filles m’a répondu « l’utérus ». J’ai donc expliqué que l’utérus était une petite poche à l’intérieur, où un bébé pouvait se développer si la femme le voulait, et que le passage qui le reliait à l’extérieur s’appelait le vagin. A ce moment là, une petite fille a osé dire le mot vulve. C’était important à mes yeux de leur donner ce vocabulaire, des mots qui ne soient ni enfantins (zizi, zezette) ni vulgaires.

      Tout ça pour arriver aux notions de sexe et de genre, même si je n’ai pas utilisé les mots :

      Capture d’écran 2019-02-19 à 13.24.26Sur comment distinguer les unes des autres, j’ai expliqué qu’on pouvait regarder si c’était des différences qu’on retrouvait toujours et partout ou si c’était seulement maintenant. Je suis partie de la question de la robe/jupe et utilisé cette double page du magnifique Costumes de Joelle Jolivet (Les grandes personnes, 2013) pour expliquer que ce n’était pas depuis toujours et partout que la robe était reservée aux filles.

      costumes jollivet

      L’exemple de Jules César, figure connue des enfants, qui portait des jupes et était non seulement militaire mais général les a beaucoup marqué.

       

      On a continué, avec la 2e classe, avec ce tableau des enfants Habert de Montmor, par Philippe de Champaigne, au milieu du XVIIe siècle, avec cette question toute simple : à votre avis, combien y’a-t-il de filles, combien y’a-t-il de garçons ?

      enfants bleu:rose

      La réponse fait beaucoup moins l’unanimité parmi les élèves que dans les dessins du début ! L’occasion de montrer que les codes évoluent, que contrairement à aujourd’hui, les petits garçons portent des robes et qu’on les habille en rose ! (pour info, il n’y a qu’une fille, au centre, les autres sont des garçons).

      On a alors pu aborder la question des stéréotypes. On les a comparé à des cases dont la société ne voulait pas qu’on sorte.

      Capture d’écran 2019-02-19 à 13.24.44

      (la définition vient de la ligue des super féministes de Mirion Malle). Je leur ai demandé d’autres exemples. J’ai eu le garçon qui fait de l’équitation même si on lui dit que c’est un sport de filles. Un groupe de footballeuses dans la deuxième classe.

       

      Je leur ai ensuite posé la question : en quoi les stéréotypes sont embêtants ?

      – les moqueries sont abordées immédiatement. Nous parlons aussi de harcèlement.

      – je leur parle aussi d’autocensure. De la difficulté de se projeter hors des cases quand on manque de modèles. Une des classes venait de lire le chouette garçon rose malabar de Claudine Aubrun (Syros, 2018), où le héros rêve de devenir sage-femme : lui a un modèle (un ami de ses parents fait ce métier), mais même comme ça, c’est compliqué d’assumer un choix à contre-courant !

      Bien sûr, je suis bien décidée à leur lire des albums ! Je leur lis donc, pour « conclure » cette première partie, Ni poupées ni super-héros de Delphine Beauvois et Claire Cantais (la ville brûle, 2015) dont j’avais parlé ici.

      ni poupée ni super héros

      Dans une des classes, un garçon m’interroge sur cette page :

      IMG_6743

      L’occasion d’aborder (très rapidement) la question du consentement, d’insister sur le fait que le non de l’autre doit TOUJOURS être entendu et respecté.

      Dans une des classes, j’ai modifié un peu ma présentation parce que l’instit avait déjà parlé un peu des stéréotypes, donc j’ai pu passer plus vite sur certaines parties, mais n’avait pas abordé le m’a demandé si je pouvais aborder le fait qu’on peut aimer qui on veut, parler aussi d’homosexualité. J’ai donc choisi de lire le très bel album de Cathy Ytak et Daniela Tieni, ça change tout (l’atelier du poisson soluble, 2017) dont j’ai un peu parlé ici. Etre amoureux, ça change tout. Que ce soit d’un garçon ou d’une fille, ça ne change rien.

      ça change tout

       

      Mais même si cette première partie sur l’importance de pouvoir se détacher des stéréotypes, que l’on soit une fille ou un garçon, est très importante, je n’en voulais pas m’arrêter à l’idée que cela pesait autant sur les garçons que sur les filles. Parce que non, les stéréotypes ne touchent pas les hommes et les femmes de la même façon dans notre société. Parce que oui, on vit dans une société inégalitaire et patriarcale (non, je ne leur ai pas dit comme ça ^^).

      Dans la seconde classe, j’ai alors lu A calicochon d’Anthony Browne (Kaléidoscope, 2010, 1e édition 1987).

      a calicochon

      Dans cette famille, la mère s’occupe de l’intégralité des tâches ménagères pendant que son mari et ses fils glandent sur le canapé. Jusqu’au jour où elle en a marre et se casse en leur laissant ce mot « vous êtes des cochons ».

      Ce livre a déclenché, comme à peu près à chaque lecture, beaucoup de réactions. Et comme à chaque fois, des gamins m’ont dit « oui moi c’est comme ça chez moi ». Ou « moi mon père il aide un peu ». D’autres au contraire soulignent qu’ils aident leur mère. Une petite fille en garde alternée soulignait que du coup son père faisait la même chose que sa mère. Un autre enfant racontait que chez lui, c’était sa mère qui rentrait tard du travail donc son père qui s’occupait des tâches ménagères.

      J’ai donc dit que la répartition dépendait des familles, et dépendait de beaucoup de critères. Mais je suis revenue aux études de l’INSEE et j’ai rappelé qu’en moyenne, les femmes font 3h26 de tâches ménagères (ménage, cuisine, bricolage, courses, lessive, s’occuper des enfants) par jour, les hommes 2h. Donc elles ont moins de temps libre que les hommes pour les loisirs. 

      Sautant du coq à l’âne, je leur ai demandé de me citer des présidents de la république française. Les mômes ont tout de suite vu où je voulais en venir : que des hommes. Et si on revient à l’échelon plus local… 16% des maires sont des femmes (mais c’était le cas dans les deux communes où je suis intervenue ^^). Je leur ai rappelé que le droit de votes des femmes, c’était en 1944 (un enfant connaissait la date !). Et que donc mon arrière-grand-mère accompagnait mon arrière-grand-père mais n’avait pas le droit de voter.

      Troisième exemple utilisé pour montrer les inégalités hommes/femmes : la cour de récré.  Avec cette image (source) :cour de récré

      Et la question : est-ce que c’est comme ça dans votre école ? Dans la première classe, l’instit, qui est aussi la directrice de l’école, explique que c’est pour ça que le foot est interdit pendant les récrés, afin de mieux partager l’espace. Bien sûr, le « mais les filles sont nulles c’est pour ça qu’elles ont pas le droit de jouer/qu’elles sont dans les cages » arrive vite. On discute, on parle de l’opportunité de s’exercer, de s’entrainer, qui permet de progresser et de mieux jouer. On parle aussi de la notion de sport d’équipe et de l’importance du jouer ensemble, au lieu de la valorisation du niveau individuel. On parle du club de foot voisin où les filles sont apparemment nombreuses mais où les entrainements ne sont pas mixtes.

      De ces trois exemples, on tire la notion d’inégalité entre les hommes et les femmes. Et de la nécessité de la combattre. Et on en arrive au féminisme.

      Capture d’écran 2019-02-19 à 13.24.52

      Et je suis drôlement contente d’en être arrivée là !

       

      Je me suis ensuite attaquée plus frontalement à mon sujet de prédilection : la question de la représentation.

      J’avais prévu de débuter avec ce slide sur les personnages de contes et leur représentation, mais on est passé dessus beaucoup plus rapidement que ce que je pensais.

      Capture d’écran 2019-02-19 à 13.29.34

      Finalement, cet extrait de la ligue des super féministes de Mirion Malle (la ville brûle, 2019) a été plus parlant. fullsizeoutput_5d4f

      Je me suis aussi appuyé sur ce livre pour parler des représentations (tout ce bouquin est très bien et cette double page est à la fois précise et accessible c’est un super boulot) :

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      Et expliqué que des chercheurs, des sociologues avaient montré que les représentations avaient un impact. On a pris l’exemple d’une petite fille qui veut devenir scientifique. Quel impact si les livres, les séries ne montrent que des hommes, que les scientifiques interviewés à la télé où dans les journaux sont des hommes, que les scientifiques dont elle entend parler à l’école ne sont que des hommes ?

      Il était important pour moi de ne pas être culpabilisante ou jugeante sur les choix des enfants. J’ai donc insisté grâce à cette image sur la liberté de choisir ce qu’on aime, de lire et de regarder des choses même si on a conscience que c’est stéréotypé. Que je n’étais certainement pas là pour dire aux filles de ne plus lire de livres « pour filles » et aux garçons de ne plus lire de livres « pour garçon », juste de réfléchir sur ce qu’on lit et peut être essayer d’apporter un peu plus de diversité.

      Capture d’écran 2019-02-19 à 13.47.37

      Cela donne aussi la possibilité de détourner les stéréotypes, d’en rire (j’avais à ce moment là prévu de lire la pire des princesses d’Anna Kempt et Sara Ogilvie (Milan, 2013) et parler du détournement des contes traditionnels, mais je n’ai pas pu récupérer le bouquin à temps…).

      Je voulais aussi parler un peu de la notion de marketing genré. Pour cela, on est parti des collections « bibliothèque rose » et « bibliothèque verte » dont j’avais déjà parlé ici.

      Image 3

      Ceux qui fabriquent les livres différencient donc les livres « pour filles » et « pour garçons ». On a parlé des thèmes, des couleurs, mais aussi des positions des personnages  : les garçons sont dans l’action alors que les filles posent. Le but là encore : avoir consciences des cases, rappeler qu’on n’est jamais obligé d’y rester.

      Je soulève ensuite la question des modèles, en partant de documentaires et d’une question simple : combien y’a-t-il, à votre avis, d’homme et de femmes dans chacun de ces livres ?

      (respectivement 4 femmes sur 50, 16 femmes sur 100, 7 femmes sur 40 et 6 femmes sur 40)

      Pourquoi c’est embêtant ?

      Je reprends l’exemple de la petite fille qui voudrait être scientifique. Une gamine s’écrit alors : « mais il y a des femmes scientifiques, aussi ! » Moi : « bien sûr, est-ce que vous pouvez m’en citer ? » Tous ont cité Marie Curie. Mais personne n’a su donner d’autre noms. Je leur ai alors montré les dépliants de Maman rodarde (que vous connaissez tous, j’imagine, sinon il faut vite les découvrir !), en leur disant qu’ils allaient pouvoir en découvrir plein d’autres. J’ai regretté de ne pas avoir prévu la chouette affiche d’Elise Gravel sur le sujet.

      Capture d’écran 2019-03-21 à 11.52.08

      J’ai souligné l’importance de la diversité des modèles, pour que chacun puisse se projeter dans les livres, mais aussi découvrir des personnages et des fonctionnements différents de ceux qu’il voit au quotidien. Parlé de l’importance de voir des femmes, mais aussi des personnages racisés, des personnages handicapés, etc, dans toutes les situations.

      J’ai dit qu’heureusement, il y avait une prise de conscience sur cette question ces dernières années.

      Ils-et-elles-ont-change-le-monde

      Certains ont fait le choix d’un livre présentant autant de femmes que d’hommes, et prenant soin de visibiliser les femmes dès la couverture.

      D’autres ont fait le choix, pour rééquilibrer, de faire des livres avec que des femmes (j’en ai pris 3 un peu au hasard, mais je vous prépare une présentation de ces bouquins de portraits de femmes).

      Je leur ai pour finir distribué une petite bibliographie que vous pourrez retrouver ici 

       

      Et j’ai fini par une lecture, un de mes albums préférés, la fée sorcière de Brigitte Minne et Carll Cneut (il en existe deux éditions différentes, là j’avais la première (Pastel, 2000), mais je vous mets aussi la seconde (école des loisirs, 2017) déjà parce qu’elle est sublime même si la couverture est moins parlante, et parce que c’est l’édition qui est actuellement disponible).

       

      J’ai ensuite affiché ces trois affiches d’Elise Gravel.

      Et les enfants ont eu un temps libre pour regarder ces affiches, les livres de la bibliographie que j’avais apportés, les dépliants antisexistes de Maman Rodarde (les filles et les garçons) qui avaient été imprimés, discuter. Cela permettait des échanges moins formels. Dans une des classes, cela s’est fait entre eux, la plupart des enfants se sont plongés dans des bouquins. Dans l’autre, par contre, ça a été un moment de discussion à partir des dépliants. Ils ont commencé par chercher les photos de femmes à la tête rasée, parce que nous avions abordé le sujet des cheveux en début de séance, puis se sont emparés de l’ensemble des dépliants. Ça a été l’occasion de définir les mots « homosexuel », « bisexuel », « trans » et nous avons pas mal parlé de transidentité. C’est intéressant de voir que les seules images qui ont provoqué des réactions horrifiées des filles comme des garçons, ce sont les femmes avec des poils. D’ailleurs, en début de séance, lorsque j’ai parlé de différences biologiques, les poils ont été présentés comme masculins et j’avais déjà rappelé que les femmes aussi en avaient et que l’épilation était bien une pratique culturelle.

      Capture d’écran 2019-03-21 à 12.42.50

       

      Voilà, j’espère que ce n’est pas trop brouillon, je pensais au départ juste présenter le PPT utilisé mais je me suis rendu compte que ça n’avait pas de sens sans les commentaires, sans les réactions des enfants. Et puis même si j’avais beaucoup préparé ces interventions, je tenais aussi à laisser de l’espace pour des échanges plus libres, pour laisser dévier la conversation. On a entre autres, suite à des questions, parlé de Malala, du match de rugby féminin passé la veille à la télé, etc. Si le power point vous intéresse, n’hésitez pas à me le demander !

      Un cow-boy en tutu (on progresse, 12)

      Je le répète souvent, les albums « engagés » où l’antisexisme est le thème même du livre sont importants. Mais il y a aussi des livres dont le sujet n’a rien à voir avec la lutte contre les stéréotypes de genre, mais qui au détour d’une phrase ou d’une illustrations élargissent le champ des possibles. On y voit des pères qui s’occupent de leurs enfants, des femmes qui font du bricolage… sans que ça justifie qu’on s’y arrête, qu’on argumente, simplement parce que la vie, c’est aussi comme ça. Et j’ai envie de les mettre en valeur, aussi.

      Alors aujourd’hui, un coup de coeur pour un premier roman illustré, Charlie et Ouistiti, dans lequel, sans que ce soit même abordé dans le texte, les enfants se détachent des stéréotypes de genre.

      Charlie et Oustiti 2

      C’est en particulier le cas pour le plus jeune frère, au centre, qui n’hésite pas à porter à la fois un déguisement de cow boy et un tutu de danseuse ! Mais on le retrouve chez la plusieurs personnages, comme la petite fille derrière, en salopette et qui grimpe aux arbres. Bravo à Emily Hughes pour ses illustrations !

      charlie et ouistiti Charlie et Ouistiti de Laurel Snyder et Emily Hughes (Little Urban, 2017)

      Mary, Solange…

      Mais aussi Sami, Joos, Monelle, Lili, Clémence.

      J’ai publié récemment sur mon blog personnel, la licorne et ses bouquins, des articles sur deux romans ados/young adult qui auraient tout à fait pu être publiés sur ce blog.

      Deux romans historiques où des jeunes femmes vont faire face à l’adversité, vont grandir, murir, s’affirmer.

      Deux romans très différents, mais deux énormes coup de coeur pour moi.

      D’un trait de fusain de Cathy Ytak, donc (Talents Hauts, 2017).

      d'un trait de fusain

      1992. Mary, Monelle, Julien et Sami sont lycéens dans une école d’art. En cours de dessin, leur modèle préféré s’appelle Joos. Il est jeune, libre et beau. A l’âge des premières expériences amoureuses, l’épidémie de sida s’immisce brutalement dans leurs vies. La plupart des adultes se taisent et semblent ignorer la tragédie. Mary décide de briser le silence, d’affronter le regard de ses parents, de la société, et de s’engager. 

      J’en parle ici !

      Pourquoi en parler aussi sur Fille d’Album ?

      • parce que c’est le portrait d’une jeune fille venue d’une famille étouffante, méprisée parce qu’elle est née fille, qui va grandir et trouver la force de s’affirmer, de militer, d’agir
      • parce que ça parle du corps des femmes, sans tabou. De celui de l’héroïne, élevée dans la haine de celui-ci et qui parviendra à se le réapproprier, du corps représenté, dessiné, etc
      • parce que ça parle de sexualité sans tabou ni stéréotypes, de masturbation, de rapports sexuels, et que non, clitoris n’est pas un gros mot.
      • parce que ça parle d’homosexualité, sans la réduire à l’homophobie et au sida
      • parce que ça parle d’homophobie
      • parce que ça parle du sida, d’Act Up, de militantisme
      • parce que ce roman est superbe et que j’ai envie de le faire lire !

       

       

      Là où tombent les anges de Charlotte Bousquet (Gulfstream, 2015)

      là où tombent les anges

      Solange, Lili et Clémence. En 1912, ces trois couturières découvrent la vie parisienne. Solange épouse Robert Maximilien, qu’elle n’aime pas et qui est tyrannique mais qui lui apporte un certain confort. Elle s’occupe de sa vieille tante maussade. Lili, audacieuse et joyeuse, se produit comme chanteuse dans les cabarets. Clémence, jeune ouvrière, tombe éperdument amoureuse de Pierre. Mais la guerre arrive…

      J’en parle ici !

      Pourquoi en parler aussi sur Fille d’Album ?

      • parce que c’est le portrait d’une jeune fille venue d’une famille maltraitante, dans une société où les femmes ont très peu de libertés, qui va grandir et trouver la force de s’affirmer, de trouver une place
      • parce qu’au delà de l’héroïne, ce sont toutes les femmes qui se croisent dans ce roman: des bourgeoises, des ouvrières d’usines de munition, des veuves de guerre, des artistes, des journalistes…
      • parce qu’alors que l’Histoire met généralement en avant les hommes, ici ce sont des figures historiques féminines que l’on découvre, militantes, journalistes, artistes…
      • parce qu’on y parle de mariage abusif, de viol conjugal
      • parce que l’héroïne est bisexuelle, que plusieurs personnages secondaires sont lesbiennes
      • parce que ce roman est superbe et que j’ai envie de le faire lire !

       

      J’ai mis ici l’accent sur ce qui me semblait important et intéressant du point de vue des représentations. Des aspects qu’on voit rarement dans la littérature pour ado. Mais on ne peut bien sur pas réduire ces romans à ces listes. J’espère avoir montré comment ils m’avaient emporté dans les articles en lien !

      Identité masculine et adolescence

      Aujourd’hui, j’avais juste envie de partager avec vous une citation de Gael Aymon à propos de la construction de l’identité masculine, à l’occasion de la publication de son dernier roman chez Actes Sud Junior, Oublier Camille.

      « Le roman aborde la construction d’une identité masculine parmi tant d’autres, ni la mienne, ni une masculinité « universelle ». L’adolescence est l’âge où l’on apprend qu’il faut porter des masques, endosser un rôle, pour se conformer aux attentes de la société. Une des représentations imposées aux garçons est qu’un homme se construirait seul, instinctivement, sans mystère et sans faillir. Chaque homme un tant soit peu honnête sait pourtant intimement que cela est un mensonge. »

       

      Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur le roman que je n’ai pas (encore ?) lu, voilà le résumé de l’éditeur :

      « Yanis est sincèrement amoureux de Camille. Ils se sont rencontrés trois ans plus tôt. Pourtant, “être un mec” et “assurer” avec les filles, c’est plus facile à dire qu’à faire. Devenir un homme oui, mais quel homme ? Et est-ce que tous les hommes sont censés savoir instinctivement quoi faire ? Camille le trompe, lassée d’attendre qu’il fasse le premier pas, et lui avoue son dérapage dans une lettre. Yanis coupe brutalement les ponts avec elle, vacille, doute sur son identité. Il fait de nouvelles rencontres même si, une fois encore, il réalise que ce n’est jamais simple d’aller vers les autres… Auprès de son cousin Manu, apprenti comédien de passage à Paris, il trouve le réconfort et les conseils qui lui manquaient. Il découvre le théâtre, la prise de risques, le bonheur de jouer et de vivre les mots des autres. »

      Vous pouvez aussi retrouver  cet article de Maman Baobab, celui d’enfantipages, et de nombreux autres avis réunis ici par l’auteur. Gael Aymon s’intéresse à la remise en cause des stéréotypes dans les albums jeunesse et a publié plusieurs albums et contes chez Talents Hauts. J’aurai sans doute l’occasion d’en reparler !

      Quand le marketing genré s’invite dans les collections de notre enfance… (vive les stéréotypes, 8)

      La présentation de la bibliothèque rose et de la bibliothèque verte sur le site des éditions Hachette, ou comment transformer une segmentation par âge (la bibliothèque rose était destinée aux 6-12 ans, la bibliothèque verte aux ados) en segmentation par genre.

      Image 3

      Les bibliothèques roses et vertes s’adressent désormais aux mêmes tranches d’âges. La bibliothèque rose met donc en avant l’humour et l’émotion avec trois filles en illustration, plein de roses et du violet. La bibliothèque verte qui met en avant « l’action et l’aventure » avec (quelle surprise !) trois personnages de sexe masculin, avec armure et/ou en action alors que les filles posent.

       

      Et quand on entre dans les détails, ça ne s’améliore pas :

      Image 1 Image 2Les séries de notre enfance sont réunies dans une série particulière de la bibliothèque rose, avec des textes simplifiés (voir ici pour le club des cinq). Je crois que pour le reste, ça se passe de commentaires…

       

       

       

       

      Les ressources de la bibliothèque municipale de Lyon

      Grâce à la réponse du guichet du savoir à Picsou magazine dont je donnais le lien hier, j’ai découvert que la bibliothèque municipale de Lyon donnait de nombreuses ressources pour une littérature jeunesse non sexiste. En particulier grâce au point G. C’est un « centre de ressources sur le genre, identités, sexualité, mémoire gay et lesbienne » qui « a pour objectif de rassembler un ensemble documentaire ciblé sur les questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle ». Il propose de nombreuses bibliographies dont :

      Même si cela concerne moins directement notre sujet, Point G propose d’autres bibliographies concernent l’orientation sexuelle, l’homosexualité, l’homophobie, l’homoparentalité. Celle destinée à la jeunesse est ici et on y trouve la référence d’un mémoire de Thomas Chaimbault, l’homosexualité dans la littérature de jeunesse (2002). 

      Le guichet du savoir a également publié une réponse qui donne des pistes de recherche sur l’image de la femme dans la littérature jeunesse. On y trouve de nombreuses références déjà présentes sur la page Analyse des représentations genrées, comme Filles d’Albums de Nelly-Chabrol Gagne ou la thèse d’Hélène Montardre, mais aussi de nombreux titres que je découvre :

      – Isabelle Smadja, le temps des filles (PUF, 2004) qui « analyse trois romans destinés à la jeunesse : À la croisée des mondes de P. Pullmann, L’élue et Le passeur de Loïs Lowry, dans lesquels les femmes et la féminité sont mises en avant, non pas dans la fonction de mère, mais plutôt dans celle d’héroïne, de sauveur et de protectrice des valeurs » et qui est présenté ici.

      – Joëlle Nouhet-Roseman, Les mangas pour jeunes filles, figures du sexuel à l’adolescence2011. 

       – Bérangère Bitsch, La littérature de jeunesse : la place de la femme dans la littérature de jeunesse (mémoire de master, 2010).

      – Christian Chelebourg avec la collaboration de Danièle André et Danièle Henky, Représenter la jeunesse pour elle-même, 2010 (On y trouve une analyse des représentations de la jeunesse dans la littérature qui lui est adressée : la sexualité et le genre dans la littérature pour la jeunesse  :survie des stéréotypes, « hypersexualisation » des adolescents, la fratrie dans l’adaptation cinématographique du roman de Christophe Honoré, « Tout contre Léo ») 

      – Anne-Bénédicte Damon, Représentation des femmes et des jeunes filles pendant la Seconde Guerre mondiale dans la littérature de jeunesse de langue anglaise (1940-2005)  (thèse, 2008)

      – Elisabeth Rezbanyay, Les modèles féminins dans les romans pour filles de l’Amérique victorienne (thèse, 2008)

      – Daniela Di Cecco, Entre femmes et jeunes filles : le roman pour adolescentes en France et au Québec2000.

      – Catherine Chamboux-Hales,  Petites filles et femmes dans la littérature de jeunesse en France (1978-1981) (thèse, 1997).

      Ces références rejoignent les pages Analyse des représentations genrées et Bibliographies.

       

      On trouve enfin un article de Point d’actu de 2008 intitulé Cerveau masculin / cerveau féminin qui fait le point sur l’état des recherches sur le cerveau et l’influence du sexe et du genre sur celui-ci, avec de nombreuses références.

      Bonne lecture !

      Coup de talon de Sylvie Deshors

      Aujourd’hui, roman pour ados !

      Coup de Talon de Sylvie Deshors (Talents Hauts, 2013)

      coup de talon deshors

      La collection Ego de chez Talents Hauts présente de courts romans pour ados écrits à la première personne, « pour réfléchir, comprendre, s’émouvoir, se libérer » et qui abordent « Sexisme, identité, différence, discrimination, amour, violence, résistance, solidarité, égalité, liberté… » Après un roman consacré aux dangers d’internet et un autre à la violence conjugale, c’est Sylvie Deshors qui écrit le troisième roman et nous parle d’agression sexuelle.

      Alors qu’elle descend du métro, Laure se fait agresser. Un sac volé, des insultes, une jupe déchirée, et des mains entre ses cuisses.

      C’est sa soeur Lucie qui prend la parole dans ce roman. Lucie qui décrit les conséquences de cette agression, sa soeur qui se renferme, la promesse qu’elle a faite de n’en parler à personne.

      « En la voyant si desespérée, si malade de honte, j’ai cédé. J’ai juré. Au moment de m’endormir, cette affreuse nuit-là, j’ai imaginé leurs mains entre les cuisses de Laure et j’ai pleuré. »

      Lucie qui va tout faire pour aider sa soeur mais qui va se sentir tellement désemparée face à sa tristesse mais aussi à sa colère.

       

      Les agressions sexuelles sont malheureusement fréquentes. C’est donc important de trouver un roman qui aborde le sujet et qui s’adresse à ados à qui, malheureusement, ça peut arriver (Laure et Lucie sont au collège). Sans en minimiser les conséquences, pour la personne mais aussi pour son entourage, le roman montre une adolescente qui finit par trouver le moyen de remonter la pente, de donner le coup de talon, au fond de l’eau, qui permet de remonter à la surface. Le chemin qu’elle va trouver, ce sera la solidarité féminine. S’appuyer sur sa soeur, mais aussi d’autres filles, elles aussi confrontées au sexisme. Et se rappeler que les victimes ne sont pas coupables et qu’elles n’ont pas à avoir honte.

      « Eloa conclut l’air rebelle :

      – Etre fière d’être une femme. Devenir forte pour se faire respecter, c’est la solution.

      Le visage de Laure s’épanouit soudain :

      – C’est bon d’être plusieurs. »

       

      Au delà du sujet abordé, j’ai apprécié le fait que ce soit la soeur qui parle, ce qui permet de montrer les conséquences d’une telle agression sur Laure sans tomber dans des descriptions psychologiques. La relation de deux soeurs à la fois très proches et très différentes, « la brindille et le galet », est joliment décrite. Les parents vont faire confiance à la plus jeune pour aider sa soeur. J’ai aussi aimé l’amitié de Lucie avec Timéo, qui la soutient. Une amitié entre une fille et un garçon sans romance, c’est rare !

      J’ai parfois trouvé le roman un peu court (100 pages, écrit gros, lu en 1h) pour les sujets qu’il aborde, mais je pense que cela peut permettre d’accrocher aussi de faibles lecteurs.

       

      Voilà ce que j’avais à en dire en quelques mots. Si vous voulez trouver une chronique mieux écrite ou plus complète, ça tombe bien, on a pas mal parlé de ce roman ! Dans la presse, on trouve des chroniques dans l’humanité (2e titre), le monde des ados, la Revue des livres pour enfantsRicochet. Quant aux blogs, on en parle sur la mare aux mots, Enfantipageles lectures de Val, d’un livre à l’autre, the Café Book, dimension ados,  et A lire au pays des merveilles.

       

      « littérature de jeunesse pour l’égalité » et « éduquer contre l’homophobie » par le SNUIPP

      Une nouvelle bibliographie vient de rejoindre ma liste.

      Il s’agit d’une sélection d’ouvrages concernant l’égalité homme/femmes et la lutte contre l’homophobie et l’acceptation des familles homoparentales. Elle réunit des ouvrages de fiction, albums pour les petits, romans pour les plus grands et les ados et un peu de poésie, de théâtre et de BD. La plupart des titres s’accompagnent d’un résumé et d’une recommandation d’âge. On y trouve en particulier les titres des éditions de femmes d’Adela Turin et Nella Bosnia réédités chez Actes Sud, des premiers romans de Thierry Lenain, des albums de Christian Bruel…

      Elle a été créée par le SNUIPP, Syndicat National Unitaire des Instituteurs et des Professeurs des écoles et des PEGC. Elle est donc destinée à des enseignants et regroupe les documents par niveau scolaire (pour les petits / CM2-6e / Second degré).

      Vous pouvez découvrir la première partie ici et la seconde partie .

       

      éduquer contre l'homophobie SNUIPP

      Le SNUIPP a aussi publié, en mai 2013, un numéro spécial de sa revue « Fenêtre sur cours » intitulé « éduquer contre l’homophobie« .

      Comment est-il possible que l’insulte « pédé » soit la plus fréquente des cours de récréation et que, la plupart du temps, les enseignants n’en parlent pas ? De là est né le projet de s’intéresser à ce que font déjà les enseignantes et les enseignants, les équipes d’école, et de proposer des outils spécifiques, comme cela se fait en Belgique, au Pays-Bas ou au Canada. Les expérimentations prennent souvent comme point de départ des ouvrages de littérature jeunesse. Elles montrent que parler de sujets difficiles n’est pas un problème pour les élèves, même très jeunes, mais peut l’être pour les adultes. Les réticences, la crainte de réactions de parents et d’un manque de soutien de la hiérarchie, la conviction de ne pas savoir faire, empêchent les enseignantes et les enseignants de consacrer un temps suffisant au débat, aux représentations diverses des uns et des autres. Car il ne s’agit pas de « prosélytisme » ni d’imposer une parole du maître qui dirait ce qui est bien (ce qui est néanmoins nécessaire dans le cadre des rappels à la loi) ; au contraire il est question d’apprendre aux élèves à interroger ce qu’ils pensent et à le confronter aux autres, à entendre que d’autres ont des idées différentes, à apprendre à penser par eux-mêmes.

      Ce dossier très intéressant présente des projets menés dans des classes, le plus souvent autour d’albums jeunesse, mais aussi des ressources (livres, films d’animation) et des entretiens avec des auteurs, des associatifs, des éditeurs…

      Il apporte en particulier des outils et des réflexions autour des familles homoparentales, des relations amoureuses, des réponses à apporter aux insultes homophobes, le lien avec la déconstruction des stéréotypes genrés…

      On y trouve des entretiens avec :

      – Dominique Richard, auteur du journal d’une grosse patate

      – Béatrice Boutignon, auteure de Tango a deux papas et Une histoire de familles

      – Jean-Christophe Mazurie, auteur de Philomène m’aime

      – les éditrices de Talents Hauts.

      J’aime particulièrement les compte-rendus d’expériences menées dans les classes, montrant l’ouverture des enfants et la richesse des échanges permis par des livres.