Mois: avril 2015

Masculin neutre et conséquence sur les représentations

Dans la littérature jeunesse, les personnages non genrés sont très rares. On reconnait quasiment toujours immédiatement un homme d’une femme, un petit garçon d’une petite fille.

Sylvie Cromer, Carole Brugeilles et Isabelle Cromer : Comment la presse pour les plus jeunes contribue-t-elle à élaborer la différence des sexes ? (2008) :

« La bicatégorisation de sexe est en fait une sous-catégorisation du féminin à partir d’un « masculin-neutre » : ainsi pour marquer un personnage comme féminin sont ajoutés des attributs spécifiques, comme des nœuds, robes, bijoux, état de grossesse, des seins, à partir en fait d’un neutre déclaré comme masculin. Aussi le masculin apparaît-il comme représentant de l’universel, englobant le masculin et le neutre, et le féminin comme une sous-catégorie. »

Sylvie Cromer le réaffirme dans cet entretien« Pour faire une fille, on prend un garçon et on lui ajoute quelque chose » (des cheveux longs et une robe rose pour la petite fille, un tablier pour la maman…).

Une image trouvée dans le magazine Tralalire de mars 2015 me semble particulièrement parlante de ce point de vue là :

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Lou le loup est un des héros récurrents du magazine. On crée à partir du personnage masculin une version féminine en lui ajoutant un collier et une fleur rose !

Sylvie Cromer conclut dans Le masculin n’est pas un sexe : prémices du sujet neutre dans la presse et le théâtre pour enfants (Cahiers du genre n°49, 2010) :

Ces marques qui ‘altérisent’ et ‘désuniversalisent’ empêchent l’accès du féminin au statut du neutre et le constituent, non pas en un autre sexe à part entière, mais le déclinent comme sous-catégorie du masculin. Par là, en creux, est induite l’idée d’un masculin premier, équivalent à un neutre. Cette particularisation du féminin n’est pas spécifique aux productions de la jeunesse mais innerve notre mode de pensée : qu’on songe aux nœuds dont on affuble sans nécessité — si ce n’est celle de marquer le sexe — les bébés filles ou l’énoncé fallacieux des règles grammaticales, tel que « on ajoute un ‘e’ pour former le féminin ».

Vous avez d’autres exemples ?

Je vous parle très vite des (rares) cas où les personnages de littérature jeunesse ne sont pas genrés, ce qui ne règle pas forcément le problème…

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Les liens du moment (16 avril 2015)

Analyses sur la littérature et la culture jeunesse : 

Capture d’écran 2015-04-07 à 11.52.51Le livret « Féminin/masculin, littérature stéréotypée ? » de la bibliothèque départementale de l’Essonne qui propose des livres adultes sur le genre et les stéréotypes, des ressources d’analyse de la littérature jeunesse et une sélection d’albums jeunesse consacrés à « l’émancipation féminine ».

Le tumblr Mi-kids, mi-raisin qui a pour objectif de « faire un focus, le temps d’un article, sur une thématique ou une œuvre jeunesse (films, animés, livres, bds), d’en analyser les scènes clés, les passages phares et de s’interroger : « Attendez, qu’est-ce qu’ils nous racontent, au juste, là ? » (…) Je chercherai en revanche à en démêler les fils, à en décrypter les messages. » Les articles publiés pour le moment sont essentiellement centrés sur les dessins animés. Vous trouverez une présentation du projet et un entretien avec la créatrice du blog ici.

Cromer Sylvie, « Le masculin n’est pas un sexe : prémices du sujet neutre dans la presse et le théâtre pour enfants », Cahiers du Genre 2/2010 (n° 49) , p. 97-115 : « Comparant une série d’études menées ces dix dernières années sur les représentations sexuées dans les productions culturelles légitimées (littérature, presse et spectacles pour la jeunesse), nous cherchons à comprendre par quel processus s’impose, aux plus jeunes aussi, la prééminence d’un masculin à prétention universelle. Suite aux revendications féministes des années 1970, aux stéréotypes de sexe se substituent des représentations d’un système de genre qui exhausse le masculin avec extension de son territoire tout en marginalisant le féminin. Se façonnent ainsi les prémices du sujet neutre de nombre de théories — les homo economicuspoliticussociologicus, etc. — presque toujours implicitement masculin, contribuant à rendre invisibles les femmes et la réalité de leur exclusion sociale et des inégalités qu’elles subissent. »

« Des livres pour ouvrir les horizons des filles et des garçons« , un fascicule qui rassemble des analyses, des interventions et des récits d’expériences utiles aux enseignants, aux éducateurs, aux animateurs, aux bibliothécaires, aux parents amenés à utiliser ou à proposer des œuvres de littérature de jeunesse.

Du placard aux rayons : visibilité des questions de genre dans les bibliothèques publiques, mémoire de Renan Benyamina, conservateur des bibliothèques, Enssib 2013.

Présentation d’albums antisexistes

Des filles (non mais) dans le cabas de Za : Popy la tornade de Stéphanie Richard (Sarbacane) et j’aime pas la danse de Stéphanie Richard et Gwenaëlle Doumont (Talent Hauts).

Toutes les filles sont des princesses… qui pètent ! nouvelle sélection antisexiste sur le blog La mare aux mots. Rappel : vous trouvez la liste de tous les livres antisexistes publiés sur ce blog ici. On y trouve par exemple Même les princesses pètent d’Ilan Brenman et Magali Le Huche (Glénat) dont parle également le blog de la librairie la soupe de l’espace.

Et enfin, la mite orange nous parle de l’égalité dans les livres.

Rencontres, conférences

Journée Questions de genre en bibliothèque par Média Normandie le 4 mai à Caen. Une présentation par légothèque ici et le programme complet.

Genre, sexisme et homophobie : repère et outils dans l’éducation et la littérature jeunesse, le 12 mai à Lyon : rencontre avec l’éditeur Thierry Magnier, la sociologue Christine Détrez et le professeur de lettres modernes Marc Jean Filaire-Ramos. En partenariat avec l’association Rimbaud.

J’en avais parlé il y a quelques mois, le cycle 2014-2015 du campus Condorcet à Aubervilliers s’intitule « Filles et garçons : Le genre fait-il la différence ? » et propose de nombreuses conférences que l’on peut retrouver ensuite en vidéo. La conférence du 22 juin est consacrée aux « pratiques culturelles des enfants et des adolescents à l’épreuve du genre« , par Marie Buscatto, sociologue, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Divers, féminisme

Quelques liens qui ne concernent pas la littérature jeunesse, mais dont j’avais quand même envie de vous parler…

Un bel article de Jaddo sur les stéréotypes que nous avons tous intégrés, souvent de manière inconsciente, et sur une prise de conscience féministe.

Et parlons un peu d’éducation féministe avec cette série d’articles d’Anne Verjus qui se demande comment éduquer féministement. Elle était invitée récemment à une rencontre par les vendredis intellos dont vous pouvez retrouver le compte-rendu ici : Féminisme, care, modèle du père et King Kong Théorie.

Bonnes lectures ! Et retrouvez les liens au fil de la semaine sur la page facebook du blog et sur twitter ! J’essaye de revenir rapidement, mais je suis actuellement enceinte de 8 mois et je risque donc de m’absenter quelques temps…

La presse pour petites filles : ressources et compléments

Je vous parlais il y a quelques jours de la presse pour petites filles. Je m’étais appuyée essentiellement sur les numéros que j’avais pu lire et l’analyse des sujets, des couvertures… J’ai depuis continué à faire quelques recherches (je vous prépare également un article sur la presse « mixte ») et je suis tombée sur quelques ressources supplémentaires intéressantes.

On commence avec cette très intéressante vidéo d’entretien avec Corinne Destal consacrée à la presse pour petite fille et à la presse pour adolescentes.

Elle revient rapidement sur l’histoire de la presse pour petites filles et analyse le contenu de la presse pour fillettes et de la presse pour adolescentes. A propos de la presse pour fillettes, elle insiste sur le fait que la remise en cause des stéréotypes reste très marginale dans ces titres ou source de difficultés. Les femmes sont liées à la sphère privée, et on encourage les filles à s’en emparer via la décoration et les conseils d’organisation, de rangement…

Dans la presse pour adolescentes, « le phare est braqué sur le corps » et sur les hommes pour qui elles transforment ce corps. L’adolescente a des moyens pour travailler cette image, et doit y consacrer du temps (et de l’argent). Elle reste maîtresse des relations amoureuses et sexuelles. C’est son pouvoir. En revanche, en terme d’orientation professionnelle, on encourage les filles à des filières courtes. « On pose la femme comme devant avoir une vie professionnelle (…) mais sans faire de carrière, parce qu’elle aura autre chose à faire ».

Un article de Caroline Caron « Que lisent les jeunes filles? Une analyse thématique de la « presse ados » au Québec » (Pratiques psychologiques, 2003, no 3, p. 49-61). Les titres ne sont pas les mêmes qu’en France, mais je pense qu’on trouve des résultats comparables. Elle conclut :

« L’hypothèse selon laquelle ce contenu est conservateur plutôt qu’égalitaire est validée et permet de considérer ce média comme un agent de socialisation traditionnelle. La répartition des articles selon le thème révèle que près des deux tiers (64,8 %) du contenu produit par les équipes rédactionnelles traitent de la beauté, de la mode, des garçons, des relations hétérosexuelles et des vedettes masculines. Plus du tiers (35,2 %) touche au développement personnel et social, mais la lecture attentive révèle qu’ils négligent la dimension sociale de l’identité, au profit d’une insistance marquée pour la dimension personnelle. »

Un autre extrait :

Alors qu’elles apprennent à se définir et à trouver leur place dans la société, les lectrices adolescentes (et pré-adolescentes) se voient offrir, dans ces revues, une conception somme toute conservatrice de la féminité et des rapports entres les hommes et les femmes.

Les absences parlent aussi. En omettant de traiter des actualités nationales et internationales, de la violence faite aux femmes, de la vie citoyenne, de la planification financière, des inégalités sociales, et des autres sujets de la catégorie « société(s) et enjeux sociopolitiques », les magazines omettent d’aborder la dimension sociale de l’identité; ils confinent les jeunes filles au domaine du personnel, à la culture des sentiments et à l’entretien des relations interpersonnelles.

Une autre étude, plus spécifique celle-là, sur « Le corps prescrit : Sport et travail de l’apparence dans la presse pour filles » par Martine Court dans Cahiers du Genre 2010/2 (n° 49) : les objets de l’enfance (l’ensemble du numéro a l’air passionnant !). « L’objectif de cet article est d’analyser les prescriptions formulées au sujet du sport et du travail de l’apparence dans un segment particulier de la presse pour enfants, celle qui s’adresse spécifiquement aux filles. » Il se penche plus particulièrement sur Julie et Witch Mag (devenu depuis Disney Girl)

(Les deux magazines) « leur adressent, en effet, des invitations récurrentes à s’occuper et se préoccuper de leur beauté. Comme on l’a indiqué plus haut, les deux magazines publient des pages sur la mode dans tous leurs numéros et livrent régulièrement des astuces pour embellir son corps ou sa chevelure. (…) Dans Witch Mag comme dans Julie, la norme de la minceur est rappelée de manière très claire.

L’article souligne cependant des différences entre les deux magazines, liés aux différences de capital économique et culturel des lectrices. C’est le cas pour la vision du sport :

Dans Witch Mag, la pratique sportive est quasiment inexistante. (…). Les héroïnes de fiction sont, quant à elles, rarement représentées en train de faire du sport, et quand elles le sont, c’est exclusivement dans deux sports très fortement féminisés : la danse et l’équitation. Julie, en revanche, publie une rubrique « Sport » dans la plupart des numéros. (…) La présence de cette rubrique « Sport » dans Julie est à mettre en relation avec la visée ‘éducative’ de ce magazine. Par définition, la presse ‘éducative’ a en effet pour projet de favoriser le ‘bon’ développement de l’enfant, et ce ‘bon’ développement est défini aujourd’hui de manière dominante comme un développement équilibré du corps et de l’esprit, qui suppose en particulier la pratique régulière d’une activité physique ou sportive, pour les garçons comme pour les filles. (…) Dans les numéros de l’année 2007, Julie consacre, certes, plusieurs articles à des sports pratiqués massivement par des filles ou des femmes — la grs, les claquettes, la voltige à cheval, le yoga, l’équitation, la gymnastique d’entretien — mais il présente aussi des sports plus mixtes, et même des sports pratiqué majoritairement par des garçons — le surf, le ski nautique, l’escalade, le rugby, le judo, et enfin les sports collectifs. (…) Il n’est pas impossible que cet équilibre résulte d’une « tentative de contrôle du sexisme » de la part des rédacteurs de Julie. Si les stéréotypes de genre n’apparaissent pas en ce qui concerne les sports présentés aux lectrices, ils sont en revanche très visibles dans ce qui est dit sur les modalités de la pratique sportive féminine. (…)

Dans les deux magazines étudiés, les filles sont à la fois encouragées à se préoccuper de leur apparence et invitées à faire du sport selon des modalités socialement définies comme féminines — en pratiquant la danse ou l’équitation dans Witch Mag, en étant prudentes, en faisant preuve de sérieux et en se désintéressant de la compétition dans Julie.

La presse pour petites filles et adolescente vue comme une presse d’initiation, par Corinne Destal : elle présente aux petites filles une image stéréotypée des parents : la mère règne sur l’univers domestique, le père assure dans la sphère professionnelle. Si la mère travaille, elle garde du temps pour sa famille. « Et chacun semble y trouver son compte, sans souci, sans regrets ». C’est l’avenir qu’on propose à ces petites filles (cf orientation proposée). Les petites filles sont orientées vers la sphère intime (décoration d’intérieur…) et vers l’apparence : la coquetterie est encouragée.

Un discours secondaire, qui mériterait d’être analysé, tendrait à entraîner les filles sur le chemin du contrôle de soi, de la modération, notamment dans leur rapport aux autres. Il s’agit surtout de valoriser les attitudes et comportements modérés (évitement des conflits, négociation, douceur, réflexion, patience) sont autant de qualités qui sont posées au fil des pages. Comme si les publications revisitaient les schémas traditionnels en prenant soin d’adapter les qualités féminines à l’évolution de la vie contemporaine. C’est ainsi que la soumission et le dévouement aveugle (vieux clichés traditionnels) ne font plus partie de la panoplie féminine. Mais il s’agit tout de même d’entretenir des stéréotypes de petites filles coquettes, sages et surtout devant avoir des réactions moins «bruyantes» que celles des garçons.

Et si on s’intéresse aux revues pour adolescentes, la figure de la mère disparaît, les magazines se centrent sur l’apparence et les relations amoureuses.

 l’excès des publicités pour cosmétiques ou marques de vêtements, l’avalanche d’articles sur les 1001 façons d’être séduisante et de séduire, les informations omniprésentes sur les «stars» semblent rapprocher la presse adolescente de la presse féminine. Cette dernière semblerait alors être le prolongement «logique» des revues pour jeunes. (…) La plongée des ados dans un monde consommatoire si fervent peut être vécue par eux avec violence. Car cet univers exclut ceux qui n’y adhèrent pas (quelles que soient leurs raisons), et peut les mener tout droit à la faillite (amoureuse, sociale etc.). Une forme de violence faite aux adolescentes se retrouve également dans la multitude de propositions «d’amélioration corporelle». Les conseils dessinant un corps normatif, standard, peuvent générer frustration et déception chez celles qui ne s’en approcheront qu’asymptotiquement. Elles se voient alors démunis d’un outil formidable qu’est le corps séduisant dans la course aux relations idylliques.

L’image des garçons donnée dans ces magazines est également très caricaturale.

Tranchant avec ces analyses, voilà un article favorable à la presse pour fille qui date de 2003. Il parle de la presse qui « semble avoir (re)découvert les vertus d’une déclinaison « sexuée » » et Bayard y défend la mixité « au risque de passer pour réactionnaire ». Un sociologue employé par Fleurus y explique que proposer des magazines pour petites filles, c’est progressiste et qu’on peut faire des magazines pour filles sans clichés.

Très vite, je vous parle de la presse mixte, qui n’est pas pour autant exempte de stéréotypes de genre !

La presse pour petites filles

Régulièrement, je reçois la plaquette d’abonnements de Fleurus. Encore une bonne occasion de m’énerver face aux abonnements « pour filles ». Je n’aborderai ici que les titres s’adressant aux enfants et aux préados, pas la presse pour adolescentes.

Les revues pour filles étaient nombreuses dès le début du XXe siècle comme la semaine de Suzette, et jusqu’aux années 1960. Vous pouvez lire un article très intéressant sur l’histoire de ces magazines ici. Elle disparait ensuite dans les années 1970. C’est Milan Presse (qui s’annonce pourtant engagé pour l’égalité filles/garçons) qui a relancé en 1998 la presse pour fillette avec Julie, bientôt suivi par d’autres éditeurs, en particulier Fleurus. On retrouve dans ces magazines récents beaucoup d’éléments qui étaient déjà présents chez leurs « ancêtres ».

Petit état des lieux actuel :

Chez Milan, on trouve Julie, « le mag qui parle aux filles », pour les 9-13 ans et Manon, pour les 6-9 ans. Chez Fleurus, les p’tites sorcières de 8 à 12 ans, les p’tites princesses de 5 à 8 ans et les p’tites filles à la vanille de 3 à 5 ans. Et chez Disney, Disney Girl pour les 7-11 ans. On trouve également quelques magazines consacrés à une héroïne particulière : Violetta, Charlotte aux fraises… Parmi les grands groupes de presse jeunesse, seul Bayard échappe à cette tendance en ne proposant que des abonnements mixtes. On peut noter qu’il n’existe pas d’équivalent « pour garçon », les autres magazines s’appuyant sur des centres d’intérêts.

Et à quoi ils ressemblent, ces magazines ? Malgré quelques variantes (chez Fleurus, il y a dans chaque magazine une grande histoire ou un court roman, qu’on ne retrouve pas ailleurs, Julie a le mérite d’aborder une question d’actualité (mais « vue à travers le prisme des filles ») et de présenter dans chaque numéro un portrait de femme célèbre), on retrouve dans ces différents magazines les mêmes éléments.

  • Le rose omniprésent. Souvent complété par du mauve ou du violet. Dans l’exemplaire des p’tites filles à la vanille, il y a du rose ou du violet sur toutes les pages sauf une. C’est visible dès les couvertures. Et aussi sur le site internet du magazine Disney girl !

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  • Des BD qui mettent en scène des filles, que ce soient des héroïnes connues (Lou ou les sisters par exemple) ou des héroïnes propres aux magazines. On retrouve régulièrement des hors séries « BD de filles » (c’est toujours bien précisé !)

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  • Des bricolages et des recettes de cuisine qui s’ancrent très fortement dans l’univers « girly ». Parmi les activités « bricolage », beaucoup de couture ou de customisation (« la deuxième vie de tes tenues d’été »). Et même les recettes de cuisine sont stéréotypées : des cupcakes, des macarons, des glaçages, du rose…

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  • Des tests, le plus souvent centrées autour de l’amour (« As-tu un coeur d’artichaut ? » « Quel garçon te fait craquer? ») ou des relations entre amies (« Une amie, c’est quoi pour toi? » « Es-tu fidèle en amitié? » « Copines d’un jour ou pour toujours? »).
  • Des pages « fan de ».

 

Et parmi les sujets, des « incontournables » qui reviennent très régulièrement :

  • l’amour, en tête de liste

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  • les relations entre amies, avec l’organisation de boom et de pyjamas parties.

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  • la mode : il faut trouver son « look », son « style ». On trouve également des articles sur comment se coiffer, les accessoires, etc. Un très fort accent est mis sur l’apparence (j’avoue que je trouve le titre « belle mais pas rebelle » particulièrement gratiné !).

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  • être une star. Oui, dans ces magazines, c’est une activité à part entière. Avec des tests (« quelle star sommeille en toi ? »), ses conseils…

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  • l’équitation. Julie, en plus de nombreux numéros consacrés aux chevaux, propose même un hors série spécial équitation 4 fois par an, Julie Cheval. On élargit parfois à d’autres animaux, à condition qu’ils soient « mignons » : chiots et chatons par exemple.

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  • les journaux intimes, où on parle… d’amitié, de mode et de garçons !

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On rejoint ce qui est expliqué, dans Contre les jouets sexistes à propos des jouets (je reprends ce que j’avais noté dans cet article) :

« Les jouets inculquent aux fillettes l’attente du grand évènement de leur vie : l’amour avec un grand A (…). Elles apprennent que c’est lui qui va leur permettre de se réaliser en tant que femme. Et que seul le regard masculin peut valider l’existence de la femme et la rendre heureuse ».

En attendant le grand amour, les filles sont encouragées à l’amitié entre filles, si possible dans un univers girly où on parle amour, beauté, séduction, petits secrets. On encourage également le goût des filles pour les animaux « de préférence mignons, inoffensifs et jeunes ».

« L’empire des sentiments, dévolu aux filles, est en fait l’institution du sentimentalisme comme forme de relation aux autres et au monde. La pensée, la réflexion, l’esprit critique, la science, la connaissance du monde qui les entoure… semblent totalement absents de l’univers des filles ».

J’ajouterai que dans ces magazines, l’importance accordée à l’apparence, aux vêtements et à la mode, et ce dès l’école primaire, est à mes yeux plutôt effrayante.

Autrement dit, ces magazines contribuent à enfermer les filles dans des stéréotypes, et ce dès l’âge de 3 ans. La concentration sur un trop petit nombre de sujets (les sentiments, l’apparence, le mignon…) leur limite l’accès vers d’autres intérêts et d’autres formes d’épanouissement.