Mois: novembre 2017

Table ronde au salon de Montreuil

Un petit article d’autopromo pour vous dire que je participe le lundi 4 décembre à 14h15 à une table ronde au salon du livre jeunesse de Montreuil intitulée « La diversité dans la littérature jeunesse, quelles réponses des bibliothèques ? » avec Penda Diouf, responsable de la bibliothèque Ulysse (Saint-Denis) et Diariatou Kébé, présidente de l’Association Diveka, animée par Sophie Agié, responsable de la médiathèque Visages du Monde (Cergy) et membre de la commission Légothèque (ABF).
J’ai été contactée pour ce blog, et on parlera de diversité au sens large : représentations de genre, de classe, d’enfants racisés, en situation de handicap, etc.

Vous trouverez toutes les informations pratiques ici.

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Je sais que le lundi c’est pas l’idéal pour la plupart des gens, mais c’est la journée professionnelle du salon, destinée aux bibliothécaires et aux libraires et donc oui, le principe c’est qu’on aille à une journée professionnelle sur notre jour de week end (même si ça reste ouvert à tous). J’essayerai d’en faire un compte-rendu ici !

Et si vous voulez me dire bonjour sur le salon, j’y serai aussi le vendredi après-midi et toute la journée du lundi !

 

Quelques autres rencontres qui s’annoncent captivantes, mais je vous encourage vivement à aller voir l’ensemble du programme parce qu’il est très riche :

Mercredi, 9h30, scène décodage : Migrants, réfugiés : quand la littérature manifeste ! En ouverture du Salon, un temps de lectures et de dialogues avec écrivains et dessinateurs pour s’indigner, se positionner, être solidaire quant à la situation dramatique vécue par les migrants et les réfugiés… Avec les écrivaines Marie Desplechin (Ta race, ill. Betty Bone, éditions courtes et longues/Musée de l’Homme), Carole Saturno (Enfants d’ici, parents d’ailleurs, Gallimard Jeunesse) et les illustrateurs Serge Bloch (Eux, c’est nous, collectif Les éditeurs jeunesse avec les réfugiés) et Carole Chaix, membre de l’association Encrages (www.encrages.org). Animation : Marie-José Sirach, journaliste, L’Humanité. A partir de 12 ans.

Vendredi, 14h30, scène BD : Bergères guerrières, l’aventure au féminin. Dans un village où les hommes sont partis depuis dix ans pour la Grande Guerre, un groupe de femmes choisies parmi les plus braves forme l’ordre des Bergères guerrières, qui protège les troupeaux et les habitants. Pour enrichir les rangs de jeunes recrues doivent passer les différentes épreuves qui se présentent. Où l’on suit l’odyssée de Molly, jeune héroïne dans un univers médiéval-fantastique inspiré des légendes celtiques. Avec Amélie Fléchais, dessinatrice et Jonathan Garnier, scénariste autour de la série éditée chez Glénat. Animation : Romain Gallissot, chroniqueur jeunesse, Bodoï. A partir de 9 ans.

lundi, 12h30, scène vocale ➜Non conformes ? Les jeunes en marge dans la fiction ado
Durée : 1h15
Table ronde avec Hérvé Giraud, auteur, Éva Grynszpan, éditrice (Nathan), Alice Saint Guilhem, éditrice (Pocket jeunesse) et trois membres des comités de lecture de Lecture jeunesse, animée par Christelle Gombert, rédactrice en chef de Lecture jeune.

lundi, 15h30, scène BD ➜ Édition / télévision : quelles héroïnes ?
Durée : 1h
Débat avec Antoine Dole, auteur, Aurélya Guerrero, directrice éditoriale Milan, Chloé Miller, réalisatrice, Tiphaine de Raguenel, directrice exécutive France 4, Chris Riddell, auteur, Royaume-Uni et Chloé Sastres, scénariste. Animé par Virginie Boda, scénariste et scriptdoctor. Sur une proposition de l’association Des femmes s’animent. Dans le cadre du projet européen Transbook.

 

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Un cow-boy en tutu (on progresse, 12)

Je le répète souvent, les albums « engagés » où l’antisexisme est le thème même du livre sont importants. Mais il y a aussi des livres dont le sujet n’a rien à voir avec la lutte contre les stéréotypes de genre, mais qui au détour d’une phrase ou d’une illustrations élargissent le champ des possibles. On y voit des pères qui s’occupent de leurs enfants, des femmes qui font du bricolage… sans que ça justifie qu’on s’y arrête, qu’on argumente, simplement parce que la vie, c’est aussi comme ça. Et j’ai envie de les mettre en valeur, aussi.

Alors aujourd’hui, un coup de coeur pour un premier roman illustré, Charlie et Ouistiti, dans lequel, sans que ce soit même abordé dans le texte, les enfants se détachent des stéréotypes de genre.

Charlie et Oustiti 2

C’est en particulier le cas pour le plus jeune frère, au centre, qui n’hésite pas à porter à la fois un déguisement de cow boy et un tutu de danseuse ! Mais on le retrouve chez la plusieurs personnages, comme la petite fille derrière, en salopette et qui grimpe aux arbres. Bravo à Emily Hughes pour ses illustrations !

charlie et ouistiti Charlie et Ouistiti de Laurel Snyder et Emily Hughes (Little Urban, 2017)

Les liens du moment (novembre 2017)

Littérature jeunesse 

Egalimère montre qu’encore une fois, malheureusement, on trouve des livres bourrés de stéréotypes dès la petite enfance.

Beatrice Kammerer parle de « Ces œuvres qu’on a adorées petits mais qu’on n’ose plus montrer à ses propres enfants » : « Pour tout parent, c’est un des principaux plaisirs liés au fait d’avoir des enfants: pouvoir partager avec eux les œuvres qu’on a dévorées quand on était jeune. Sauf que le message et les valeurs véhiculées ne correspondent pas toujours à celles que l’on souhaiterait. Alors que faire? Voici quelques pistes de réflexion. » Et cet article me donne envie de vous raconter que moi, je lis (aussi) plein de livres sexistes à mes enfants, et pourquoi.

Même si je l’ai déjà partagée, je vous remets cette vidéo que je trouve très parlante, malgré sa visée publicitaire, pour montrer les stéréotypes toujours présents dans la littérature jeunesse aujourd’hui :

 

 

Diversité dans la littérature jeunesse

2 initiatives dont j’ai envie de parler aujourd’hui.

Le premier, La Rainbowthèque, répertoire de livres francophones et disponibles en français LGBT+/MOGAI. Il n’est pas spécifiquement consacré à la littérature jeunesse, mais vous y trouverez pas mal de références, en particulier de romans ados/young adult. C’est un site collaboratif où chacun peut ajouter des références. Je vous encourage donc à y ajouter des titres, d’autant plus que si vous le faites avant le 18 novembre, vous pourrez gagner des livres ! Vous pouvez également suivre le projet sur twitter et sur Facebook

Le 2e, l’association Diveka Diversité & Kids, fait la promotion de la diversité dans la littérature jeunesse, le cinéma, les séries. Ils ont un compte twitter, le site arrive début 2018, et beaucoup de beaux projets à venir : sélection de livres, qui pourront être prêtés grâce à une bibliothèque volante, ateliers de sensibilisation aux préjugés… L’association sera présente au Salon du Livre jeunesse afro-caribéen 2017 qui aura lieu à Clichy les 24 et 25 novembre prochain.

 

Représentations dans les dessins animés : 

Marlène Thomas publie dans Libération un article très riche montrant que dans les dessins animés, les héroïnes sont toujours plus stéréotypées : plus sexy, plus minces, plus roses

Paprika rebondit sur cet article sur twitter et aborde aussi la question des stéréotypes raciaux. Elle a également écrit un article intitulé « l’éducation genrée via les dessins animés » pour Simonae, qui s’achève sur une « petite sélection non-exhaustive de dessins animés jeunesse progressistes ».

En vidéo, Alice in animation propose aussi une analyse de ces sujets avec ses vidéos dessins animés « pour filles », dessins animés « pour garçons » et stéréotypes de genre et dessins animés.

Pour aller plus loi, Mélanie Lallet a publié en 2014 un livre intitulé Il était une fois… le genre. Le féminin dans les séries animées françaises‪ (Ina, coll. Études et controverses, 2014) dont vous trouverez une présentation ici

Ces livres qui ont attiré mon attention… #1

Très souvent, en fouinant sur un site d’éditeur ou en librairie, ou au boulot, je tombe sur un livre dont je me dis « celui-là, il faudrait que je le regarde de plus près/il faudrait que j’en parle sur le blog ». Souvent, j’en prends quelques photos à la va-vite, et j’en parle sur twitter, mais j’aimerais en garder une trace plus durable.

Alors j’ai décidé d’en faire une nouvelle série d’article ici. Je reviendrai parfois sur certains de façon plus détaillée par la suite, d’autre non (les journées n’ont que 24h, tout ça tout ça).

Je précise donc, avant de commencer, que je n’ai en général pas lu ces livres en détail. J’en ai vu la couverture, un résumé, quelques mots, ou je l’ai parcouru rapidement.. Je ne peux donc pas garantir qu’ils ne soient pas décevant. Mais je suis sûre que beaucoup seront des pépites. Si vous les avez lu, vu, en avez parlé sur votre blog, n’hésitez pas à m’en parler dans les commentaires !

 

Si vous vous intéressez à la littérature jeunesse antisexiste, vous avez sans doute remarqué la publication en français du livre d’Elena Favilli et Francesca Cavallo, histoires du soir pour filles rebelles (les Arènes, 2017).

histoires du soir pour filles rebelles

 

J’en avais déjà entendu parlé lors de sa publication en anglais, grâce à cette vidéo que je trouve très parlante, malgré sa visée publicitaire, pour montrer les stéréotypes toujours présents dans la littérature jeunesse aujourd’hui :

Il a aussi bénéficié de pas mal de presse au moment de sa publication en français, dont cet article dans Libération. Je serais très curieuse de le découvrir, en ayant entendu beaucoup beaucoup de bien et j’adhère à son ambition de «Rêvez plus grand, visez plus haut, luttez plus fort. Et, dans le doute, rappelez-vous : vous avez raison.». Je reste cependant dubitative sur son titre et ce « pour fille » genré, quand bien même elles sont rebelles, contre lequel je m’insurge dans la littérature jeunesse.

 

Un documentaire pour pré-ados et ados sur les règles, par Elise Thiébaut qui a déjà publié, pour adultes, Ceci est mon sang, Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font (la Découverte, 2017) et illustré par Mirion Malle, dont vous connaissez sans doute le blog, Commando Culotte. Et en plus, c’est publié par la ville brûle, maison d’édition engagée, qui a déjà publié de chouettes albums.

les règles quelle aventure

Voilà ce qu’en dit l’éditeur !

« Les règles, les ragnagnas, les affaires ou les machins… Une fois par mois environ, les filles et les femmes entre 12 et 52 ans saignent pendant quelques jours mais on n’en parle jamais, alors même que cela concerne la moitié de l’humanité.

Les règles ont longtemps été un instrument qui a permis d’opprimer les femmes et de leur donner l’impression qu’elles étaient impures et capables de moins de choses que les hommes. Les règles sont donc un véritable enjeu féministe auquel il n’est jamais trop tôt pour s’intéresser…

Parler des règles, c’est aussi parler du patriarcat, de sexualité, de religion… Dans Les règles… quelle aventure !, Elise Thiébaut et Mirion Malle abordent le sujet avec humour, de façon décomplexée et décalé, avec de solides références culturelles, mythologiques, médicales et féministes pour piquer la curiosité et enrichir la connaissance des préados et ados, filles et garçons. »

 

Encore un documentaire, mais pour les petits cette fois, repéré par Beatrice Kammerer, Zizi et zezette de Camille Laurans et Jess Pauwels (Milan, 2017)

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Ce documentaire destiné aux 3-6 ans parle simplement des sexes aux enfants (et si le titre parle de zizi et zezette, les mots pénis et vulve sont également utilisés), et aussi d’érection, de masturbation. Béatrice Kammerer en a parlé sur son compte Facebook, et je lui emprunte ces quelques photos :

Les près de 350 commentaires qui s’accumulent sous son post Facebook montrent bien la difficulté qu’il y a encore à parler aux enfants de leur sexe.

 

Un album sur l’homoparentalité, les papas de Violette d’Emilie Chazerand et Gaelle Souppart (Gautier-Languereau, 2017).

papas de violette

Violette, face aux moqueries homophobes de ses camarades de classes, parle de sa vie avec ses deux papas, de la manière dont ils prennent soin d’elle, de ce qu’elle partage avec eux. Vous pouvez en voir plus ici. Personnellement, j’ai trouvé le propos un peu trop appuyé, mais il a l’intérêt de mettre en scène des humains réalistes, et il est utile si vous cherchez un album concret et réaliste sur la question.

 

Encore un album, overdose de rose de Fanny Joly et Marianne Barcilon (Sarbacane, 2017), sur les stéréotypes de genre, et une petite fille qui grandit sous cloche, sous une avalanche de rose, surprotégée par ses parents.

overdose de rose

Madame Machin-Chose a enfin une fille, après 6 garçons. Cette fille, qu’elle appelle Rose, sera forcément douce, calme, obéissante, gentille, mignonne, choupignonne, trognonne. Rose grandit sous cloche, ravissante et bien coiffée. Jusqu’au jour où…

J’ai été surprise de voir un album antisexiste illustré par Barcilon que j’associais justement un peu aux princesses roses bonbons. Mais je l’ai trouvé, en le parcourant rapidement, plutôt chouette, et abordant beaucoup de sujets : l’éducation genrée et la prédominance du rose, mais aussi la volonté de surprotéger les filles, l’importance qu’on porte à leur apparence, etc.

 

Et enfin, avec Dur·e·s à cuire, 50 athlètes hors du commun qui ont marqué le sport (Cambourakis, 2017), dans lequel il met en avant 25 femmes et 25 hommes hors du commun, Till Lukat est, à ma connaissance, le premier à utiliser l’écriture inclusive dans le titre d’un livre pour enfants (et ça ne m’étonne pas que ce soit chez Cambourakis !). Il avait déjà publié, chez le même éditeur, Dures à cuire, 50 femmes hors du commun qui ont marqué l’histoire en 2016.

dur-e-s à cuire