Mois: février 2014

BD, DVD, livres pour enfants : la portion congrue des héroïnes de Nina Schmidt

Il s’agit d’un inventaire par l’observatoire des inégalités des héros des livres et des DVD Jeunesse que propose l’un des principaux vendeurs de produits culturels en ligne (Amazon). La liste des héros analysées est proposée par le site (sur la gauche de cette page). Vous pouvez trouver l’analyse complète ici.

Résumé de l’étude (j’ai repris le texte en faisant des coupes) :

Une première partie est une état des lieux :

Les filles constituent 38 % des héros individuels des livres pour enfants, 10 % de ceux des BD et 24 % de ceux des DVD jeunesse.

Part des héroïnes dans les livres, DVD et BD jeunesse
Nombre de héros collectifs ou couples Nombre de héros masculins Nombre d’héroïnes Total Part des héroïnes sur le total des héros individuels
Livres 14 49 30 93 38 %
BD 24 46 5 75 10 %
DVD 10 35 11 56 24 %
Source : Calculs de l’Observatoire des inégalités

En ce qui concerne les livres pour enfants, la majorité des héroïnes sont des petites filles (comme Charlotte aux fraises, Juliette) qui font l’apprentissage de la vie exactement comme les héros masculins tels que Petit ours brun ou T’choupi. Mais certains rôles et attitudes demeurent très sexués, comme dans certains épisodes de Martine (mais pas tous) ou encore comme dans Lilicat, petite chatte définie par plusieurs traits de caractère spécifiques : Lilicat est coquineLilicat est peureusecoquettegourmandecurieuse… Le site de vente en ligne nous propose ensuite quatre aventurières (parmi elles, deux sont tout de même rattachées à l’univers domestique), quatre sorcières et quatre filles « dégourdies ».

Parmi les héros masculins, on compte une majorité d’animaux qui découvrent la vie et le monde, puis quelques enfants dans la même situation. Puis, des héros fantastiques ou avec des pouvoirs magiques, huit intrépides ou “délurés”, un détective. Aucun rôle ne prédomine : si les garçons sont plus nombreux en héros anti-conformistes que les filles, ils ne sont pas tellement plus que les sorcières et les aventurières à disposer de pouvoirs ou à être transportés dans une aventure fantastique… La plupart des héros pourraient être des héroïnes.

En ce qui concerne les DVD, l’écart est encore plus important que dans les livres : les filles représentent 24 % des personnages principaux, contre 76 % de garçons. Les différences se renforcent encore lorsque l’on se demande qui sont ces héros et ces héroïnes. Hormis les héros masculins de la petite enfance, les héros « garçons » ont des pouvoirs exceptionnels tels Harry Potter, ils sont débrouillards ou partent à l’aventure, sont turbulents mais malicieux ou bien pirates, cowboys, justiciers (ZorroTintinLucky Luke) etc. En revanche, aucune héroïne de DVD n’est pirate ou même dotée de super pouvoirs. Elles sont plutôt des fées, des princesses, des Barbie, des cavalières… Il n’y a qu’une exploratrice : Dora.

La bande-dessinée nous réserve les plus grands écarts entre filles et garçons : seulement 10 % de ses personnages principaux sont des héroïnes. Parmi les hommes, on trouve des justiciers , des héros fantastiques ou de science-fiction, des enquêteurs, des sportifs, un chevalier. Neuf sont de jeunes garçons ou ados plutôt normaux et sept sont des héros d’aventure comiques. Suivent dix animaux rigolos voire anti-héros… Cinq seulement sont des filles : Bécassine, l’anti-conformiste Mafalda, la sorcière Mélusine, la justicière (mais néanmoins rose et pailletée) Sailor Moon, gardienne du système solaire qui en combat les ennemis (méchants extra-terrestres et autres…), et Yoko Tsuno, l’électronicienne « belle et intelligente » qui voyage dans le temps. La sous-représentation des personnages féminins est impressionnante, même si l’on peut noter qu’aucune héroïne n’est réellement cantonnée à un univers domestique et/ou maternel. La bande-dessinée s’illustre comme le lieu d’actions propres aux garçons : faire le rigolo et courir l’aventure, attitudes auxquelles la BD ne laisse pas aux filles la possibilité de s’identifier. Mais une grande partie de ces personnages sont anciens…

La seconde partie de l’étude est une analyse de l’état des lieux.

L’observation de la répartition par sexe des héros et héroïnes fait apparaitre une forme de diversité des rôles et l’ambigüité de certains personnages. De nombreuses filles ne peuvent pas être assimilées à des personnages en retrait, en charge de tâches domestiques ou accomplissant des activités dites typiquement féminines. Pour une partie des héros de la littérature jeunesse, les rôles de personnages masculins pourraient d’ailleurs être intervertis avec ceux des filles. On demeure tout de même très loin de l’égalité en matière de représentation des deux sexes. Tant par leur nombre que par leurs rôles, les héroïnes féminines restent largement placées en situation d’infériorité. Il faudrait aussi pouvoir mesurer l’exposition différenciée des héroïnes. Quel poids peut avoir aujourd’hui Fantomette(1961) face à un Harry Potter ? Sans compter que cette exposition varie très probablement en fonction des milieux sociaux. A ce titre, l’écart important entre les héros et les héroïnes des DVD et des BD interpelle : ce sont en effet des supports davantage accessibles au grand public, sans doute plus populaires que certains albums de littérature jeunesse. La socialisation n’est donc pas la même pour ceux qui regardent plus la télé qu’ils ne lisent de livres. Mais compte tenu de l’offre actuelle, aucun enfant – quel que soit son milieu social – n’échappe vraiment au sexisme des produits culturels.

Autres sources sur cette analyse :

Cette étude est présentée dans l’émission consacrée à la littérature jeunesse « Ecoute, il y a un éléphant dans le jardin » du 19 février 2014. Vous pouvez retrouver le texte de présentation de Véronique Soulé ici et réécouter (pour le moment en tout cas) un entretien avec Nina Schmidt. Elle y précise la méthode d’analyse.

Cette nouvelle analyse va rejoindre l’onglet « Analyse des représentations genrées« .

Mécanicienne (on progresse, 1)

Hier, je vous montrais un exemple des clichés qu’on trouve en abondance dans la littérature jeunesse et qui m’énervent. Heureusement, il existe des livres antisexistes (voir les bibliographies). Et il existe aussi de nombreux livres dont le sujet n’a rien à voir avec la lutte contre les stéréotypes de genre, mais qui au détour d’une phrase ou d’une illustrations élargissent le champ des possibles. On y voit des pères qui s’occupent de leurs enfants, des femmes qui font du bricolage… sans que ça justifie qu’on s’y arrête, qu’on argumente, simplement parce que la vie, c’est aussi comme ça. Ces sont souvent ces livres qui ont ma préférence. Ce sont ces livres que je vous présenterai dans la catégorie « on progresse ».

Par exemple, au détour d’un livre sur une voiture, une mécanicienne :

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Ma voiture, Byron Barton (l’école des loisirs, 2002). Je présente ce livre sur mon blog perso.

La lessive, c’est l’éclate ! (vive les stéréotypes, 1)

Au fil de mes lectures, des représentations qui m’exaspèrent. Parce qu’elles sont particulièrement sexistes, parce qu’elles donnent l’impression que les représentations n’évolueront jamais (le livre d’aujourd’hui a été publié en 2013).

Ici, dans La maison souterraine aux 100 étages de Toshio Iwai chez Picquier, 2013

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La maman des deux bestioles en question n’est pas la dame en tablier rose qui fait la cuisine pendant que les 2 autres personnages sont assis à table dans la pièce d’au-dessus. Mais elle a aussi son tablier et sera effectivement ravie de laver la tenue de la petite fille, parce c’est bien connu, il y a plein de mamans qui adorent faire la lessive !

C’est cette image trouvée il y a quelques mois (et le fait que l’album fasse partie des listes de livres recommandés pour nos achats pour la bibliothèque) qui m’a donné envie d’écrire sur le sujet.

Bichon, vol. 1 : Magie d’amour de David Gilson

Moi qui parle plutôt d’albums et de romans d’habitude, j’ai eu envie aujourd’hui de parler d’une BD qu’on vient de recevoir à la bibliothèque.

bichon gilson

Pourquoi « Bichon » ? Parce que le jour de la rentrée, une maman appelle son fils comme ça devant toute sa classe. La mégahonte ! Mais après en avoir parlé avec sa mère, l’enfant décide d’assumer fièrement ce surnom. « Bichon ? oui, c’est moi! ».

Bichon, donc, est un petit garçon de 8 ans. Un petit garçon fan de Raiponce et de Princesse Ploum, qui passe son temps au milieu de groupes de filles. Il est bien décidé à vivre tel qu’il est, sans se cacher, et sa famille le soutient (j’ai trouvé le personnage de la mère particulièrement intéressant). On découvre sa vie le temps d’une année scolaire, par petites histoires d’une ou deux pages.

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Ce qui m’a plu dans cette BD, c’est que ce n’est pas présenté comme quelque chose de douloureux, de problématique. Bichon est comme il est, il mène sa petite vie heureuse. Il part en vacances chez son oncle et sa tante, joue dans le jardin, joue à l’élastique avec ses copines, fait les costumes pour le spectacle de l’école parce qu’il a trop le trac pour monter sur scène…

Les difficultés ne sont pas pour autant masquées. Certains garçons de sa classe sont bien décidés à en faire leur souffre-douleur.

Bichon intérieur 1

Heureusement, le grand Jean-Marc du CM2 vient à sa rescousse. Le grand Jean-Marc en question ne le laisse d’ailleurs pas indifférent… Tout comme le maître remplaçant…

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Bichon est-il homosexuel ? L’auteur insiste sur le fait que Bichon est trop jeune pour le savoir. Il verra bien plus tard !

Et les filles dans cette histoire ? Elles sont nombreuses et très différentes les unes des autres. La plupart ont du caractère ! Que ce soit la petite soeur tornade :

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Ou la copine championne de Judo :

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En un mot, même si je suis très peu sensible à ce genre d’illustration (je crois que je n’arriverai jamais à m’habituer aux yeux géants des personnages), j’ai été vraiment touchée par cette BD. Je l’ai trouvée plutôt juste dans sa manière d’aborder les choses, positive sans être naïve, racontant la vie de ce jeune garçon sans militantisme superflu.

L’auteur a créé une page facebook autour de son personnage. On trouve une interview ici.

Le site c’est comme ça (site de l’association SOS homophobie à destination des « jeunes lesbiennes, gays, bi, trans & curieux » que je vous recommande vivement au passage) en parle très bien ici. On trouve aussi des critiques sur les sites Planète BDActuaBD et bédéthèque. On en parle également sur les blogs de la librairie Gribouille et de ToshokanGuillaume Lecaplain, Miawka, Coquelicote, même les sorcières lisent, France net info.

Refuser la censure

Etant donné le sujet de ce blog, je ne pouvais pas ne pas aborder ce qui se passe en ce moment autour de la littérature jeunesse. Je dois avouer que j’ai certaines références sur la littérature antisexiste depuis longtemps dans mon ordi, que ça faisait longtemps que j’avais envie d’aborder ce sujet (je l’ai fait parfois, au passage, à propos d’un album). Et que toute cette agitation autour de la littérature jeunesse m’a décidé à ouvrir ce blog. Pas tant parce que je pense qu’il est nécessaire que je « réponde » à ces attaques (d’autres l’ont très bien fait), mais parce que cette effervescence sur les blogs de littérature jeunesse et chez les professionnels du livre a montré qu’il y avait plein de gens qui voulait proposer des livres beaux, avec du sens et capable de bousculer et de faire réfléchir enfants comme parents. Et c’est ces initiatives là, ces livres là que j’ai envie de réunir sur ce blog.

Revenons aux attaques contre la littérature jeunesse de ces derniers jours. Pour commencer, un lien vers un article qui résume plutôt bien la situation, je trouve. A un détail près, mais qui est significatif : le blog d’extrême droite « le salon belge » a lancé une offensive contre les livres « à la gloire du gender » quelques jours AVANT que Jean-François Copé s’attaque à « tous à poil ». J’ai du mal à croire à la coïncidence. Pour moi, c’est un signe que l’UMP est prête à faire beaucoup pour draguer ce public d’extrême droite.

Le salon beige (je n’ai volontairement pas mis de lien et je pense vraiment que vous pouvez éviter d’aller sur ce site) est un site proche du « printemps français », un groupuscule constitué par les membres les plus radicaux de la manif pour tous autour de Béatrice Bourges. Dès le 4 février, ils dénoncent la présence d’articles « à la gloire du gender » dans les bibliothèques, en encourageant leurs lecteurs à contacter les bibliothèques ou les mairies pour exiger que ces livres soient retirés des rayons. Parmi les livres cités :

Mademoiselle Zazie et la robe de Max de Thierry Lenain (Nathan, 2011)

Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi? de Thierry Lenain (Nathan, 1998, réédité en 2011). La réaction de l’auteur et celle de l’éditeur.

Mes deux papas de Juliette Parachini-Deny et Marjorie Bréal (Des ronds dans l’O, 2013)

Jean à deux mamans d’Ophélie Texier (l’école des loisirs, 2004)

Papa porte une robe de Piotr Barsony, musique de Bumcello (Seuil, 2004, épuisé). La réaction de l’auteur.

La princesse qui n’aimait pas les princes d’Alice Brière-Haquet et Lionel Larchevêque (Actes Sud Junior, 2010). La réaction de l’auteur.

Frederic et Frédérique de Virginie Dumont et Michel Boucher (Actes Sud Junior, 1996)

Le jour du slip /je porte la culotte d’Anne Percin et Thomas Gornet (Rouergue, 2013). Ce livre a fait également l’objet d’attaques immondes sur le site la soupe de l’espace qui répond aux commentaires avec cet article. Le libraire a été menacé. Thomas Gornet a répondu sur son blog. Anne Percin y a répondu également et a décidé de fermer son blog suite aux réactions haineuses. Maman Baobab y consacre un article.

La fille qui voulait être un garçon de Stephanie Blake (l’école des loisirs, 2001, épuisé)

La nouvelle robe de Bill d’Anne Fine (l’école des loisirs, 1997)

Papa c’est quoi un homme haut sekçuel? d’Anna Boulanger (Zoom édition, 2007)

Un mariage vraiment gai de Muriel Douru (Ed. gaies et lesbiennes, 2004)

Tango a deux papas, et pourquoi pas ? de Béatrice Boutignon (Le baron perché, 2010, épuisé mais va être réédité en mars 2014). La réaction de l’auteur.

Quelques jours plus tard (le dimanche 9 février), Jean-François Copé s’attaque à la télévision au livre Tous à poil de Claire Franek et Marc Daniau (Rouergue, 2011).

tous à poil

Il affirme (entre autre) que montrer un policier ou une maîtresse « à poil » dans un album jeunesse sape l’autorité des policiers et des maîtresses. Il en vient même à affirmer, quelques jours plus tard, que cet album « c’est la défense de la lutte des classes. Car vous comprenez bien que le choix des profils qui ont été déshabillés dans Tous à poil c’est aussi pour montrer qu’on ne veut plus de la marque d’autorité » (source : ici).

L’illustrateur a répondu en disant : « Les enfants sont environnés d’images de corps plus ou moins dévêtus, dans la publicité, sur les abribus, sur les couvertures de journaux peopleNous avons voulu leur proposer un regard plus juste sur le corps. Et surtout, nous le faisons avec humour. »  Il en parle plus longuement ici. L’éditrice répond également à ces attaques et à celle portant sur « le jour du slip / je porte la culotte ».

Sur le blog de l’atelier des merveilles, on trouve une réponse à Jean François Copé, qui dit à propos du livre : « Cet album joueur montre la nudité, naturelle, intergénérationnelle, bienheureusement désérotisée, universelle, comme un acte de liberté, d’égalité et de fraternité : la joie de prendre un bain de mer sous le soleil ».

Une page facebook « Tous à poil » a été créée. La mare aux mots a lancé un pinterest « Tous à poils » ou des illustrateurs ont posté des dessins. Dans l’émission « la tête au carré » du 14 février, la psychanalyste Claude Halmos insiste sur le fait qu’il faut parler aux enfants de la différence des corps, des sexes, de la sexualité… et que les livres pour enfants sont un bon outil pour montrer comment sont fait les corps. « C’est normal que les enfants aient envie de voir ce qu’il y a sous les robes des dames ou dans les pantalons des messieurs, mais ils ont d’autant plus envie de le savoir qu’on ne leur a pas expliqué la sexualité ». Elle ajoute :  « parce qu’il (Jean-François Copé) s’imagine qu’on respecte la maîtresse parce qu’on s’imagine qu’à l’intérieur de sa robe, il y a un tronc d’arbre ? Enfin, c’est absurde »

Dans les faits, la polémique a fait exploser les ventes de Tous à poil, meilleure vente sur Amazon. Et apparemment, les demandes réelles de retirer les livres des rayons des bibliothèques ont été très limitées. Le nouvel obs parle même de « flop de l’offensive du printemps français« . Néanmoins l’article que je citais au début montre qu’au moins deux maires ont réagi. Si le maire DVD du Chesnay (Yvelines) Philippe Brillault n’a pas fait retirer le livre de la bibliothèque, il a fait placer une dizaine de titres auparavant stockés dans un bac accessible aux plus petits en hauteur sur une étagère du « fonds des parents ». Et « le maire UDI Jean-Christophe Fromantin assure, lui aussi, n’avoir reçu « aucune pression », bien qu’il ait reçu deux e-mails et un courrier incriminant cinq livres, dont certains sont en rayon depuis 1994. Les livres sont sur le bureau du maire, qui veut les consulter avant de prendre une décision. S’il juge qu’ils font la promotion de la théorie du genre, il « les retirer[a] après en avoir parlé aux élus. »

En tant que bibliothécaire, je trouve l’intervention directe de maires sur le contenu des bibliothèques très grave. Visiblement, Christophe Fromantin en parlera aux élus… mais ne se dit pas qu’il pourrait en parler avec les bibliothécaires dont c’est le métier ! Et ça, c’est effrayant.

Pas très rassurante non plus la réaction du gouvernement qui fait machine arrière à propos de « tous à poil » et de la pourtant superbe bibliographie de l’atelier des merveilles que je cite dans les ressources bibliographiques. Cet article explique comment cette bibliographie a été constituée et pourquoi elle fait partie des références de l’éducation nationale. (Aurélie Filippetti a cependant réagi vigoureusement).

Sans parler des insultes, menaces, commentaire haineux auxquels ont du faire face de nombreux libraires, auteurs, illustrateurs…

Mais je préfère conclure cet article sur du positif. Sur les réactions de l’ensemble des professionnels du livre, des auteurs illustrateurs (voir le communiqué de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse) aux bibliothécaires (voir le communiqué de l’Association des Bibliothécaires de France), en passant par les éditeurs (voir le communiqué du Syndicat National de l’Edition). En plus des réactions citées plus haut, je voudrais ajouter celles d’un auteur (Claude Ponti). Mais aussi celle d’une éditrice (Emmanuelle Beulque, éditions Sarbacane), d’un autre éditeur (Alain Serre, Rue du Monde). Celle de libraires indépendants (les librairies sorcières). Celle de la directrice du salon du livre jeunesse de Montreuil. Je voudrais aussi citer des réactions de blogueurs en littérature jeunesse, parce qu’à mes yeux ils jouent un rôle important dans la défense de la littérature jeunesse et de sa richesse : la mare aux motsChlop, Laurette.

 

Edit du 15/02/2014 : ajout de liens.

Marre du rose ! de Nathalie Hense et Ilya Green

Sur ce nouveau blog, il fallait absolument que je commence par parler de Marre du rose de Nathalie Hense et Ilya Green. Parce que ce livre est mon gros coup de coeur parmi les livres antisexistes.

marre du rose

Elle aime le noir. Elle aime les insesctes et les araignées (« j’ai même pas peur de les prendre dans mes mains »), les fossiles et les dinosaures… et surtout les grues ! Elle observe ses amis Auguste et Carl dessiner des coccinelles et coudre des habits pour les poupées.

Mais elle doit faire face aux remarques de son entourage. « Maman dit que je suis un garçon manqué ». « Coudre, ma mère dit que c’est un truc de fille ». « Mais ça, tout le monde dit que c’est que des choses de filles ».

Pourtant, elle affirme haut et fort qu’elle est une « fille réussie » avant de se réfugier dans sa cabane.

marre du rose intérieur

Nelly Chabrol-Gagne en parle joliment dans son livre Filles d’albums (elle y consacre la page 31 et propose une analyse détaillée de l’album) :

« Cette fillette au caractère bien trempé (qui) n’aime pas les jeux dits de filles, mais revendique son appartenance au sexe féminin, tout comme elle sait bien que Carl est un garçon, même s’il peint des fleurs sur ses dessins et qu’il a peur de tout. Peu à peu, l’héroïne se forge un savoir incontestable : il y a bien des filles et des garçons, d’un point de vue biologique ; mais sur le plan des agissements, elle récuse toute attribution d’un coefficient sexué à telle ou telle activité. » (…). Elle se sait « fille réussie » et non « garçon raté ».

J’en ai longuement parlé dans un article publié sur le blog des vendredis intellos.

Vous pouvez également retrouver des présentations de cet album sur la mare aux mots, Mya’s books, chez Laurette (tout en bas de la page), la soupe de l’espaceSacripan, Altersexualité, deslivresetlesenfants.

On trouve également des articles consacrés à ce livre sur Ricochet ou télérama.

Edit du 30/03/2014 : il y a aussi un article qui en parle sur le blog trois étoiles.

Bienvenue

Bienvenue sur ce nouveau blog consacré aux représentations genrées dans la littérature jeunesse et aux livres pour enfants non sexistes. J’ai pour ambition de réunir ici le maximum de ressources sur ces deux sujets.

Des articles, des analyses de fonds sur la représentation des filles et des garçons dans les albums jeunesse et plus largement dans la littérature jeunesse. Vous trouverez ces références réunies sur la page Analyse des représentations genrées.

J’ai également envie de proposer des titres qui proposent une vision de la vie éloignée des stéréotypes de genre. Je ne vais parler de livres que je considère comme « militants », c’est-à-dire ayant pour sujet principal l’égalité filles/garçons, mais j’ai aussi envie de parler de livres qui abordent des sujets très variés mais qui, dans le texte ou dans l’illustration, s’éloignent des stéréotypes en présentant, par exemple, une femme qui fait du bricolage où un homme au foyer…

J’ai donc réuni plusieurs bibliographies proposant des sélections de livre pour l’égalité filles/garçons et des blogs qui mettent en avant ces livres sur la page Bibliographies, et j’alimenterai au fur et à mesure ma propre sélection sur la page Albums.

Bien sûr, je suis loin d’avoir fait le tour des références, et je serai ravie de votre aide pour alimenter ce blog, n’hésitez pas à indiquer en commentaire des références complémentaires, ou des articles d’actualité concernant ces sujets.