Au fil de mes lectures, des représentations qui m’exaspèrent. Parce qu’elles sont particulièrement sexistes, parce qu’elles donnent l’impression que les représentations n’évolueront jamais (le livre d’aujourd’hui a été publié en 2013).
Ici, dans La maison souterraine aux 100 étages de Toshio Iwai chez Picquier, 2013
La maman des deux bestioles en question n’est pas la dame en tablier rose qui fait la cuisine pendant que les 2 autres personnages sont assis à table dans la pièce d’au-dessus. Mais elle a aussi son tablier et sera effectivement ravie de laver la tenue de la petite fille, parce c’est bien connu, il y a plein de mamans qui adorent faire la lessive !
C’est cette image trouvée il y a quelques mois (et le fait que l’album fasse partie des listes de livres recommandés pour nos achats pour la bibliothèque) qui m’a donné envie d’écrire sur le sujet.
oh purée, je sens que j’ai découvert un blog que je vais suivre !!!! Ca fait du bien de lire ceci! Maintenant que ma fille va à l’école et qu’elle rapporte un livre par semaine, je suis confrontée à certains discours dans ces livres qui me dérangent. a l’heure actuelle, elle ne lit pas du tout les mots donc je joue avec cela mais cela m’inquiète pour eux ces livres remplis de stéréotypes qu’on leur sert comme une soupe le soir avant d’aller dormir !!!
Merci et bienvenue !
Après, moi je ne m’inquiète pas trop pour les livres choisis, même s’ils sont remplis de stéréotypes, tant qu’on leur propose AUSSI autre chose !
Oui mais bon, c’est des ratons laveurs, ils ont des excuses pour aimer la lessive du coup. Enfin, c’est ce que je me dis, parce qu’en réalité j’aime bien cet album (tu connais le premier, « la maison aux 100 étages »? http://chlopitille.free.fr/dotclear/index.php?post/La-maison-aux-100-%C3%A9tages
Non, je ne connais pas le premier. J’avoue que même si je trouve le principe intéressant, je n’aime pas du tout l’illustration.
Je remets ici ce que j’avais déjà répondu à quelqu’un sur facebook : « si laver c’est une passion commune à tous les ratons laveurs, pourquoi est-ce que c’est forcément la maman qui adore la lessive ? Est-ce que c’est vraiment un hasard si on a « ma maman adore faire la lessive » et pas « mes parents adorent faire la lessive » ou « mon papa adore récurer les toilettes »? Personnellement je ne pense pas et c’est bien là l’expression d’un stéréotype qui fait que c’est la mère, avant tout, qui s’occupe des tâches ménagères et qui aime ça. Je pense que « papa adore faire la lessive », ça ne serait tout simplement pas venu à l’esprit de l’auteur. »
Mais je ne pense pas qu’il faille mettre à la poubelle un livre dès qu’il y a un stéréotype sexiste dedans, déjà parce qu’il ne nous resterait plus grand chose à lire, et puis parce qu’il y a des tas de livres très bons et très intéressants sur pleins d’autres aspects qui véhiculent des stéréotypes. Moi, j’adore « la plus mignonne des petites souris » (conte du père Castor) par exemple, et pourtant niveau sexisme, difficile de faire pire avec le père qui décide de marier sa fille parce qu’elle sait danser et faire la cuisine et qui choisit le mari.
Comme toi, je suis très attentive aux stéréotypes sexistes dont regorge la société en général, et la littérature jeunesse en particulier. Comme toi aussi, je reconnais à certains albums pleins de stéréotypes d’autres qualités, littéraires ou graphiques, que je suis capable d’apprécier. Mais là je te trouve assez injuste. Il y a une double page, et 10 étages avec tous les membres de la famille ratons laveurs. Ils adorent nettoyer, laver, et repasser, et pour cause : ce sont des ratons laveurs. L’album joue sur cet humour, en déclinant à l’exagération un trait qui caractérise chaque famille. (Les hérissons adorent les piquants, cultivent des roses et des cactus, etc…). Le dessin est assez riche, et pendant que la maman fait tourner des machines, le papa récure les toilettes, les grands frères et grandes soeurs s’activent aussi à toutes tâches ménagères, et pour le coup, je trouve cet album plutôt drôle et absolument pas rétrograde sur ses représentations. J’apprécie par ailleurs ton blog, et il est important de rester vigilant(e)s. Mais gardons-nous de crier trop vite au sexisme quand ce n’est pas le cas, il y a (hélas) tant d’autres vraies raisons de le faire…
(mon billet vers cet article :http://tiroirahistoires.canalblog.com/archives/2014/05/20/29913086.html)
J’ai déjà en partie répondu à ça dans ma réponse au commentaire de Chlop. Je ne dis pas que cet album est sexiste (c’est effectivement un minuscule détail dans un album qui présente de nombreuses autres situations), je considère que ce passage l’est parce que ce n’est pas un hasard si c’est la mère qui est désignée par le texte et que sous couvert d’humour, effectivement, je considère qu’il véhicule un message sexiste : c’est la femme/la mère qui fait la lessive. J’ai d’ailleurs le même avis sur un autre album que tu as chroniqué récemment, « Maman, dans tes bras ».Oui, c’est de l’humour, mais cet humour ne dénonce pas le stéréotype, au contraire il le renforce.
L’histoire de la lessive c’est humoristique, H.U.M.O.R.I.S.T.I.Q.U.E., ça fait références aux mots d’enfants. Vous essayez de poser votre regard d’adulte sur un perçu d’enfant qui n’est absolument pas (plus) le votre. Evidemment quelque chose qui n’est absolument pas sexiste le devient dans votre esprit. Vous avez vieillie trop vite, comme trop de gens…
Le fait que quelque chose soit (ou se veuille) humoristique ne l’empêche pas d’être sexiste. Je vous encourage à lire cet article de Denis Colombi: http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2012/08/lhumour-est-une-chose-trop-serieuse.html En voilà un extrait : « Ta blague, elle fait rire parce qu’il y a le sexisme derrière, parce que celui qui t’écoute accepte l’idée que oui, quand même, les femmes, elles sont un peu comme ça. Si ce n’était pas le cas, tu pourrais faire une blague du genre « hé, toutes les femmes sont bleues à pois verts », et ça serait drôle. » J’y reviendrai d’ailleurs bientôt dans un article normalement.
Les mots d’enfants ne sont pas détachés du contexte où ils ont grandi, de la société dans laquelle nous évoluons. Des mots d’enfants peuvent parfaitement être sexistes.
Et surtout, la littérature jeunesse n’est pas faite de mots d’enfants. Elle est faite de mots d’adultes adressés à des enfants. Certains sont effectivement extrêmement doués pour retrouver l’état d’esprit des enfants (je pense par exemple à Anaïs Vaugelade dans Zuza), mais derrière chaque livre jeunesse, il y a le message (conscient ou non) d’un adulte qu’il est intéressant d’analyser. Et les livres sont en plus choisis par des adultes pour des enfants, qui influent ainsi sur le message transmis à leurs enfants. Je ne m’intéresse pas ici directement au perçu des enfants, mais au message que les différents adultes concernés choisissent ou non de transmettre.
Quant à votre commentaire sur la vitesse de mon vieillissement… Disons que je laisse à mes proches et à moi même le soin d’en juger, pas à une inconnue qui a lu 3 lignes écrites sur internet.