Achat de livre pour enfants : choix des livres et genre (on progresse ? 7)

Lu dans une « étude de lectorat » lancée par Babelio intitulée « Littérature jeunesse, qui sont les prescripteurs ? »

J’ai envie de voir le verre à moitié plein. 3 personnes sur 4 ne prennent pas en compte le genre de l’enfant à qui ils vont offrir un livre.

 

Mais j’ai quelques réserves.

Déjà, une personne sur 4 qui choisit d’offrir un livre selon le genre du destinataire, c’est (encore ?) beaucoup trop.

Et puis le panel n’est pas forcément représentatif. Il s’agit ici d’un questionnaire envoyé aux membres du site Babelio, et ont répondu majoritairement des femmes (84,4%), plutôt jeunes (28% entre 18 et 34 ans), grosses lectrices et lisant surtout des romans jeunesse.

Et surtout, l’achat genré n’est pas forcément conscient. Il s’agit là d’un questionnaire purement déclaratif. Mais mon expérience personnelle me pousse à dire qu’il y a peut être un décalage entre le choix conscient et la réalité. Il y a 2 ou 3 ans, j’aurais affirmé en toute bonne foi que « mes choix de livres ne différaient pas » selon le genre de l’enfant. Mais une réflexion plus poussée sur le sujet ces dernières années m’a montré qu’il était en fait extrêmement difficile de ne pas être influencée par le genre de l’enfant à qui on destine le livre. J’ai ainsi réalisé que sans en être consciente, je proposais plus volontiers un livre sur les voitures à un garçon qu’à une fille. Et qu’il ne me serait même pas venue à l’idée de proposer de la chick litt’ à un garçon. Et même aujourd’hui, je trouve cela très compliqué de me détacher complètement des stéréotypes de genre.

D’ailleurs, quand un parent me demande conseil de livre pour ses enfants, il me dit systématiquement « c’est pour un garçon de tel âge » « c’est pour une fille de tel âge ». Il faut presque toujours que je demande pour avoir d’autres informations pourtant plus pertinentes (goûts en terme de livre, niveau de lecture…).

4 commentaires

  1. Je me reconnais totalement dans tes propos. Moi aussi je lutte contre moi même pour ne pas donner de conseils différenciés selon le sexe de l’enfant à qui s’adresse le livre (j’en avais un peu parlé là d’ailleurs: http://chlopitille.free.fr/dotclear/index.php?post/A-quoi-tu-joues ) et je mesure chaque jour à quel point on a du mal.
    Je suis une féministe. Je suis très sensibilisée sur ce sujet. Je me renseigne, je lis, je réfléchis là dessus. Et pourtant, à plusieurs reprises, je me suis surprise à m’adresser à une fille de façon radicalement différente de ce que j’aurais dis à un garçon. Il est très difficile de se défaire de son éducation… (et pourtant, ma mère ET mon père sont féministes aussi, c’est dire s’il y a du boulot)

    1. J’ai beau faire attention à tout ça, je suis tout à fait consciente que je n’aurais pas fait les mêmes achats de livres ou de jouets si mon fils avait été une fille… Mais je me dis qu’en être consciente, c’est déjà une étape !
      Et ce matin, à la bibliothèque, j’ai lu « ma voiture » de Byron Barton à deux gamines qui ont adoré, et je me suis dit que j’étais bien bête, quand je le proposais quasiment uniquement aux garçons !

  2. C’est vrai, moi aussi je pense que beaucoup de gens, quand il s’agit d’un achat livres pour enfant, prennent en compte s’il s’agit d’un achat livres pour garçons ou pour filles…

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