On ne compte pas pour du beurre

Quels albums jeunesse pour questionner les normes genrées ?

Mercredi 30 mars, j’ai assisté à la librairie le monte en l’air à la rencontre “Quels albums jeunesse pour questionner les normes genrées ? Etats des lieux et perspectives” avec Sarah Ghelam, chercheuse en littérature jeunesse, Isabelle Cambourakis, directrice de la collection « Sorcières », et Elsa Kedadouche, éditrice chez « On ne compte pas pour du beurre ». En voilà un petit compte-rendu. 

C’est Sarah Ghelam qui est à l’initiative de cette rencontre. Après un mémoire sur la Représentation des personnages enfantins non blancs dans les albums jeunesse publiés en France entre 2010 et 2020, elle travaille actuellement sur les albums qui questionnent les normes de genre. Elle englobe dans cette dénomination à la fois les albums qui subvertissent les normes genrées, mais aussi ceux qui représentent des désirs non normatifs. Elle a récemment travaillé à l’élaboration d’une liste la plus exhaustive possible de ces albums et est arrivée à une liste d’environ 220 albums, disponible ici

C’est suite à ce travail qu’elle a organisé cette rencontre “pour qu’on puisse mettre en avant la production existante oui, mais surtout pour qu’on puisse avoir un regard critique sur cette production, mettre en avant les nouvelles propositions éditoriales, et discuter de quels albums publier pour subvertir les normes.”

Elle a commencé par parler du matrimoine des albums jeunesses féministes. Dans les années 1970 des militantes montent des structures pour pouvoir s’éditer elles-mêmes et éditer des albums jeunesses féministes. C’est le cas de la collection du côté des petites filles ou du collectif pour un autre merveilleux qui aboutira à la création des éditions du sourire qui mord. Certains de ces titres seront réédités par la suite. On peut citer les albums d’Adela Turin réédités dans les années 90-2000 chez Actes Sud Junior, les rééditions des albums de Christian Bruel, dont l’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon chez Thierry Magnier autour de 2012 ou les rééditions des premiers albums d’Agnès Rosenstiehl par la ville brûle. Certains de ces titres ont été en partie réécrits ou retraduits, pour d’autres c’est une réédition à l’identique.

(Pour aller plus loin sur cette période passionnante, vous pouvez aller lire l’article de Sarah Ghelam sur Adela Turin et la collection “du côté des petites filles” et mon article sur deux albums de cette collection ; mon article sur l’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon et ses différentes éditions, le mémoire de Caroline Hoinville sur les albums pour enfants des maisons d’édition des femmes et le sourire qui mord et mon article sur le travail de réécriture des albums d’Agnès Rosenstiehl). 

Après cette période d’effervescence, on trouve des albums plus isolés dans les années 1980 et 90. Il faut citer la princesse Finemouche de Babette Cole (1986) par exemple, ou le papa qui avait dix enfants de Bénédicte Guettier (1997). Et en 2005 sont créées les éditions Talents Hauts qui a pour volonté affichée de lutter contre les stéréotypes sexistes. C’est cette maison d’édition qui est la plus représentée dans la liste élaborée par Sarah Ghelam, avec 45 titres. 

Comment, aujourd’hui, la collection Sorcière et les éditions on ne compte pas pour du beurre se positionnent par rapport à ce matrimoine ? Comment travaillent-elles et quels sont leurs choix ? 

comme un million de papillons noirsIsabelle Cambourakis est directrice de la collection Sorcières mais aussi institutrice en maternelle. Sa collection est à l’origine une collection d’essais destinés aux adultes, et dans laquelle il y a une réflexion sur le matrimoine, une volonté d’inscrire la collection dans une généalogie féministe. Elle a fait des recherches sur les luttes féministes des années 70, et en particulier sur l’écoféminisme et réédité (ou édité pour la première fois en français) des textes de ces années-là. Pour les titres jeunesse de la collection, les choses se sont faites différemment : ce n’est pas partie de la volonté de constituer un corpus mais cela a commencé par la proposition de Laura Nsafou de publier Comme un million de papillons noirs. Ce livre, après une première parution dans une petite maison d’édition associative (Bilibok), avait été refusé par de nombreux éditeurs jeunesse. Isabelle Cambourakis a décidé de l’éditer dans sa collection. Ainsi, en jeunesse, elle se demande plutôt “qu’est-ce qu’il faut éditer aujourd’hui ? qu’est-ce qui manque ?”. Et pour la collection Sorcière, le choix se porte sur des albums féministes mais aussi sur la question de la représentation des personnages non blancs. Avec pour objectif de les représenter aujourd’hui, ici, sans exotisation, en sortant des représentations stéréotypées du type Kirikou. 

En dehors de la collection Sorcière, les éditions Cambourakis éditaient déjà des albums jeunesse, essentiellement des traductions, beaucoup de pays du nord, ce qui apportait déjà une ouverture à d’autres formes de représentations, sans que ce soit une politique claire. Et il y a une porosité certaine entre la collection sorcière et le reste de la maison. Ainsi, la princesse et le poney de Kate Beaton (2015), s’il ne présente pas de discours antisexiste flagrant, propose des représentations qui sont une autre façon de passer le message. On peut aussi citer la série Carl et Elsa de Jenny Westin Verona et Jesus Verona qui met en scène des jeux d’enfants et bouscule les stéréotypes sans que ce soit le sujet. 

amoureuse de simoneChez On ne compte pas pour du beurre, la question du matrimoine intéresse mais dans un premier temps, l’objectif est plutôt de trouver les voix du présent. C’est une maison d’édition associative portée par un collectif dont les membres sont majoritairement lesbiennes et pour plusieurs d’entre elles racisées. Elles sont parties du constat que les représentations de lesbiennes étaient rares, ou alors que c’était LE thème de l’album. Elles ont souhaité faire des livres pour leurs enfants, avec ces représentations manquantes. Les représenter non pas dans des albums dont c’est le thème, mais dans des situations banales, des histoires. Les voir exister simplement. Par exemple dans leur album l’amoureuse de Simone d’Elsa Kedadouche et Amélie-Anne Calmo, le sujet n’est pas qu’elles soient noires ou lesbiennes, c’est juste un histoire d’amour. Les éditrices ont envie d’aller vers des créateurs et créatrices concernées, et de leur donner de la légitimité. Le fait que ce soit une activité bénévole, une association, leur donne de la liberté. 

Sarah Ghelam souligne alors que comme dans les années 70, il faut créer des espaces pour des albums qui ne peuvent pas exister ailleurs, qui ne sont pas publiés dans des maisons d’édition jeunesse plus classiques. 

Elle demande ensuite aux deux intervenantes leur avis sur la production éditoriale jeunesse existante. 

Isabelle Cambourakis dit qu’elle ne voit pas tout ce qui sort, mais elle trouve que ça change en ce moment. Qu’il y avait des manques sur certains sujets, et que ça s’améliore un peu. Mais elle constate une certaine uniformité dans la façon d’illustrer : illustrateurs et illustratrices sortent tous et toutes des mêmes écoles d’art, ce qui aboutit à une uniformisation du style des albums. Et il est difficile de trouver des albums qui sortent de cette esthétique. Les personnes qui les éditent sont issus des mêmes formations. C’est aussi une question de classe : tout ce monde vient d’un milieu bourgeois. Cela joue aussi sur les sujets abordés : les maisons de vacances à la campagne par exemple. C’est compliqué pour que ça bouge, il faut que ça évolue dans les structures éditoriales et les écoles d’art, qu’elles intègrent des profils différents. Cela induit aussi de réfléchir à notre regard de lectrices et de médiatrices du livre : on ne peut pas disqualifier certaines illustrations par biais de classe. En 2019, la revue des livres pour enfants a consacré un dossier à comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun, le comité de lecture de la revue s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles ils ne l’ont pas sélectionné et ce qui est ressorti ce sont les “illustrations, qui nous avaient semblé trop caricaturales”. Et effectivement il sort de cette esthétique de l’album jeunesse, il fait plus commercial. (le dossier “l’effet papillon noir” est disponible ici, et je vous recommande le reste du numéro intitulé “stéréotypes, fin de partie ?”). Mais dans les classes, il y a besoin de livres qui parlent à tous les enfants, pas seulement à ceux qui partagent les codes et les références de l’édition jeunesse. Elle cite l’article de Cécile Boulaire “des albums pour toutes les classes (sociales) ?” qui revient justement sur ces questions. Je l’ai trouvé passionnant, et je me permets de vous en donner deux extraits : 

les journalistes qui écrivent dans les magazines, les critiques littéraires, les universitaires qui s’intéressent aux livres pour enfants – les enseignants et les bibliothécaires qui les achètent, les libraires qui les mettent en avant, et allons-y, les artistes qui les créent et les éditeurs qui les publient, tous appartiennent au même milieu. Ils ont donc les mêmes attentes, les mêmes critères, ils sont dépaysés par les mêmes esthétiques, stimulés par les mêmes thématiques, touchés par les mêmes émotions. Ils partagent les mêmes idées, les mêmes valeurs. Je ne devrais pas dire « ils » : nous partageons goûts, valeurs et habitus sociaux.

“les enfants de milieu défavorisé ont des livres à la maison, mais ils ne les retrouvent pas dans le « coin lecture » de la classe de maternelle : ce ne sont pas les mêmes corpus valorisés à l’école et à la maison. Oui, les enfants dont les parents sont peu diplômés entendent des histoires à la maison, mais ce n’est malgré tout pas la même manière de raconter que celle qui se pratique à l’école ; cela ne construit pas le même profil d’enfant lecteur. Et au bout du compte, les différences perdurent, qui se traduiront souvent en inégalités de réussite.”

Elsa Kedadouche demande aux libraires s’ils ont des livres avec des familles homoparentales, ou un personnage LGBT. Et à ce sujet elle fait une différence entre Paris et la province. En dehors de Paris, peu de libraires peuvent répondre. Quand on lui répond, c’est souvent “ah oui j’ai un livre qui parle des différentes sortes de familles”. Ou depuis peu, on propose mes deux mamans de Bernadette Green et Anna Zobel (Talents hauts). Mais il est rare qu’une librairie propose plus de deux références, ou des histoires où l’homoparentalité n’est pas le sujet. 

Sarah Ghelam souligne que ces livres sont parfois absents par méconnaissance, Qu’ils ne sont pas toujours bien diffusé. D’où l’intérêt de diffuser la liste qu’elle a réalisé. Sur la représentation des enfants non blancs, elle constate qu’ils apparaissent le plus souvent dans trois types d’histoires : 

  • les albums sur la différence où un personnage blanc apprend à accepter des personnes différentes. L’enfant non blanc est un personnage secondaire, l’histoire n’est pas de son point de vue. Le racisme, la couleur de peau ne sont pas abordées, si l’enfant non blanc est différent, c’est en raison d’un trait de caractère ou d’une caractéristique autre.  
  • les albums qui baignent dans l’exotisation, à la Kirikou
  • les albums avec un personnage non blanc, sans que ça change quoi que ce soit à l’histoire, sans marquage culturel. 

demeure du cielPour elle, le premier album à proposer une histoire avec un enfant non blanc dont le sujet n’est pas le racisme, mais avec un marquage culturel clair (vêtements, recette de gâteau, etc), c’est la demeure du ciel de Laura Nsafou et Ogla Guillaud, publié justement dans la collection Sorcière chez Cambourakis, et donc pas dans une maison d’édition jeunesse traditionnelle. 

Elle cite la thèse de Julie Fette (“Gender in Contemporary French Children’s Literature: The Role of Talents Hauts”, Children’s Literature Association Quarterly, vol. 43 no. 3, 2018, p. 285-306) sur les éditions Talents Hauts qui démontre que la plupart de leurs albums suivent la même structure narrative : un personnage est coincé dans un système très sexiste, et rencontre un obstacle et réussit à le surmonter. Mais il n’y a pas de remise en cause fondamentale du système. Par exemple, dans Longs cheveux de Benjamin Lacombe, la chute est qu’une fille le trouve beau avec ses cheveux longs : on reste dans la norme hétérosexuelle, c’est l’approbation de cette petite fille qui “valide” la “différence”.

De plus, cela aboutit souvent à une dépréciation de ce qui est considéré comme féminin. Dans la princesse qui pue qui pète de Marie Tibi et Thierry Manès (Casterman, 2020), par exemple,  le rose, les licornes, les barrettes ou les cœurs sont dépréciés. Le “moi je ne suis pas une fille comme les autres” devient une collection de stéréotypes sur ce que sont d’habitudes les filles. De plus, ça aborde parfois les stéréotypes de genre, certes pour les dénoncer, avant même que les enfants aient conscience de leur existence. Elle est ainsi dubitative sur la création d’une collection pour les tout-petits chez Talents Hauts, “Badaboum, par terre les clichés” qui propose des albums tout cartonnés. D’après son expérience d’animatrice, elle trouve que les enfants ont vraiment intégré les stéréotypes sexistes en milieu de primaire et qu’il n’est pas forcément pertinent d’aborder le sujet avant. Elsa Kedadouche souligne que sa fille lève les yeux au ciel quand on lui présente un album qui déconstruit ouvertement les clichés et qu’il faut désormais aller plus loin. 

(je n’étais pas vraiment d’accord sur cette partie. J’ai trouvé dans mon entourage familial et professionnel que les normes de genres étaient imposées très tôt et violemment aux enfants et que beaucoup de stéréotypes étaient déjà intégrés dès l’école maternelle. Et si je suis d’accord qu’on ne peut pas se contenter d’albums que j’appelle “manifeste” qui déconstruisent ouvertement les clichés, je pense qu’ils ont leur importance pour pouvoir parler explicitement des choses, servir de support d’échange. Je pense que des tout-cartons qui déconstruisent les stéréotypes peuvent au moins faire réfléchir les adultes qui les lisent. Et si mes enfants lèvent aussi les yeux au ciel en me disant “on sait maman, tu nous l’a déjà dit 1000 fois” quand je leur dit que le rose c’est pas que pour les filles, pourtant j’ai vu qu’avant de faire quelque chose qui va contre les normes de genre, comme mettre des barrettes pour aller à l’école, mon fils va ressortir ces albums là, les relire, s’en servir de moyen de réassurance). 

je m'appelle JulieSarah Ghelam observe aussi la tendance de certains albums à ne présenter des personnages LGBT que comme chute de l’album. C’est le cas par exemple de Tourmaline de Davide Cali et Fatinha Ramos (Alice Jeunesse, 2021) : le chevalier est finalement une chevalière. Sur les questions LGBT, elle déplore aussi que les albums avec des personnages LGBT présentent souvent des expériences très douloureuses. Par exemple dans je suis Camille de Jean-Loup Felicioli, premier album jeunesse avec une héroïne trans, on sait dès le début de l’album que Camille a des souvenirs douloureux, et dans un passage elle envisage le suicide. Elle se réjouit donc particulièrement de la sortie l’album je m’appelle Julie de Caroline Fournier et Laurier the Fox le 27 mai aux éditions on ne compte pas pour du beurre, un album beau et joyeux, qui met en scène la joie d’être respectée dans son identité. Il manque encore d’albums comme celui-ci ou comme Julian au mariage de Jessica Love (Pastel, 2021) qui se déroule lors d’un mariage lesbien, sans que ce soit le sujet de l’album. 

Quand on les interroge, justement, sur ce qu’il manque encore, ce qu’il reste à faire et à proposer dans l’édition jeunesse, et sur leurs projets à venir, voilà leurs réponses : 

Hilda et la princesseIsabelle Cambourakis dit que toute une veine d’albums antisexistes présentent une héroïne qui se distingue, qui devient une femme avec plein de pouvoir, avec comme sous-texte “toi aussi tu peux devenir une femme de pouvoir” et qu’elle considère que ce sont des ouvrages capitalistes. Que sa collection ne dénonce pas seulement les normes de genre mais un système plus général, que la collection est aussi anticapitaliste, antiraciste. Que le but n’est pas de vivre bien dans le système. Elle attend une proposition d’un album anticapitaliste. Sarah Ghelam souligne que dans les romans ados, on trouve des personnages qui font preuve d’agentivité, c’est-à-dire de capacité à changer le monde, à changer les choses, et pas seulement à y trouver leur place “malgré” leur différence, comme par exemple Katniss dans Hunger games, mais que c’est rare dans l’album jeunesse. Elle trouve pourtant que ça pourrait être le cas dans Hilda et la princesse d’Eva Rust publié en 2019 dans la collection Sorcière : la petite sorcière va prendre les choses en main, délivrer la princesse et elles vont pouvoir finalement sortir du cadre. Isabelle Cambourakis dit qu’effectivement, si elle a choisi de le publier dans sa collection, c’est qu’au-delà de la remise en cause des stéréotypes sexistes, il y avait un côté Mimi Cracra qui lui plaisait, mais aussi un côté hors norme et antisystème. 

Elsa Kedadouche raconte qu’elle a fait face à des discriminations franches. Des marques de rejet en salon du livre devant l’amoureuse de Simone (Sarah Ghelam souligne que c’est la première fois depuis Camélia et Capucine d’Adela Turin et Nella Bosnia qu’on voit deux femmes amoureuses sur la couverture d’un album). Il y a eu aussi des interventions de parents contre l’intervention dans les écoles de la maison d’édition. Un moyen plus poli de rejet est de dire “on n’a pas le public pour ça”. Il faut donc continuer à lutter. La maison d’édition s’intéresse aussi à la fluidité de genre, la non binarité. Dans Léo là-haut de Melody Kedadouche et Adam Rosier, qui vient de paraître, est écrit en écriture inclusive. Afin que les enfants lecteurs puissent s’y projeter quelque soit leur genre. On peut aussi voir Léo comme un personnage non binaire. Un autre de leurs projets est la publication, à l’automne, d’un recueil de contes détournés écrits par Anne-Fleur Multon. On attend de voir s’ils permettent une sortie du système hétéro-patriarcal…

J’ai tenu à faire ce compte-rendu parce que j’ai trouvé que cette rencontre apportait des aspects différents de beaucoup de tables rondes et rencontres sur le sujet, en la replaçant d’avantage dans le matrimoine de l’édition jeunesse et en interrogeant les manques dans la production actuelle. J’ai particulièrement apprécié la référence d’Isabelle Cambourakis à l’article de Cécile Boulaire que j’ai trouvé vraiment important dans ma réflexion sur la littérature jeunesse de ces derniers mois. Et c’est toujours intéressant de voir les nuances et les différences entre une table ronde de bibliothécaire (en majorité en tout cas) et d’éditrices. Merci, donc, à Sarah Ghelam.

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