Didier Jeunesse

La dictature des petites couettes

J’ai un faible pour la série « Olga » d’Ilya Green. Alors quand Gabriel de la Mare aux mots m’a proposé une chronique croisée autour du dernier album de cette série, la dictature des petites couettes, j’ai sauté sur l’occasion ! Retrouvez son avis ici.

Voilà les quatre livres précédents :

histoire de l'oeuf ilya green

strongboy ilya green

sophie et les petites salades  le pestacle green

Des livres qui mettent en scène des jeux d’enfants, et ce qui est particulièrement appréciable, des jeux non genrés. Filles comme garçon jardinent, jouent à la marchande ou au « pestacle ». Dans ces albums, les filles peuvent être chefs (mais ça devient compliqué quand elles le sont toutes en même temps), les garçons ont le droit de pleurer. C’est donc une série que j’apprécie particulièrement (j’ai un faible pour Sophie et les petites salades).

Le dernier-né, la dictature des petites couettes, parle de déguisement, et interroge de manière beaucoup plus directe des stéréotypes et des diktats de la mode, qui touchent très vite les enfants.

dictature des petites couettes green

On retrouve dans ce titre les personnages récurrents de la série : Olga, Ana, Sophie, Gabriel, mais aussi le chat géant, l’oiseau et les fourmis. Ana et Sophie ont trouvé un coffre rempli de déguisement. Olga propose d’organiser un concours de beauté. Mais que faut-il pour être beau ? Les filles ont des idées bien arrêtées sur la question. Sophie affirme « les garçons, ça peut pas être beau ! En plus, pour être beau, il faut des petites couettes comme ça ! ». Ana dit au chat « Oh là là, tous ces poils, c’est vraiment pas beau ! Moi, à mon avis, il faut les couper ! ». Mais Gabriel réplique « Nous aussi, on a décidé de participer au concours de beauté, parce que les garçon et les chats aussi ont le droit d’être beaux ! ». Que vont décider les fourmis, grand jury du concours de beauté ?

015

On retrouve dans cette série toutes les caractéristiques qui font le charme de cette série. Le texte très dialogué, parfois plus proche de la bande dessinée que du dialogue. Les dessins d’Ilya Green, tout simples sur fond blanc sans décor, les jeux sur les motifs de tissu sont particulièrement réussis ici. (ceux qui me connaissent savent que je suis une inconditionnelle d’Ilya Green. Les autres peuvent, pour se faire une idée, lire mes articles sur Marre du Rose, mais aussi mon arbre, Bulle et Bob, etc). Les jeux d’enfants entre complicité, disputes, certitude d’avoir raison et mauvaise foi. Le décalage entre un côté très réaliste des jeux d’enfants et la présence naturelle avec eux d’un chat géant et de fourmis qui parlent.

 Mais puisque nous sommes ici avant tout pour parler représentations filles/garçons et antisexisme…

Les critères de beauté présentés par les enfants, même s’ils peuvent faire sourire, paraître dérisoires, sont cependant très proches de leur vécu, et pas foncièrement différents de ceux qui pèsent sur les adultes. Comme chez les adultes, les critères de beauté et les normes à respecter pèsent davantage chez les filles que chez les garçons. Elles les connaissent, les ont intégrées. Et cherchent à les reproduire, à les imposer aux autres. Elles sont certaines que ces critères relatifs sont absolus. La chute va rappeler que ce n’est pas le cas.

Mais est-ce que les enfants vont en prendre conscience seuls, simplement en écoutant la lecture de l’album ? Je n’en suis pas certaine. Je pense qu’une discussion, voire une explication sera nécessaire.

Publicité

Les liens de la semaine (1er juin 2014)

Cette semaine :

Une sélection des livres des éditions Didier Jeunesse qui abordent la question de l’identité fille/garçon. On y trouve des livres d’Ilya Green, de Stéphane Servant…

Légothèque, un blog de l’Association des Bibliothécaires de France un blog sur les bibliothèques, la construction de soi et la lutte contre les stéréotypes. Il s’intéresse à la fois à l’antisexisme et au multiculturalisme.

Je découvre en retard que l’université Lyon 1 a organisé le 5e festival science et manga sur le thème du genre. Si la manifestation est terminée, on peut encore trouver sur le blog du festival des ressources intéressantes, en particulier une sélection de mangas analysés du point de vue du genre et des conférences filmées.

Une présentation des éditions Talents Haut par Camille Labousse. Son article a été commenté sur les vendredis intellos.

Pour ce qui est des livres antisexistes, la maison d’édition Des ronds dans l’O publie des bandes dessinées regroupant des courts récits d’auteurs et d’illustrateurs différents, intitulées En chemin, elle rencontre, sur les droits des femmes. L’éditeur leur a consacré des pages internet détaillées, avec présentation du projet et lien vers des articles de journaux ou de blogs qui en parlent. Le  premier volume s’intitule les artistes s’engagent contre la violence faite aux femmes, le second les artistes se mobilisent pour le respect du droit des femmes et le dernier les artistes se mobilisent pour l’égalité Femme-Homme. Ce dernier volume est également présenté (avec des images) par Noukette.

Je vous invite également à lire l’article de Delivrer des livres sur On n’est pas des poupées, mon premier manifeste féministe de Delphine Beauvois et Claire Cantais (la ville Brûle, 2013) et un article de Toute la culture sur la déclaration des droits des filles et la déclaration des droits des garçons d’Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol (Talents Hauts, 2014).

Et retrouvez toujours les liens sur la page facebook du blog ! Bonne lecture.