Actes Sud Junior

Les femmes scientifiques dans la littérature jeunesse

Après les femmes artistes, j’avais envie de vous parler de femmes scientifiques.

Si on tape « dessin de scientifique » sur google, on trouvera quasiment uniquement des hommes. Encore plus si c’est un « professeur ».

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Alors apportons un peu de diversité dans les représentations. Proposons des femmes scientifiques dans les livres pour enfants, découvrons d’autres femmes que Marie Curie, toujours donnée en exemple, et souvent la seule femme dans des livres sur les sciences. Il y en a souvent quelques unes dans les livres de portraits de femmes, mais je vais me pencher ici sur les livres spécifiquement centrés sur les scientifiques. 

 

Les recueils :

inventrices et leurs inventionsInventrices-Inventions-1

  Les inventrices et leurs inventions d’Aitzibier Lopez et Luciano Lozano (éditions des éléphants, 2019).

Dans ce livre au format album accessible dès 5-6 ans, on trouve des portraits d’inventrices qui « ont révolutionné notre quotidien, en inventant une multitude d’objets devenus indispensables : couches jetables, lave-vaisselle, mais aussi essuie-glaces ou périscope… ». En se concentrant sur les inventions du quotidien, le choix des femmes qu’on y découvre est différent de la plupart des autres livres sur la question, cela apporte une variété bienvenue !

 

Capture d’écran 2021-05-31 à 10.21.53femmes de science poulpe fiction

Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin (Poulpe Fiction, 2021)

La collection 100% bio de chez Poulpe fiction a pour projet de proposer des biographies dynamiques et facilement lisibles par les (pré)ados. Le 7e tome est consacré aux femmes scientifiques. « Excédée par les propos de Clément, son frère qui affirme que les femmes ne sont pas faites pour les sciences, Louise relate avec humour la vie de 25 grandes scientifiques : Marie Curie, Jocelyn Bell, Emilie du Châtelet, Rosalind Franklin ou encore Jane Goodall. » Le ton est moderne et accrocheur. A partir de 10 ans environ.  

 

femmes de scienceFemmes de science, à la rencontre de 14 chercheuses d’hier et d’aujourd’hui d’Annabelle Kremer-Lecointre (La Martinière Jeunesse, 2021)

Ce documentaire à destination des ados présente sous forme d’interview (souvent fictives) le parcours de femmes scientifiques. Il est richement illustré et plusieurs pages mettent en contexte les découvertes et la vie de ces chercheuses. Son intérêt principal est de présenter des figures historiques mais aussi des portraits de chercheuses françaises contemporaines.  A partir de 12-13 ans. 

 

women in science

mary anning women in science

Women in science, 50 fearless pioneers who change the world de Rachel Ignotofsky (Ten Speed, 2016)

Ce livre n’a malheureusement pas été traduit en français. D’habitude, je ne publie pas de livres en anglais, parce que je le lis très mal, et que j’ai déjà du mal à suivre la production éditoriale française, mais j’en ai entendu beaucoup de bien, en particulier de la part de Sophie en qui j’ai toute confiance sur le sujet. 

 

Enfin, ce n’est pas un livre mais une ressource intéressante pour les plus grand·es, lycéen·nes et étudiantes, le site de l’association femmes et sciences qui a pour objectif de « promouvoir et de valoriser les carrières scientifiques et techniques auprès des jeunes filles et des jeunes femmes, de promouvoir et de valoriser les femmes dans les carrières scientifiques et techniques » est très riche et propose entre autres une brochure avec « 40 femmes scientifiques remarquables du XVIIIe siècle à nos jours »

 

Marie Curie :

Comme Frida Kahlo pour les artistes, Marie Curie est LA femme scientifique qu’on trouve systématiquement mise en avant, parfois au détriment des autres. Elle est dans tous les livres sur les portraits de scientifiques ou presque, souvent la seule femme ou quasiment.

Extrait de Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin

Extrait de Les femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! de Natacha Quentin

On trouve 44 notices à son nom en littérature jeunesse dans Electre, logiciel professionnel des libraires et bibliothécaires. Quand on peine souvent à trouver un ou deux livres sur d’autres femmes. Je vous propose donc une sélection par âge approximatif. 

Marie curie petite & grande

Marie Curie d’Isabel Sanchez Vegara et Frau Isa, collection petite & grande (Kimane, 2018). Cette collection, qui présente de nombreux portraits de femmes (on retrouvera Ada Lovelace un peu plus bas) se présente comme un album, accessible aux enfants dès 3-4 ans. Une grande douceur dans les illustrations pour une première approche. 

 

marie curie odyssées

Le génial podcast pour enfants « les odyssées » consacre pas moins de trois épisodes à Marie Curie ! C’est vivant, prenant et très chouette à écouter en famille. « Voici l’odyssée d’une des femmes les plus épatantes qu’ait connue l’histoire, si bien qu’elle a changé le monde grâce à ses incroyables découvertes scientifiques ! Tenez-vous prêts à pénétrer dans le laboratoire de Marie Curie où nous allons assister à de folles expériences. Marie ne veut qu’une chose : réaliser son rêve, devenir une femme de sciences ! »

Marie Curie Bayard

L’incroyable destin de Marie Curie, qui découvrit la radioactivité de Pascale Hédelin et Capucine (Bayard Jeunesse, 2018)

Cette collection propose des portraits de scientifiques dans un format « roman première lecture » à partir de 8 ans. On y trouve également quelques pages documentaires sur le contexte de l’époque et les découvertes scientifiques et leurs conséquences. 

Marie Curie grandes vies GallimardMarie Curie d’Isabel Thomas et Anke Weckmann, collection « les grandes vies » (Gallimard jeunesse, 2018)

Un documentaire petit format aux illustrations mignonnes, mais aux explications quand même assez pointues et complètes. J’y ai découvert beaucoup de choses quand je l’ai lu avec les enfants. A partir de 8-9 ans. 

 

marie curie belinLe journal de Marie Curie de Gertrude Dordor et Daphnée Collignon (Belin Jeunesse, 2020). Chez un éditeur pédagogique et scolaire, la vie de Marie Curie sous la forme d’un journal de bord, de son enfance en Pologne jusqu’à ses prix Nobel et son engagement pendant la Première Guerre mondiale. Un roman illustré indiqué à partir de 9 ans. 

 

 

Marie curie ceux qui ont dit non

Marie Curie, non au découragement d’Elisabeth Motsch, collection « ceux qui ont dit non » (Actes Sud Junior, 2016). 

Dans la chouette collection « ceux qui ont dit non » dont je parlais ici, un court roman biographique qui est centré sur sa lutte pour se faire une place dans le milieu scientifique, malgré les cabales et le dénigrement constant des milieux traditionnels. A partir de 12 ans environ. 

 

marie et bronia

Marie et Bronia de Natacha Henry (Albin Michel Jeunesse, 2017). Existe aussi au format poche (le livre de poche jeunesse, 2019) et en livre audio (Audiolib, 2019). « En Pologne, suite à la mort de leur mère, Marie Curie et sa soeur Bronia décident de tout faire pour aller à l’université afin de réaliser leurs rêves, devenir chimiste et médecin. Mais les femmes n’y étant pas admises, elles font alors un pacte : Bronia part la première faire des études de médecine à Paris et, une fois installée, fait venir Marie pour que celle-ci suive des études à son tour. » Ce roman ado, donc, accorde beaucoup de places aux années de formation et souligne l’importance du soutien familial de Marie Curie, son père et le lien avec sa soeur Bronia. La seconde prend autant de place que la première et c’est intéressant de découvrir cette femme médecin, engagée et militante. Cependant, j’ai trouvé qu’il accordait un peu trop d’importance aux histoires d’amour par rapport aux recherches scientifiques des deux femmes. A partir de 12-13 ans. 

Vous pouvez aussi retrouver la vie de Marie Curie en BD, chez Faton (Marie Curie, la scientifique aux deux prix Nobel de Céka et Yigaël) ou chez Bayard (Marie Curie en BD d’Agnieska Biskup et Sonia Leong), une petite biographie dans la collection quelle histoire qui a été adaptée en courte vidéo disponible sur youtube, un petit roman policier qui met en scène deux enfants qui viennent en aide à Marie Curie (Menaces sur le trésor de Marie Curie d’Emmanuelle Kecir-Lepetit, Le Pommier, 2017), une biographie romancée pour ados de Xavier-Laurent Petit (Marie Curie, elle a découvert l’énergie nucléaire, école des loisirs, 2016). Et enfin, elle prend une place importante dans le film d’animation Dilili à Paris de Michel Ocelot (2018), parmi d’autres femmes ayant réellement existé, où elle vient en aide à l’héroïne. 

 

Les portraits d’autres femmes scientifiques :

Marie Curie prend une place énorme. Elle a tendance à être l’arbre qui cache la forêt, donc il me tenait à coeur de mettre en avant d’autres scientifiques, dont beaucoup que j’ai découvertes moi-même grâce à ces ouvrages à destination de la jeunesse. 

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Ces affiches sont téléchargeables gratuitement sur le site d’Elise Gravel et la première existe aussi en version à colorier

 

Je vous les présente par ordre chronologique approximatif. 

Hypathie d’Alexandrie (entre 355 et 270-415), philosophe, astronome et mathématicienne

hypatiaHypatia d’Arnulf Zitelmann, (école des loisirs, 1991)

Roman biographique de la philosophe et mathématicienne de l’Antiquité tardive. A partir de 12 ans environ.

 

Emilie du Châtelet (1706-1749), femme de lettres, mathématicienne et physicienne

passions d'emilieLes passions d’Emilie, la marquise du châtelet, une femme d’exception d’Elisabeth Badinter et Jacqueline Duhême (Gallimard jeunesse, 2006, épuisé)

Un album à partir de 6 ans. 

J’ai hésité à le mettre parce qu’il est épuisé, mais je n’ai rien trouvé d’autre sur Emilie du Châtelet et j’avais envie qu’elle figure dans cette liste. Vous le trouverez sans doute en bibliothèque. 

Sophie Germain (1776-1831), mathématicienne

rien n'arrête sophie

Rien n’arrête Sophie, l’histoire de l’inébranlable mathématicienne Sophie Germain de Cheryl Bardoe et Barbara McClintock (éditions des éléphants, 2018)

Un album biographique accessible dès 4 ou 5 ans, qui montre autant dans le texte que dans l’illustration que le langage mathématique peut être un poème, qui souligne le courage et l’obstination de Sophie Germain pour s’imposer dans un monde d’hommes et qui présente de manière simple et accessible ses découvertes. Sophie en parle ici. Etonnant que cette biographie d’une scientifique française soit une traduction d’un livre américain !

sophie germain la femme cachée des mathématiquesSophie Germain, la femme caché des mathématiques de Sylvie Dodeller et Julien Billaudeau (école des loisirs, 2020) 

Un roman biographique à partir de 12 ans. 

L’écriture de ce roman a provoqué chez Sylvie Dodeller des interrogations sur la place des femmes dans la science, et a créé un podcast, « Sophie Germain project« , une émission qui parle de la place des femmes dans les sciences. Pourquoi y a t-il si peu de filles dans les filières scientifiques comme les maths, la physique ou l’informatique ? Qu’est-ce qui les freine ? Comment les inciter à y aller ? Qu’est-ce que l’effet Matilda ? Pourquoi des scientifiques comme Sophie Germain, Ada Lovelace ou Lise Meitner ont-elles été oubliées, invisibilisées ? Des chercheur.e.s en histoire des sciences, histoire de l’éducation, sociologues et spécialistes du genre répondent à toutes ces questions et à bien d’autres au micro de Sylvie Dodeller.

Ada Lovelace (1815-1852), pionnière de la science informatique

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Ada Lovelace de Maria Isabel Sanchez Vegara et Zafouko Yamamoto dans la collection Petite & Grande (Kimane, 2020)

Un album accessible dès 4 ans. 

 

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Opération Lovelace d’Emmanuelle Kécir-Lepetit (Le Pommier, 2018)

Dans la collection « les savantissimes », des petits romans à partir de 9 ans qui mettent en scène des enfants qui viennent en aide à des grands scientifiques. On me souffle cependant à l’oreille qu’ils sont souvent plus didactiques que romanesques… 

Voilà le résumé de celui-ci : Hiver 2025 : un virus géant a attaqué les systèmes informatiques occidentaux. Plus rien ne fonctionne. Au Pentagone, des experts internationaux tentent de trouver une solution, le Professeur Holmes est consulté. Selon lui il n’y a qu’une solution : revenir en arrière et réparer le mal à la source en empêchant l’invention de l’informatique, cause de tous leurs soucis. Un programme secret du département de défense américain, baptisé « Lovelace », permettrait de voyager dans le temps et de se transporter en 1943 à l’université de Philadelphie, où a été construit le premier ordinateur. Nancy, une jeune fille de 12 ans, après avoir franchi un tunnel spatio-temporel, se retrouve propulsée à Londres, début juillet 1843. Le programme s’est trompé de 100 ans… Elle rencontre Oliver, un autre enfant, mais surtout Ada Lovelace, pionnière du langage informatique et Charles Babbage inventeur de la machine à différence. Entre passé et futur, les aventures seront nombreuses et les deux enfants découvriront la vie et les recherches d’Ada Lovelace, mathématicienne et première programmeuse informatique, discipline apparue au milieu du 20ème siècle…

A noter qu’un titre lui avait déjà été consacré dès 1998, Ada de Lovelace et la programmation informatique de Jean-Paul Soyer (Sorbier, 1998, épuisé)

Sophie Kovaleskaia (1850-1891), mathématicienne

Un épisode du podcast « Sophie Germain Project » dont j’ai parlé un peu plus haut lui est consacré : « la mathématicienne Sophie Kovaleskaia, portrait d’une aventurière« , accessible aux ados. 

Joan Procter (1897-1931), herpétologue

joan procter

Joan Procter, la femme qui aimait les reptiles de Patricia Valdez et Felicita Sala (Cambourakis, 2018)

Un très bel album qui raconte la vie de cette spécialiste des reptiles, qui s’est en particulier occupée des dragons de Komodo du zoo de Londres. C’est cet album qui a donné envie à mon fils, passionné par les reptiles, de devenir herpétologue. 

 

Anita Conti (1899-1997), océanographe

Dans la collection « l’incroyable destin » qui a déjà publié les biographies de Marie Curie, Katherine Johnson et Dian Fossey va paraître en septembre 2021 l’incroyable destin d’Anita Conti de Fleur Daugey et Laura Pérez. 

Katherine Johnson (1918-2000), physicienne, mathématicienne et ingénieure spatiale :

Katherine Johnson nasaL’incroyable destin de Katherine Johnson, mathématicienne de génie à la Nasa de Pascale Hédelin et Javi Rey (Bayard, 2020)

Un petit roman avec des pages documentaires, à partir de 8-9 ans. 

 

 

combien de pas jusqu'à la lune

Combien de pas jusqu’à la lune de Carole Trébor (Albin Michel Jeunesse, 2019)

Un roman pour ados très chouette (malgré quelques longueurs) qui insiste surtout sur son enfance et ses années de formation, sa passion pour les mathématiques partagée avec son père et qui reste un lien entre eux, les discriminations et le racisme auquel elle doit faire face. A partir de 12-13 ans. 

 

figures de l'ombreLe film de Theodore Melfi, les figures de l’ombre (2016) met en avant trois scientifiques noires ayant travaillé pour la Nasa, Katherine Johnson, mais aussi Dorothy Vaughan (qui devient responsable du département de calculs informatiques de la NASA) et Mary Jackson (première Afro-Américaine ingénieure en aéronautique). Ce film a joué un rôle important dans la mise en avant de ces femmes qui avaient été invisibilisées. Si ce n’est pas à proprement parler un film pour les enfants, il peut parfaitement être vu avec des ados.  

 

Rachel Carson (1907-1964), biologiste marine et militante écologiste

rachel carsonRachel Carson, non à la destruction de la nature d’Isabelle Collombat, dans la collection ceux qui ont dit non (Actes Sud Junior, 2021). Ce court roman parle de sa carrière scientifique, mais aussi de son engagement écologiste, dénonçant l’empoisonnement de la planète par l’industrie chimique, les pesticides et tout ce qui se déverse dans la nature. C’est le second roman de cette collection consacré à une scientifique, après celui sur Marie Curie présenté un peu plus haut. Pour ados à partir de 12 ans. 

 

Dian Fossey (née en 1932), primatologue

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Dian Fossey d’Isabel Sanchez-Vegara et Alessandra De Cristofaro dans la collection Petite & Grande (Kimane, 2018)

Dès 4 ans. 

 

 

dian fossey bayardL’incroyable destin de Dian Fossey, une vie à étudier les gorilles de Jean-Baptiste de Panafieu et Claire de Gastold (Bayard Jeunesse, 2019).

A partir de 8-9 ans. Dans la même collection, on trouve également Marie Curie et Katherine Johnson. Cela fait donc 1/3 de femmes dans la collection, ce qui est plus que ce que l’on trouve en général…

 

dian fossey a dos d'ane

Dian Fossey, l’ange gardien des gorilles de Brigitte Hache et Hypathie Aswang (A dos d’âne, 2020)

A partir de 8 ans. Une partie récit et un dossier documentaire.

Cet éditeur propose de nombreuses biographies, de personnes engagées, de scientifiques, d’artistes, etc. Mais leurs livres sont malheureusement rapidement épuisés, ce qui explique que je ne les ai pas plus cité dans mes articles. 

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Une bande dessinée accessible dès 7 ans qui présente le travail et les observations des grands singes de Jane Goodall (chimpanzés), Diane Fossey (gorilles) et Biruté Galdikas (orang-outang). 

 

Jane Goodall (née en 1934), éthologue, spécialiste des chimpanzés

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La petite fille aux singes, l’enfance incroyable de Jane Goodall de Patrick McDonnell (De la marinière jeunesse, 2013)

Cet album accessible dès 4 ans, met en scène l’enfance de Jane Goodall, passionnée par la nature, l’observation des petites bêtes de son jardin, sa passion pour l’Afrique, dès l’enfance. L’album s’achève sur une photographie de Jane Goodall adulte, qui a réalisé son rêve d’enfance. On y trouve des dessins d’enfance de Jane, quand elle était à la tête de la « Société des Alligators », des gravures naturalistes et le dessin très doux de Patrick MacDonnell. Un album très émouvant, un coup de coeur pour moi. 

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Jane Goodall de Noémie Arnaud (Quelle histoire, 2020)

Dans cette collection de biographies, à partir de 6 ans, un portrait de Jane Goodall. A petit prix (5 euros). Ils en ont fait une vidéo visible ici

 

 

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Le super podcast les Odyssées consacre deux épisodes à Jane Goodall. C’est par ces épisodes que nous avons découvert ce podcast, et mes enfants se sont passionnés pour cette histoire. A partir de 5-6 ans.

 

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Une bande dessinée accessible dès 7 ans qui présente le travail et les observations des grands singes de Jane Goodall, Diane Fossey et Biruté Galdikas. 

 

 

 

ma vie avec les chimpanzés

Ma vie avec les chimpanzés de Jane Goodall (école des loisirs, 1e édition 1989,  réédité en juin 2021)

Jane Goodall a elle-même écrit une autobiographie pour les ados à partir de 11 ans où elle raconte son parcours depuis les petits boulots de Bournemouth jusqu’à la réserve de Gombe et sa rencontre avec les chimpanzés.

 

 

 

Un film documentaire, Jane, a été réalisé en 2018 par le National Geographic, à partir d’images d’archives. Je ne sais pas si le film entier est adapté aux enfants, mais en tout cas on peut regarder avec eux quelques extraits visibles sur Youtube, ici ou par exemple. 

Un titre consacré à Jane Goodall existe également dans la collection Petite & Grande aux éditions la courte échelle (Jane Goodall de Maria Isabel Sanchez Vegara et Beatrice Cerocchi, Courte échelle, 2019). Ce sont des éditions canadiennes. En attendant que le titre soit peut être repris chez Kimane, il semble qu’il est distribué en France. 

 

Biruté Galdikas (née en 1946), primatologue

sur la trace des grands singes

Sur les traces des grands singes avec Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas de Jim Ottaviani & Maris Wicks (Ecole des loisirs, 2016)

Dans ce livre déjà cité plus haut pour Dian Fossey et Jane Goodall, on découvre les recherches de Biruté Galdikas sur les orang-outangs. 

 

Les fictions autour des filles et de la science :

J’avais envie de vous parler ici de livres qui ne mettent pas en scène des scientifiques ayant réellement existé, mais qui utilisent la fiction pour présenter des procédés scientifiques, pour parler de la place des femmes en science. 

comment fabriquer grand frèreComment fabriquer son grand frère ? un livre d’anatomie et de bricolage d’Anais Vaugelade (école des loisirs, 2016)

Dans cet album très grand format, Zuza, héroïne récurrente d’Anais Vaugelade, a décidé de se fabriquer un grand frère. C’est donc le prétexte d’un documentaire sur le corps humain et ce qui le compose, mais aussi, je trouve, une bonne première approche de la méthode scientifique : Zuza expérimente, rate, recommence, fait des recherches pour comprendre pourquoi elle s’est trompée. Et la science est également présenté comme un travail d’équipe puisqu’elle est aidée du crocodile et de ses jouets. 

L’éditeur le conseille à partir de 7 ans mais mon fils s’est passionné pour ce livre dès 3 ans 1/2 (et a joué à la rotule et à la cupule pendant des semaines). 

effet matildaL’effet Matilda d’Ellie Irving (Castelmore, 2017). Existe aussi en version adaptée aux dyslexiques (Castelmore, 2018). A partir de 10 ans. 

Matilda, douze ans, adore les sciences ! Ses héros sont Léonard de Vinci et Marie Curie, et elle passe son temps à imaginer et à fabriquer des inventions géniales. Elle est donc stupéfaite d’apprendre que sa grand-mère était une astrophysicienne, et qu’elle a autrefois découvert une planète ! Mais son odieux chef le professeur Smocks s’est attribué cette extraordinaire trouvaille… Pour Matilda, il est hors de question de le laisser s’en tirer et gagner un prix Nobel. Elle fera éclater la vérité ! Elle n’a que deux jours pour embarquer Mamie Joss dans un voyage loufoque et épique jusqu’en Suède… 

Avec ce jeu de mot, ce roman évoque un souci très réel en sciences, l’effet matilda, qui désigne désigne le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins (on en parle souvent pour les scientifiques Rosalind Franklin ou Lise Meitner). La grand-mère de Matilda est inspirée de Jocelyn Bell, connue pour sa découverte du premier pulsar, pour laquelle c’est son directeur de thèse Antony Hewish qui obtient le prix Nobel.

Une chouette présentation de ce roman par Lucie Kosmala ici

Je tiens cependant à indiquer que Castelmore appartient aux éditions Bragelonne dont le directeur de publication et le cofondateur, Stephane Marsan, est accusé de « remarques et de gestes inappropriés, à connotation sexuelle, dans un cadre professionnel« . Plusieurs autrices ont demandé une enquête interne, sans suite à ce jour, à ma connaissance.  

calpurniaCalpurnia de Jacqueline Kelly (école des loisirs, 2013). 

Calpurnia Tate a onze ans. Dans la chaleur de l’été, elle s’interroge sur le comportement des animaux autour d’elle. Elle étudie les sauterelles, les lucioles, les fourmis, les opossums.
Aidée de son grand-père, un naturaliste fantasque et imprévisible, elle note dans son carnet d’observation tout ce qu’elle voit et se pose mille questions. Pourquoi, par exemple, les chiens ont-ils des sourcils ? Comment se fait-il que les grandes sauterelles soient jaunes, et les petites, vertes ? Et à quoi sert une bibliothèque si on n’y prête pas de livres ?
On est dans le comté de Caldwell, au Texas, en 1899. Tout en développant son esprit scientifique, Calpurnia partage avec son grand-père les enthousiasmes et les doutes quant à ses découvertes, elle affirme sa personnalité au milieu de ses six frères et se confronte aux difficultés d’être une jeune fille à l’aube du XXe siècle. Apprendre la cuisine, la couture et les bonnes manières, comme il se doit, ou se laisser porter par sa curiosité insatiable ? Et si la science pouvait ouvrir un chemin vers la liberté ?

Un roman ado (à partir de 11-12 ans) qui a reçu le prix sorcière en 2014 et dont je n’ai entendu que du bien. L’autrice l’a également déclinée en série pour les plus jeunes (Calpurnia, apprentie vétérinaire), à partir de 8 ans. Et le roman a également été adapté en BD, chez Rue de Sèvre, par Daphné Collignon. 

 

Et en sciences humaines ? 

Jusque là on a parlé de sciences dites dures. Mais trouve-t-on des livres sur les chercheuses en sciences humaines ? Alors là, c’est le désert quasi absolu. A moins que des références m’aient échappées.

J’ai trouvé deux livres de la collection « les petits Platons » (collection qui fait découvrir les grand·es philosophies aux enfants à partir de 9 ans) sur des femmes philosophes. La première, c’est la politologue et philosophe Hannah Arendt (1906-1975)

petit théâtre de Hannah Arendt

Le petit théâtre de Hannah Arendt, raconté par Marion Muller-Colard et illustré par Clémence Pollet (les petits Platons, 2014)

En 1975 alors qu’elle travaille à La vie de l’esprit, Hannah Arendt reçoit la visite de la petite fille qu’elle a été. La petite Hannah la suppliant de lui raconter une histoire, elles investissent toutes les deux une scène de théâtre et convoquent Aristote pour écouter son enseignement sur l’espace public et la Cité.

Un autre livre est consacré à Hannah Arendt aux éditions A dois d’âne, mais il est épuisé : Hannah Arendt transforme le monde de Yan Marchand et Anastassia Elias (A dos d’âne, 2017)

La seconde, c’est la philosophe et théologienne Edith Stein (1891-1944)

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Le secret d’Edith Stein raconté par Marguerite Léna et Bénédicte Bouillot et illustré par Anne-Lise Boutin (Les petits Platons, 2016)

Edith Stein explore un mystérieux château qui n’est autre que son propre pays intérieur. Une invitation à découvrir la pensée de la phénoménologue à destination des enfants.

 

Si je n’ai pas trouvé de livres consacrés à des femmes chercheuses en sciences humaines, certaines d’entre elles ont elles-mêmes publié pour la jeunesse. Malheureusement les livres que j’ai repéré sont souvent épuisés…

histoire des femmesMichelle Perrot (née en 1928) , historienne, a répondu aux questions de deux collégiennes dans il était une fois… l’histoire des femmes : Michelle Perrot répond aux questions d’Heloïse et Oriane (Lunes, 2001). 

Voici donc une discussion entre deux jeunes adolescentes et Michelle Perrot, professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université Paris VIII, réputée pour ses ouvrages et son combat en faveur de l’histoire des femmes. Ici, Michelle Perrot, en grande pédagogue, se prête volontiers aux questions des deux jeunes filles, à leurs interrogations actuelles sur le sport, les métiers ou encore les top-models. L’universitaire apporte des réponses simples et surtout resitue ce long combat et la place des femmes dans notre société actuelle.

héritier différence des sexesFrançoise Héritier (1933-2017) , anthropologue, au publié chez Bayard Jeunesse en 2010 un livre intitulé la différence des sexes destiné aux ados. Ce titre est désormais épuisé, mais il a été réédité en 2019, cette fois dans une collection pour adultes, avec le résumé suivant : C’est en fait un condensé de son oeuvre, accessible à tous, que Françoise Héritier nous offre ici. Les différences objectives entre les sexes entraînent-elles des différences d’aptitudes, des différences dans le domaine juridique, professionnel, et la domination d’un sexe sur l’autre ? Ses différences sont-elles naturelles ou culturelles ? Une leçon limpide sur l’égalité entre hommes et femmes, loin d’être acquise dans le monde et même dans nos sociétés. Je le mets quand même ici, puisqu’il a été conçu pour les ados à l’origine. Mais il démontre quelque chose dont je suis persuadée depuis longtemps : les documentaires pour enfants et ados sont aussi une excellente porte d’entrée pour les adultes qui veulent aborder un domaine qu’ils ne connaissent pas bien. 

pourquoi les richesMonique Pinçon-Charlot (née en 1946), sociologue, a écrit avec son mari Michel, pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvre ?, un documentaire pour les enfants à partir de 9-10 ans illustré par Etienne Lécroart et publié aux éditions La ville brûle (1e édition 2014, réédité dans une version enrichie en 2018) : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social. Cette opération de dévoilement permettra aux jeunes (et aux moins jeunes) lecteurs de dépasser le stade du ressenti pour accéder à la compréhension des déterminismes sociaux qui entrent en jeu : les riches, les pauvres oui, c’est injuste… mais pas seulement ! Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? s’attaque aux mécanismes de la domination sociale. Qu’est-ce qu’une classe sociale ? À quoi reconnaît-on les riches ? Que font-ils avec leur argent et pourquoi ne le partagent-ils pas avec ceux qui manquent de tout ? A-t-on besoin des riches ? 20 questions pour rendre compte d’une réalité sociale complexe sont croquées ici avec finesse et humour par l’illustrateur Étienne Lécroart. 

 

Voilà qui vous donne un peu de lecture ! N’hésitez pas à donner en commentaire des titres que j’aurais oublié ou pas trouvé, j’ai essayé d’être exhaustive, mais ce n’est pas simple !

Les femmes dans l’histoire de l’art (et la littérature jeunesse)

Vous connaissez sans doute cette image qui concerne les collections du Met de New York.

guerrilla girls

Eh bien on peut faire à peu près la même constatation dans les rayons art en littérature jeunesse (on y trouvera sans doute moins de femmes nues, mais c’est une autre question). J’ai d’ailleurs fait le constat dans la bibliothèque où je travaille. Quand je suis arrivée, TOUTES les monographies sur les artistes concernaient des hommes. 

Autre exemple, dans le centre Pompidou, musée national d’art moderne de la collectioncentre pompidou 1eres découvertes « mes premières découvertes », TOUTES les oeuvres reproduites avaient été créées par des hommes. Les seules femmes présentes sont celles qui ont créé une des toiles de Klein en se roulant dans la peinture. Et je cite celui-là parce qu’une amie l’avait remarqué, mais c’est le cas dans beaucoup de titres de ce genre, d’imagiers d’art ou de collections de découvertes. Les femmes artistes, créatrices, sont trop souvent absentes ou invisibilisées. 

Alors voilà de quoi diversifier un peu vos rayons art, en profitant d’un certain renouveau éditorial sur la question : la plupart des documentaires cités ont moins de cinq ans. 

Mais avant de parler de documentaires sur l’art, je voulais parler de deux albums que j’aime beaucoup, de Claire Cantais, Victoire s’entête (atelier du poisson soluble, 2006) et Votez Victorine (atelier du poisson soluble 2016).

Dans ces albums, Claire Cantais (l’illustratrice du ‘premier manifeste antisexiste’, Ni poupées, ni super-héros ! ) mêle oeuvres d’arts des collections du Louvre pour le premier, du musée d’Orsay pour le second et collages de papiers pour proposer des fictions. Si les oeuvres sont (très) majoritairement des oeuvres d’hommes, les histoires mettent en scène des héroïnes qui sortent de l’ordinaire.

Dans le premier, qui reprend la structure d’un conte, Victoire n’a pas de tête. Son père offre sa main à l’homme qui trouvera la tête qui lui convient. Tous les hommes qui arrivent lui proposent non pas des têtes qui lui conviennent à elle, mais des têtes qui leur ressemblent à eux. Jusqu’à ce qu’arrive un homme qui se demande ce dont elle a réellement besoin…

Dans le second, Victorine vit la vie ennuyeuse des jeunes filles de bonne famille. Jusqu’au jour où ses cousins lui font une vilaine farce et la laissent seule et nue dans la nature. Ca va être le début d’aventures rocambolesques qui vont la conduire jusqu’aux plus hautes fonctions de l’État !

Un gros coup de coeur pour ces deux albums !

Mais revenons aux documentaires. Ces dernières années, plusieurs livres et projets ont été consacrées aux femmes artistes. (je me concentre sur la jeunesse, mais on retrouve le même phénomène dans les livres pour adultes).

Femmes peintres : elles ont marqué l’histoire de l’art de Sandrine Andrews (Palette, 2018) s’adresse aux enfants à partir de 9 ans. Voilà son résumé par l’éditeur :

Parmi les artistes clés de l’histoire de l’art, peu de femmes sont citées. Elles sont pourtant bien présentes sur la scène artistique, et ce dès le XVe siècle ! Leur influence et leur rayonnement restent encore trop peu mentionnés. Mais à qui doit-on le premier portrait de femme noire comme allégorie de la liberté ? Qui est la véritable pionnière de l’art abstrait ? Cet ouvrage dresse le portrait de douze peintres, injustement oubliées ou peu reconnues. Les artistes à découvrir : Artemisia Gentileschi, Élisabeth-Louise Vigée Le Brun, Marie-Guillemine Benoist, Rosa Bonheur, Berthe Morisot, Paula Modersohn-Becker, Hilma af Klint, Séraphine de Senlis, Frida Kahlo, Sophie Taeuber-Arp, Sonia Delaunay et Marlene Dumas

Chez le même éditeur, Femmes artistes de Mélanie Gentil (Palette, 2017) s’adresse à des plus grands, ados et adultes. Voilà le résumé :

Si les femmes sont extrêmement présentes dans l’art occidental en tant que personnages figurés, force est de constater qu’elles le sont beaucoup moins en tant qu’artistes. L’image sociale de la femme peintre, sculptrice ou photographe fut longtemps déconsidérée. Pour faire tomber ces obstacles, il a fallu des combats politiques et esthétiques, marqués par un féminisme à la fois courageux et créatif. Découvrez dans cet ouvrage des personnalités singulières et très fortes dans l’adversité comme Sonia Delaunay, Frida Kahlo, Niki de Saint Phalle ou plus récemment Shadi Ghadirian.

La chouette revue d’art Dada a consacré son numéro de novembre 2020 aux artistes femmes (mais notons que le magazine n’a consacré que 4 monographies à des femmes artistes en dehors de ce numéro, sur 126 numéros).

Et les femmes artistes, on n’en parle pas que dans les livres !

Petites histoires de grandes artistes, ce sont des vidéos d’animation ludiques et éducatives, à partir de 7 ans; « L’objectif de chaque épisode ? Faire découvrir en 3 min la vie et l’œuvre d’une artiste femme du XXe siècle. Imaginé par la scénariste Sophie Caron, chaque récit transmet l’originalité d’une démarche, son importance au sein d’un courant artistique, certains épisodes biographiques déterminants ainsi que les difficultés que l’artiste aura pu rencontrer dans l’exercice de sa pratique. » Le ton est (peut être un peu trop) didactique. On y croise des figures connues (Camille Claudel) mais aussi des artistes que j’ai personnellement découvertes comme Tarsila do Amaral. Elles sont produites par AWARE, association qui a pour objectif de « réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire ».

Enfin, même s’il s’adresse à un public adulte, je voulais quand même citer le MOOC « elles font l’art » du centre Pompidou sur les femmes artistes de 1900 à nos jours, avec des illustrations de Pénélope Bagieu. Il est peut être accessible aux ados ?

Je parlais de l’invisibilisation des femmes artistes, ce n’est pas tout à fait vrai. L’une d’entre elle se détache, est visible. C’est Frida Kahlo.

Les deux Frida

L’artiste mexicaine est une des rares à être régulièrement évoquée dans la littérature jeunesse depuis de nombreuses années (dans la lignée du film de 2003 ?). Elle est aussi dans quasiment tous les livres de “portraits de femmes”. Et ce n’est pas le cas seulement dans les livres. Il y a un marketing énorme autour de cette artiste qui touche aussi les enfants : Barbie Frida Kahlo, carnets, vêtements pour enfants… et même masques depuis le début de la pandémie. Cette exploitation marketing gomme l’engagement politique de cette femme, son handicap, et même très souvent son art, puisqu’on ne montre presque jamais ses tableaux mais toujours un portrait un peu fantasmé. Cette surreprésentation a un fort effet « arbre qui cache la forêt » : il y a une artiste connue, mais si vous voyez on parle des femmes artistes on a un livre sur Frida Kahlo dans notre collection… (on retrouve d’ailleurs cela avec les femmes scientifiques et la figure de Marie Curie)

Ca n’empêche pas que la production de livres autour de cette artiste soit très intéressante. Je vous propose donc une sélection (contrairement aux autres parties de l’article, je n’ai pas cherché à être exhaustive). D’abord, des albums, qui se sont inspirées de la vie et/ou de l’oeuvre de Frida Kahlo pour en proposer une lecture personnelle.

A la recherche de Frida Kahlo, de Catherine Ingram et Laura Callaghan (éditions du centre Pompidou, 2020). Un livre jeu à partir de 5-6 ans, un cherche et trouve dans l’esprit de où est Charlie ? 

Frida Kahlo et ses animaux de Monica Brown et John Parra (Versant Sud, 2019). Album biographique à partir de 4 ans. Ce livre raconte l’histoire de Frida Kahlo et celle de deux singes, d’un perroquet, de trois chiens, de deux dindes, d’un aigle, d’un chat noir et d’un faon.

Des pinceaux pour Frida de Véronique Massenot et Elise Mansot (l’élan vert, 2021), de la collection « Pont des Arts » qui a pour but de faire découvrir l’art par la fiction.

Petite Frida d’Anthony Browne (Kaléidoscope, 2019). Album à partir de 6 ans Une fillette solitaire… Une amitié magique… Voici l’histoire vraie d’une rencontre : celle de Frida Kahlo avec l’amie imaginaire qui l’a accompagnée et inspirée toute sa vie. À travers d’étonnants tableaux, Anthony Browne dresse un portrait très personnel de la petite Frida, avant qu’elle devienne l’une des artistes les plus célèbres au monde.

Frida de Sebastien Pérez et Benjamin Lacombe (Albin Michel Jeunesse, 2016). Album à partir de 9 ans. L’une des plus grandes figures de l’art mexicain du XXe siècle inspire Benjamin Lacombe et Sébastien Perez pour leur nouvelle collaboration.  Pour lui rendre hommage, Benjamin Lacombe propose une immersion inédite dans le processus créatif de l’artiste. Une succession de pages découpées et un texte poétique nous entraînent dans les profondeurs de l’âme de Frida Kahlo. À la manière d’un recueil de pensées, le livre explore les thématiques qui sont chères à Frida : l’amour, la mort, la terre, les animaux… 

Et une petite sélection parmi les documentaires qui lui sont consacrés :

Comment parler de Frida Kahlo aux enfants ? de Sandrine Andrews  (le baron perché, 2013) est malheureusement épuisé, mais vous le trouverez peut être encore en bibliothèque et j’aime beaucoup cette collection qui s’adresse aux parents pour accompagner leurs enfants.

Frida Kahlo de Sarah Barthère et Aurélie Grand (Milan Jeunesse, 2020), documentaire à partir de 5 ans, dans la collection “art” des documentaires Milan.

Frida Kahlo, une peinture de combat de Magdalena Holzhey (Palette, 2005), un documentaire à partir de 8 ans

Frida Kahlo : non à la fatalité d’Elsa Solal (Actes Sud Junior, 2020). Biographie romancée suivie de quelques pages documentaires, dans une collection, “ceux qui ont dit non”, qui propose des figures engagées. A partir de 12 ans

On trouve également un livre sur elle dans la collection Petite et grande de chez Kimane, dans la collection “les grandes vies” de chez Gallimard Jeunesse, dans la collection « Quelle histoire ». Ainsi qu’un numéro de la revue Dada.

Enfin, il me semble important de citer le film Frida de Julie Taymor avec Selma Hayek et Alfred Molina (2003), qui a beaucoup fait, je pense, pour la popularité de l’artiste, et qui peut être regardé par des adolescent·e·s. Voilà la bande annonce :

Frida Kahlo prend “beaucoup de place”, mais on peut trouver des ressources sur d’autres artistes. Je n’ai réuni ici que des monographies. J’ai essayé d’être complète, mais c’est difficile, donc n’hésitez pas à rajouter en commentaire les titres qui m’auraient échappé. (je les présente ici par ordre alphabétique d’artiste).

rosa bonheur buffalo billRosa Bonheur :rosa bonheur audacieuse

Rosa bonheur, l’audacieuse de Natacha Henry (Albin Michel Jeunesse, 2020), un roman pour ado à partir de 13 ans dont voilà le résumé : Rosa, 14 ans, veut vivre de sa passion : la peinture animalière. Le mariage ne rentre pas dans ses plans, d’autant que c’est pour Nathalie, la fille d’amis de son père, que son cœur bat. Mais dans le Paris du XIXe siècle, les femmes ne sont pas libres. Certaines formations, comme les Beaux-Arts, leur sont interdites. Certains lieux sont dangereux si elles s’y rendent seules. Quant à vivre libre? Ce serait le scandale assuré ! Malgré son jeune âge, Rosa compte bien imposer ses choix. Aidée de son père et de Nathalie, elle prend des cours de peinture et se rend au Louvre pour s’inspirer des plus célèbres tableaux de l’Histoire ! Rosa n’accepte aucun compromis. Entrer dans le monde de l’art, pour elle, c’est s’affranchir de la loi des hommes. 

 

Maman de Louise Bourgeois

Louise Bourgeois :

 Une berceuse en chiffon : la vie tissée de Louise Bourgeois d’Amy Novesky et Isabelle berceuse en chiffonArsenault (La Pastèque, 2016). « Tout comme l’araignée qui tisse sa toile et la répare, la mère de Louise était tisserande et réparait des tapisseries. Pendant son enfance, Louise a fait son apprentissage auprès d’elle, avant de devenir elle-même artiste tapissière. Louise a travaillé le tissu tout au long de sa carrière, et cet album biographique est une illustration de l’expérience qui lui a inspiré ses œuvres les plus célèbres, celle de l’enfant tissant aux côtés d’une mère aimante et attentionnée. Par son récit poétique et superbement nuancé, le livre déploie sous nos yeux la relation entre la mère et la fille, et jette un jour lumineux sur le tissage des souvenirs en chacun de nous. » Un très bel album, avec les illustrations magnifiques d’Isabelle Arsenault. 

louise bourgeois Kimane

Louise Bourgeois de Maria Isabel Sanchez Vegara et Helena Pérez Garcia, collection Petite & grande (Kimane, 2020). La collection Petite & Grande présente des bibliographies en album de femmes célèbres et inspirantes : artistes, scientifiques, militantes..

camille claudel sculptureCamille Claudel : 

Le cas de Camille Claudel est un peu à part. Plusieurs livres pour enfants lui sont consacrés, mais ils parlent beaucoup plus de son histoire d’amour avec Rodin que de son travail de sculptrice. C’est flagrant quand on compare les résumés des ouvrages qui leur sont consacrés. Pour Camille Claudel, on parle d’amour, de folie, on la présente comme une muse influente. Pour Rodin, on parle de génie, de talent, de travail. 

camille claudel

Heureusement, L’incroyable destin de Camille Claudel : la rage de sculpter de Bénédicte Solle-Bazaille et Daphné Collignon (Bayard Jeunesse, 2019) semble éviter ce biais. Déjà, la couverture la montre en train de travailler… C’est un petit roman biographique à partir de 8 ans, complété par quelques pages documentaires. 

On trouve également un numéro de la revue Dada (avril 2017) consacré à son travail. 

kusama oeuvreYayoi Kusama :yayoi kusama phaidon

Yayoi Kusama : l’artiste qui mettait des pois partout (et s’en fichait) de Fausto Gilberti (Phaidon, 2020). A partir de 4 ans. Comme à chaque fois chez Phaidon, le titre est également disponible en anglais

dora maar dadadora maar main coquillageDora Maar : 

La revue Dada consacre son numéro de juin 2019 à la photographe surréaliste. On n’évite pas complètement la caricature, avec un article intitulé « belle et rebelle », mais la revue met en avant son travail et ne se contente pas de la présenter comme la muse de Picasso. 

violettes berthe morisotberthe morisot tableauBerthe Morisot :

    Des violettes pour Berthe Morisot de Christine Flament (école des loisirs, 2011). Les livres de la collection Archimède regroupent une histoire et quelques pages documentaires. Ici, une petite fille livre des fleurs chez Berthe Morisot. Le livre est un peu vieillot mais c’est le seul titre sur cette artiste. A partir de 8 ans. 

    niki-de-saint-phalleNiki de Saint-Phalle :niki-saint-phalle-palette

    séraphine de senlis tableauSéraphine de Senlis :séraphine affiche film

    Je n’ai pas trouvé de livre jeunesse sur cette artiste, mais je voulais parler du film Séraphine de Martin Provost (2008), avec Yolande Moreau dans le rôle titre. C’est par ce film que j’ai découvert cette artiste. J’en garde cependant le souvenir d’un film assez dur, à réserver, donc, aux grands ados. 

    vigée le brunn tableauElisabeth Vigée Le Brun :

    Je n’ai pas trouvé de livre jeunesse sur cette artiste, mais je tenais à citer « la vie extraordinaire de la peintre Elisabeth Vigée Le Brun« , un épisode du podcast « les odyssées » de France inter, en coproduction avec le musée du Louvre. Laure Grandbesançon a un vrai talent pour rendre ses histoires vivantes et addictives, et tous les épisodes du podcast sont un vrai plaisir. A partir de 5-6 ans. 

      Voilà !

      J’ai tenté d’être exhaustive, mais bien sûr j’ai sans doute du rater quelques titres, n’hésitez pas à compléter en commentaire !

      Edit du 27 mai : je viens de tomber sur cet article de télérama avec six biographies de femmes artistes pour inspirer les enfants et les ados.

      Homosexualité dans les albums jeunesse, partie 2

      Comme je le disais à propos du fils des géants de Gael Aymon, plusieurs auteur·e·s utilisent l’univers bien connu des contes de fées pour mettre en scène des couples homosexuels. Ici, il n’est plus question d’homoparentalité, mais d’histoire d’amour naissantes, de rencontres. Un détournement du coup de foudre de la princesse et du prince charmant que l’on trouve si souvent (ça me fait penser que je n’ai toujours pas publié l’article sur le coup de foudre de la princesse et du prince charmant, pourtant il y a énormément à dire d’un point de vue féministe !).

      Commençons donc avec des princesses lesbiennes !

      Cela a commencé dès Camelia et Capucine d’Adela Turin et Nella Bosnia (Actes Sud Junior, 2000, épuisé), auteures de rose bombonne aux éditions des femmes en 1975.

      camélia et Capucine

      Je ne l’ai malheureusement pas trouvé, donc je ne peux vous en donner que le résumé de l’éditeur : « Camélia passe le plus clair de son temps chez Capucine, une amie qui lui apprend la musique, des recettes savoureuses ou l’art d’interpréter les rêves. Depuis sa plus tendre enfance, Camélia est promise à un prince, riche et beau. Quand il la demande en mariage, son arrogance déplaît à Camélia, qui se débarrasse de sa bague de fiançailles. Ses parents mettent le château sens dessus dessous pour la retrouver. En vain. Capucine prend alors un malin plaisir, en interprétant les rêves du roi, à bouleverser tout le château. Scandalisé, le prince prend la fuite. Au grand soulagement de Camélia et de Capucine qui, depuis, coulent ensemble des jours heureux. »

      Dans Cristelle et Crioline de Muriel Douru (KTM, 2011), la princesse Cristelle doit se marier. Mais elle n’est guère intéressée par le « crapaud charmant » ! Elle tombe amoureuse d’une petite grenouille, Crioline, et contrairement à ses craintes, son père le roi est ouvert d’esprit et les marie.

      Cristelle et Crioline

      Ce livre est publié par KTM, un éditeur spécialisé dans les romans lesbiens pour adulte et qui a publié seulement cet album pour la jeunesse. Si je trouve le texte sympa, je dois avouer que je trouve les illustrations sans intérêt.

      Dans la princesse qui n’aimait pas les princes d’Alice Brière-Haquet et Lionel Larchevêque (Actes Sud Junior, 2010), on retrouve la princesse comme on l’imagine : blonde, en robe rose… et bien sûr, elle doit se marier ! Alors son père, le roi, fait défiler tous les prétendants afin qu’elle se décide, les princes du monde entier, et même « des super héros aux capes belles comme des drapeaux, et quelques très savants sorciers bien calés sur leurs balais. Il y avait aussi : de géniaux scientifiques aux mille inventions fantastiques, et de grands champions du monde, de foot, de course ou d’aviron ». Mais aucun ne lui convient.

      princesse qui n'aimait pas les princes

      Il fait alors appel à une fée pour dénouer la situation et là… le coup de foudre : « En une seconde, elle comprit que c’était Elle. En deux secondes, elle montait derrière sa selle. En trois secondes, elles galopaient sous le grand ciel ».

      princesse qui n'aimait pas les princes 1

      Un livre que j’aime beaucoup ! Et signalons au passage que la fée est noire, ce qui est particulièrement rare, dans les albums jeunesse en général, déjà, et dans les albums sur ce sujet en particulier, à croire que les LGBT sont tous blancs (ou alors des animaux !). Et qu’il ne tait pas les difficultés auxquelles les couples de même sexe doivent faire face dans notre société (même si la question du mariage a évolué depuis la sortie du livre), puisqu’il s’achève ainsi : « Elles ne purent pas vraiment se marier, et pour faire des bébés, ce fut un peu plus compliqué… mais toutes les deux, elles vécurent heureuses. Et c’est ainsi que doit s’achever tout véritable conte de fées. »

      Heu-reux de Christian Voltz (Rouergue, 2016), reprend le même scénario, sauf que cette fois c’est le prince qui doit se choisir une épouse dans la foule de prétendantes que son père fait défiler devant lui. A tel point que j’ai eu une impression de quasi plagiat un peu désagréable à la première lecture. Mais en le relisant, et en le lisant à voix haute, j’ai aussi vu à quel point ce livre était un régal à lire et tout l’humour qu’on y trouve.

      heureux voltz

      Ici, le père s’affirme résolument moderne. Il veut que son fils soit « heureux ! ». Alors s’il doit renoncer à que son fils épouse une vache, il est suffisamment ouvert d’esprit pour que son fils épouse une chèvre. Ou une truie. Oh puis après tout, il peut épouser qui il veut. ça tombe bien, le prince est amoureux d’Hubert le Bélier !

      heureux voltz

      Les illustrations de Christian Voltz sont chouettes et pleines de détails et d’humour. Le détournement du défilé des prétendantes fonctionne très bien. Chlopitille en parle .

      Dans Titiritesse de Xerardo Quintia et Maurizio A. C. Quarello (OQO, 2008), la princesse Titiritesse fuit sa mère qui veut qu’elle se comporte « comme une princesse » et la préceptrice qui vient lui enseigner les bonnes manières. Avec l’aide de l’âne Buffalet, elle va délivrer Wendoline du monstre Avalesix Duncoup.

      titiritesse

      Au moment où elles se rencontrent, « une brise joueuse se souleva alors et leur fit des chatouillis dans la tête ».

      Un album vraiment original, autant par ses illustrations que par son histoire : si on retrouve de nombreux éléments détournés du conte de fée traditionnel, l’album nous entraine ensuite dans un voyage onirique très particulier, où les princesses découvriront un « mot pour rire », Trukulutru !

       

       

      Amour entre enfants

      Certains livres pour enfants se placent dans un univers beaucoup plus réaliste et racontent des histoires d’amour, comme peuvent les vivre les enfants. Avec des réactions d’adultes plus ou moins bienveillantes…

      J’avais déjà parlé ici de la BD Bichon de David Gilson (Glénat, 2013). Depuis, les volumes 2 et 3 sont sortis (en 2015 et 2017).

       

      Dans Philomène m’aime de Jean-Christophe Mazurie (P’tit Glénat, 2011), tous les garçons sont amoureux de Philomène.

      philomène m'aime

      Quand elle passe en vélo, tout s’arrête. Mais les garçons sur son chemin l’indifférent car elle est amoureuse de Lili.

       

      Jérôme par coeur de Thomas Scotto et Olivier Tallec a été publié chez Actes Sud en 2009 et est disponible actuellement dans leur collection « poche » encore une fois.

      jérome par coeur

      Et c’est un petit bijou.

      « Raphael aime Jérôme, je le dis. Très facile ». Raphael aime Jérôme parce qu’il lui tient toujours la main, très accroché, pour le 100% coton de son sourire et parce qu’il raconte des mensonges qui ressemblent à de vraies histoires. Le soir, il fait « des provisions de lui pour la nuit ». Et parfois il en rêve, même. Mais la façon dont il parle de Jérôme ne plait pas à ses parents. Alors forcément, Raphael s’interroge. Mais la force de ses sentiments est là.

      Le quotidien des enfants, la force de leur amour, la délicatesse des illustrations d’Olivier Tallec qui répond à celle des mots de Thomas Scotto… Ce livre est un gros coup de coeur.

       

      Deux garçons et un secret d’Andrée Poulin et Marie Lafrance (éditions de la Bagnole, 2016), qui nous vient du Québec mais est également distribué en France, nous présente aussi deux petits garçons qui s’aiment et les réactions de leurs parents.

      deux garçons et un secret

      Emile et Mathis sont les meilleurs amis du monde. Un jour, Emile trouve une bague dans le bac à sable du square. Et ça lui donne une idée : ils vont se marier ! Comme ça, quand ils seront grand, ils habiteront ensemble et Emile pourra emprunter à Mathis son camion de pompiers. Alors avec leurs amis, ils préparent un beau mariage.

      deux garçons et un secret mariage

      Mais quand Emile le raconte à ses parents, le soir, son père affirme qu' »un gars ne se marie pas avec un gars. Ça ne se fait pas » et lui interdit de garder la bague. Les parents de Mathis, eux, le soutiennent. « Lorsque la maman de Mathis le borde dans son lit, elle lui dit : Quand tu seras grand, si Emile et toi, vous vous aimez encore, vous pourrez vous marier pour de vrai. » Alors Emile et Mathis décident de rester mariés en secret. Parce que « des fois, les parents se trompent, comme les enfants ».

      L’illustratrice parle de son travail sur cet album ici.

       

      Dans Boum boum et autres petits (grands) bruits de la vie de Catherine Lafaye Latteux et Mam’zelle Roüge (Frimousse, 2011, épuisé, réédité par Pourpenser en 2018), on entend les bruits de la vie.

      Les bruits du coeur de Timothée qui pense à Fleur, et les « cling cling » que font les pièces quand ils vont au cinéma ensemble. Mais aussi le « snif snif » de José qui les voit, lui qui aime Timothée en secret.

      Mais il va rencontrer un autre garçon, et leur amour fera les mêmes bruits de coeur qui bat, de moments partagés et de joie. « et tant pis si un jour cet amour fait GRAND bruit autour de lui ».

      Enfin, un album que j’avais raté (mais il va falloir que je répare ça parce que vraiment il a l’air chouette), ça change tout ! de Cathy Ytak et Daniela Tieni (Atelier du poisson soluble, 2017).

      ça change tout

      Camille aime Baptiste. Alors Camille lui donne des poèmes sur des petits papiers. Et Baptiste lui répond avec des Bulles de savon.

      Je n’ai pas pu voir le livre en dehors des extraits sur le site de l’éditeur, aussi je vous cite un extrait de sa critique par Gabriel sur la mare aux mots en vous encourageant vivement à aller voir son article où il propose des livres jeunesses LGBTQ+ (notons ici que Gabriel m’a beaucoup aidé pour cette série d’articles, en me donnant des références, en me prêtant des livres, etc) : « L’autrice joue avec la surprise (nos visions hétérocentrées penseront d’abord que Camille est une fille). On est loin ici des clichés et, contrairement à la plupart des livres sur le sujet, rien n’arrive de négatif aux deux héros de l’histoire. À noter que ici, et c’est tellement exceptionnel qu’il faut le signaler, on parle de bisexualité car les héros ont aussi été amoureux de filles. »

       

      Voilà pour aujourd’hui, j’espère vous avoir donné envie avec tous ces chouettes albums. J’ai un troisième article en préparation pour compléter tout ça (en espérant le publier dans moins de 3 mois…) et parler de la banalisation de l’homoparentalité, de l’homophobie ou de la transidentité dans les albums jeunesse, et pour vous proposer quelques ressources supplémentaires.

      Identité masculine et adolescence

      Aujourd’hui, j’avais juste envie de partager avec vous une citation de Gael Aymon à propos de la construction de l’identité masculine, à l’occasion de la publication de son dernier roman chez Actes Sud Junior, Oublier Camille.

      « Le roman aborde la construction d’une identité masculine parmi tant d’autres, ni la mienne, ni une masculinité « universelle ». L’adolescence est l’âge où l’on apprend qu’il faut porter des masques, endosser un rôle, pour se conformer aux attentes de la société. Une des représentations imposées aux garçons est qu’un homme se construirait seul, instinctivement, sans mystère et sans faillir. Chaque homme un tant soit peu honnête sait pourtant intimement que cela est un mensonge. »

       

      Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur le roman que je n’ai pas (encore ?) lu, voilà le résumé de l’éditeur :

      « Yanis est sincèrement amoureux de Camille. Ils se sont rencontrés trois ans plus tôt. Pourtant, “être un mec” et “assurer” avec les filles, c’est plus facile à dire qu’à faire. Devenir un homme oui, mais quel homme ? Et est-ce que tous les hommes sont censés savoir instinctivement quoi faire ? Camille le trompe, lassée d’attendre qu’il fasse le premier pas, et lui avoue son dérapage dans une lettre. Yanis coupe brutalement les ponts avec elle, vacille, doute sur son identité. Il fait de nouvelles rencontres même si, une fois encore, il réalise que ce n’est jamais simple d’aller vers les autres… Auprès de son cousin Manu, apprenti comédien de passage à Paris, il trouve le réconfort et les conseils qui lui manquaient. Il découvre le théâtre, la prise de risques, le bonheur de jouer et de vivre les mots des autres. »

      Vous pouvez aussi retrouver  cet article de Maman Baobab, celui d’enfantipages, et de nombreux autres avis réunis ici par l’auteur. Gael Aymon s’intéresse à la remise en cause des stéréotypes dans les albums jeunesse et a publié plusieurs albums et contes chez Talents Hauts. J’aurai sans doute l’occasion d’en reparler !

      Les liens de la semaine (7 septembre 2014)

      Aujourd’hui, on commence avec un livre pour ados bourré de stéréotypes sexistes. Quelques mois après l’article de Mme Déjantée, le dico des filles (Fleurus) refait parler de lui sur des sites québécois, la gazette des femmes et la presse.

       

      Mais on poursuit heureusement avec plein de chouettes albums :

      Elise Gravel, auteure et illustratrice, propose gratuitement sur son site un album pour enfants numérique intitulé « tu peux » pour lutter contre les stéréotypes de genre. « vous y trouverez des filles qui pètent, des garçons sensibles, des filles drôles et des garçons qui prennent soin des plus petits. »

      tu peux elise gravel

      Un article de radio Canada présente le projet ici.

      A l’occasion de sa réédition le 24 septembre chez Actes Sud Junior, La Mare aux Mots parle du super Rose bonbon d’Adela Turin et Nella Bosnia, initialement publié aux éditions des femmes, dans la collection du côté des petites filles. On y trouve aussi un article sur le chevalier noir de Michaël Escoffier et Stephane Sénégas (Frimousse, 2014) qui va compléter ma liste présentant des princesses pas niaises. Vous pouvez en voir quelques extraits ici. Enfin, on y parle de Jérôme par Coeur de Thomas Scotto et Olivier Tallec album dans lequel Raphaël aime Jérôme, ce qui perturbe les adultes de son entourage qui cherchent à coller une étiqueter sur leur relation (amitié ? amour ?). On trouve également des articles sur ce livre dans Causette et dans le cabas de Za.

      Retrouvez  les liens au fil de la semaine sur la page facebook du blog et sur twitter ! Bonne lecture.

      Les liens de la semaine (27 juillet 2014)

      Un moment que je n’avais pas pris le temps de réunir des liens ici… Mais me revoilà avec de la lecture !

      – Sur le blog de l’institut Egaligone, une étudiante en psychologie raconte son stage en MJC « pour plus d’égalité via les albums jeunesse » et propose un livret intitulé « l’égalité filles/garçons et les albums jeunesse » :

      Ce livret sert donc à montrer ce qui est en jeu dans les albums jeunesse, comment certaines différences entre filles et garçons peuvent passer pour naturelles, alors que construites dans le livre et par la société, comment les personnages/histoires ne sont pas similaires selon le sexe du personnage. C’est donc une vision critique – sans être négative – des livres dédiés aux enfants et jeunes, afin que ceux-ci et celles-ci soient moins exposé.e.s aux stéréotypes ou à des contraintes en raison de leur sexe, mais justement qu’ils et elles puissent faire des choix de la manière la plus libre et autonome possible, de les éclairer sur les questions d’égalité.

      Elle propose également une analyse de plusieurs albums jeunesse, comme Suzanne est à la hauteur de Fred L. (Talents hauts, 2011), 65 millions de français de Stéphanie Duval & Sandra Laboucanie (Bayard, 2012), La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier (Bilboquet-Valbert, 2009)…

      – Un article de 2009 sur l’édition genrée, où on constate que les choses n’ont pas vraiment changé ces dernières années…

      livres filles:garçons

      (Quand même Gallimard s’y met…)

      – Un article des cahiers pédagogiques sur « C’est quoi être une fille ? C’est quoi être un garçon ? » de Stephane Clerget et Florence Lotthé-Glaser (Bayard, 2014). Rappelons que Stephane Clerget est également auteur de « Comment plaire aux filles » et « Comment plaire aux garçons » qui m’avaient fait dresser les cheveux sur la tête il y a quelques temps

      Et parmi les présentations et analyses de livres pour enfants, citons un article de la mare aux mots sur le chouette livre d’Alice Brière-Haquet et Lionel Larchevèque, la princesse qui n’aimait pas les princes (Actes Sud Junior, 2010) et un article de Delivrer des livres sur Riposte : comment répondre à la bêtise ordinaire de Jessie Magana et Alain Pilon (Actes Sud Junior, 2014).

      Les liens de la semaine (25 mai 2014)

      Cette semaine :

      Ca y est, l’émission « Ecoute, il y a un éléphant dans le jardin » du 14 mai peut être réécoutée en ligne. L’invitée est Jessie Magana, auteure entre autres de :

      • Comment parler de l’égalité filles-garçons aux enfants, de Jessie Magana, le Baron perché, pour adultes
      • Riposte ! comment répondre à la bêtise ordinaire, de Jessie Magana, illustré par Alain Pilon, Actes Sud junior, à partir de 9 ans
      • Les mots indispensables pour parler du sexisme, de Jessie Magana et Alexandre Messager, Syros, pour grands ados et adules

      Je n’ai pas encore eu le temps de l’écouter, mais je suis sûre que c’est passionnant, et j’ai justement prévu de vous parler très bientôt des documentaires pour ados de chez Syros.

       

      Un article d’une bibliothécaire sur la nécessité de proposer aux enfants des livres variés et des livres qui abordent entre autres les questions d’égalité des sexes (et sur le fait que ça se fait dans le cadre d’une politique d’acquisition réfléchie) : « Les documentaires comme les albums et les romans traitent parfois de sujets de société comme la famille, la parité, le sexisme ou encore l’homosexualité. Ce sont des thèmes qui intéressent les enfants au même titre que les volcans ou les dinosaures. Si le traitement de l’information est adapté dans le documentaire, si le roman et l’album présentent de vraies qualités littéraires alors le livre sera acheté. » 

      Un compte-rendu de lecture sur le livre de Catherine Monnot, Petites filles d’aujourd’hui, l’apprentissage de la féminité (Autrement, 2009), découvert grâce au blog de l’institut Egaligone.

      Un article du blog Des livres et des enfants à propos de l’album Votez Victorine de Claire Cantais (qui avait déjà illustré On n’est pas des poupées, mon premier manifeste féministe). Encore un album dont il faut que je vous parle !).

       

      Et retrouvez toujours les liens sur la page facebook du blog ! Bonne lecture.